samedi 25 février 2012

Life's what you make it... (Did Bouddha drink cola?!)

J'etais a l'ordinateur en train d'ecrire le precedent texte, quand le gerant du guest house ou j'etais a Varanasi m'a demande de chercher le numero de telephone de l'ambassade d'Allemagne a Delhi...J'ai ote les bouchons que j'avais enfonce dans mes oreilles pour mieux me concentrer, j'ai leve les yeux et j'ai enfin remarque qu'il y avait environ douze policiers dans la place... J'ai tout de suite compris:  il est mort?

Oui, la veille, un touriste de 40 ans etait tellement stone que les membres du personnel se sont inquietes pour lui. Ils nous ont demande de venir le voir, car il avait fait la fete la veille et pris toutes sortes de substances melangees pour ensuite tomber dans un sommeil narcotique, il respirait mais  impossible de le reveiller.Mes amis et moi n'etant pas infirmiers, nous etions bien incapables d'evaluer la gravite de son etat. On l'a laisse dormir... Pour qu'un employe le decouvre mort dans son lit, le lendemain matin. Le plus triste dans cette histoire, c'est qu'il etait avec deux amis, qui avaient quitte l'hotel sans lui. Mais on a aussi entendu dire qu'il etait toxicomane depuis son adolescence. Bref quelle facon de partir... Cela ne fait que renforcer mon aversion envers la drogue, et me donner envie de prendre soin de mon corps, de cette vie qui m'habite.

Varanasi fut une overdose de bien des facons: overdose toxique fatale pour cet homme, overdose pour tous les sens... La mort etait presente; voir des corps retourner en poussiere me rappelle ce qui m'attend.
Jamais je n'ai eu si peur en traversant la rue, et jamais je n'ai ete aussi submergee par les odeurs et les bruits.
Ca use, et cela explique pourquoi, malgre la beaute des ghats, cet endroit n'est pas un coup de coeur en ce qui me concerne. Peut-etre cette ville demande-t-elle plus de temps pour etre apprivoisee...Si on y demeure en ayant un but, comme par exemple faire du benevolat ou prendre des cours de musique, ca doit etre autre chose.

Je suis presentement a Bodhgaya, lieu sacre pour les bouddhistes, puisque c'est ici que Siddharta s'est eveille a sa vraie nature et s'est libere du cycle des reincarnations. Cet apres-midi, nous avons visite une grotte ou cet etre exceptionnel a medite pendant six  ans avant d'atteindre finalement l'eveil au pied de l'arbre de la bodhi, que j'irai voir demain. Ce fut une experience deroutante que la grotte, car malgre une enseigne nous exhortant a observer un silence respectueux, il y avait des femmes indiennes qui venaient faire des offrandes en jacassant comme dans un centre d'achat. Drole de vision: quelqu'un avait depose une bouteille de coca-cola juste devant la figure du bouddha, en cadeau bien sur...Quid?

Ce petit village charmant est rafraichissant: on y croise a tout moment des moines et des nonnes au crane rase, au sourire plein de bonhomie et aux habits colores. Il y a de nombreux temples de plusieurs pays. Au coucher du soleil, je suis allee faire zazen dans le magnifique temple japonais, cela m'a fait du bien. Encore une fois, le silence fut plusieurs fois abondamment perturbe par des touristes indiens, qui soit ne lisent pas les ecritaux ou alors s'en sacrent royalement!

C'est curieux:  ici, on respecte bien des choses, incluant d'obsoletes traditions alienantes, on venere les vaches, qui ont le droit de chier partout et d'obstruer le traffic, par contre on aplatit sans merci les femmes portant des enfants dans leur bras pour monter dans le train (de la vraie sauvagerie) et on fonce sans ralentir sur des pietons sans defense, au risque d'en tuer ou d'en estropier quelques-uns, au nom d'un machisme invetere double d'une stupidite crasse qui fait qu'un chauffard (qui se croit demi-dieu) prefere appuyer a fond sur le klaxon qu'effleurer la pedale de frein, on a son honneur hein? Zut, j'ai parfois des montees de lait, notamment sur la route, a voir tant d'imbecilite au kilometre carre! Je vais retourner mediter afin que cela ne finisse pas en cas de rage de passager de rickshaw!!!  Om, shanti om!

Vous ai-je parle de l'omnipresence des animaux? Vaches et leurs veaux, buffles aux cornes impressionnantes, chevres de tout poil, chiens galeux, dromadaires, elephants, anes, singes, chevaux...Vous en verrez passer de tres pres, ils sont a leur aise partout et vous aurez parfois a vous chamaillez avec eux, comme hier soir  ou j'ai du presser le pas et jeter une pierre  a un groupe de chiens errants qui en voulait a mes chapatis fumants... Hum, pas reposant!

Apres trois mois de voyage, je commence a avoir des fantasmes  inassouvissables, tels: des montagnes de legumes vapeur (sans beurre ni huile svp!), du the vert japonais, du chocolat 70%, des petits fruits des champs, du vrai bon tofu, des salades repas, de la biere de micro-brasserie, un verre de vin digne de ce nom, et dans un autre registre, un traitement d'ostheo pour mon dos en compote, et un massage de Francine!!!
Mais ce qui me manque le plus, c'est de serrer dans mes bras mes amis tres chers, puis aussi d'avoir du temps seule, sans  personne qui entre dans ma bulle, et du SILENCE. Du silence veloute, cremeux, epais et savoureux comme de la creme champetre sur des framboises fraiches.

mardi 21 février 2012

LIFE IS BORING IF IT'S NOT JUICY

(Ce titre est issu d'une authentique pub de jus de fruit!!!)

Varanasi est assez juteuse merci! Mais d'abord, retour a l'ordre chronologique...

Pour passer de Jaisalmer a Pushkar, j'ai du prendre deux autobus pour un total de pres de 12h de transport, et le depart a l'aube m'a laissee glacee jusqu'aux os. Les bus locaux, peu chers mais crottes et bringuebalants, sont un test pour ma patience. Lors du deuxieme trajet, ma voisine au demeurant fort charmante m'a obstinement rentre son coude dans la cage thoracique pendant trois heures, allaitant son bebe d'un an qui a tout fait sur moi: crache, tousse, morve, essuye ses doigts huileux sur mon pantalon, et meme... fait pipi sur le banc.A propos, il faut apprendre a decoder quand est-ce qu'on peut aller pisser, car evidemment le chauffeur n'annonce jamais rien d'avance. S'il coupe le moteur, c'est bon signe: on a environ deux-trois minutes top chrono pour: reperer les chiottes (souvent un simple muret de ciment a ciel ouvert, ou l'on se soulage a meme le sol de terre, sans eau ni egout, wow j'en connais qui flipperaient), se reculotter, attraper une bouteille d'eau au besoin et se precipiter a travers les gens qui se bousculent pour remonter a bord a temps, tandis que le chauffard redemarre sans attendre, pas de quartier! Car il y a deux sortes de conducteurs en Inde: ceux qui sont a moitie fous, et ceux qui le sont pour de bon. Je n'ai jamais autant parle a mes anges gardiens qu' ici, quand les males au volant (calamite qui reduit l'esperance de vie comme peau de chagrin et  croit mordicus detenir le monopole en matiere de priorite) foncent virilement vers ce qui semble etre une collision frontale certaine, le tout pour effectuer un depassement hautement risque et gagner trente secondes dans un trajet qui de toutes facons ne sera jamais rapide, routes deglinguees et circulation dense obligent...
Un circuit qui au Quebec prendrait une heure et demi en prend six en Inde, c'est une vitesse d'escargot.
Mais bon, c'est vrai que j'ai tout mon temps!

En voyage, parfois le temps se fige et coule paresseusement, ralenti, comme une riviere obstruee par des embacles, et d'autres fois il fuit comme un torrent de montagne impatient. A Pushkar, deuxieme coup de coeur, j'ai ressenti un grand calme descendre dans mes os, denouant mes nerfs et apaisant toute tension, me laissant dans un bienheureux etat quasi larvaire, a me chauffer au soleil et a lire, affalee sur des coussins, sirotant d'innombrables chai; chaque jour ressemblant comme un jumeau au precedant, mais sans ennui, bien au contraire! Quel delice... Alanguie, detendue, je me suis refait des forces et j'ai aussi vecu de bons moments de vie sociale, grace a Chloey, une Australienne super "smatte" rencontree a Jaisalmer et qui m'a fait connaitre le U turn guest house,  devenu mon chez moi pour une semaine, avec son "staff" jeune et souriant, sa bonne bouffe et sa vue incomparable sur le lac sacre.

Ma chambre, fort modeste ( mais a 3$ je n'oserais me plaindre!) est au rez-de-chaussee, et a l'aube j'entends les pelerins psalmodier et faire tinter des cloches, car ce lieu est a visiter au moins une fois dans la vie de chaque devot hindou. On le venere comme etant le lieu de la creation du monde, rien de moins! Ici repose un des quelques Brahma temple au monde, et la legende veut que le lac soit apparu lorsque le createur Brahma a laisse tomber du ciel une fleur de lotus bleue. Il y a 52 ghats pour se baigner (comment traduire ce mot? Ce sont des escaliers imposants qui descendent jusqu'a l'eau), et une importante buisiness de pujas s'y deroule. Ce sont des offrandes ritualisees, avec fleurs, encens, noix de coco, etc. Je m'y suis fait prendre, comme une debutante, et je me suis sentie un peu pas mal pressurisee pour faire un don (les brahmans reclament des gros sous aux touristes). Eh oui le bon karma s'achete avec des roupies, soupir!

La rue principale est bondee de boutiques de vetements hippie, (de bon et de mauvais gout) a des prix tres abordables. L'attraction principale, hormis le lac, est le temple de Saraswati, simple mais perche au sommet d'une colline qui donne une vue majestueuse, a redonner le souffle a un asthmatique! Deux fois, j'ai escalade les marches escarpees, au risque de me faire bousculer par un petit troupeau de chevres qui devalait en trombe, et j'ai du me battre au "souk a la corde" avec un gros singe male, qui a tente de me voler mon sac a dos pour s'emparer d'une orange! Que d'action, a chaque coin de rue je vous dis! Vu un jeune garcon qui jouait d'un instrument de musique evoquant le violon (semblable a un kamankche), et son frerot de deux ans, turban sur la tete, qui dansait en tournant, tout crasseux mais o combien heureux de vivre! Merci petit bonhomme pour ta bouille d'ange et ton rire inoubliable.

J'ai du prendre pres de cinq livres en une semaine, car en plus de mon inactivite vegetative, nous fumes invites a participer a un mariage qui s'est etale sur trois soirs, ainsi qu' a deux anniversaires d'enfants, donc on s'est fait gaver de nourriture aussi abondante que delicieuse. Nous avons bien danse, et ce fut hilarant, car les hommes sont tous assez "show off" et adorent se tremousser le pelvis en faisant du lip synch: ils connaissent toutes les choregraphies des videoclips et s'y mettent a plusieurs pour donner un chaud spectacle! La bonne humeur regne, on ne se prend pas au serieux ici, c'est un esprit joueur et bon enfant qui  anime tout ce beau monde... Les femmes sont plus discretes mais certaines ont tout de meme droit a leur cinq minutes de gloire quand elles se lancent dans une danse mi elegante, mi lascive, ondulant des hanches avec art.

 Nous avons participe au fameux defile des maries en dansant avec les musiciens (quel cacophonie, deux-trois rythmes differents pour une seule fanfare!), et lance une pluie de petales de fleurs sur les epoux du haut d'un balcon, j'etais excitee comme une petite fille a Noel! A un moment, une vache apeuree par un gros petard a fonce sur la foule pour s'enfuir (ca prend des bons reflexes!) Au son des tambours, les gens dansaient comme des dechaines, souleves par une liesse passionnee, le sourire fendu jusqu'aux oreilles, hurlant et riant, animes d' une energie brute, primitive. J'ai adore mon experience, meme si j'ai encore pris froid le soir ou j'ai revetu mon sari (pas evident par ailleurs de danser sur de la musique techno avec ca!).

J'ai fait deux massages payants (des pinottes mais bon c'etait pour des amis) et un des gerants du guest house m'a dit que si je restais, il me trouverait des clients moyennant une commission. J'ai decline mais si je manque d'argent je pourrai me debrouiller sans doute. Ca m'a donne mal au dos de masser sur un lit, ce n'est pas l'ideal mais ca permet de ne pas perdre la main!

Vu un concert intime de musique soufie (Quawal) que j'adoooore: harmonium, chant intense qui eleve l'ame et percussions. (Rajastan Josh et Divana group, de Jaisalmer, venus jouer dans notre hotel!) J'etais si touchee que j'ai verse des larmes, et j'etais gonflee a bloc apres, impossible d'aller dormir.

Le 14, jour de la St-Valentin, je quitte en bus pour Bundi, trajet de 160km qui dure plus de six heures.
A l'arret pipi, j'ai vu les chiottes les plus puantes de ma vie, avec des cochons qui nous passent entre les jambes pour grignoter de fetides ordures, miam! Mes regles commencent, j'ai un torticolis de la muerte,tout le dos en marmelade, je me tape une rechute de sinusite, puis bientot une nouvelle indigestion et tout ce qui s'ensuit...merde alors! Bref mon arrivee a Bundi n'est pas glorieuse. Je me sens seule et deprimee, exasperee par les mecs qui veulent me marier et me faire un bebe apres m'avoir parle dix minutes!!! Lu: Holy Cow, bouquin hilarant relatant l'histoire d'une Australienne venue vivre en Inde deux ans, cela m'a reconfortee en quelque sorte...

Ce n'est pas tout, j'ai une question qui resonne en moi: puis-je m'abandonner a aimer sans peur?
LIFE IS ABOUT LIVING... IT IS THE CELEBRATION OF A MYSTERIOUS GIFT,
and the most religious thing we can do is enjoy it. To laugh joyfully and with gratitude is
the same  as giving thanks and praise through prayer.       -Joyce Carey                  

A Bundi, c'est charmant mais je sens que j'en ai assez de deux nuits, j'ai vite fait le tour et visite le palais en ruine, le fort, et vu le lac, ca me suffit. Redepart, en bus de nuit vers Khajuraho.C'est pas simple, il faudra que je change d'autobus trois fois, encore un seize heures de deplacement. Sourire du destin, je recroise France, une montrealaise d'abord vue a Jaisalmer, et nous partageons une chambre et placotons dans une bonne entente simple et sans chichis! C'est agreable. L'hotel ressemble a un monastere (en moins propre, heurk), c'est calme mais il y a un couvre-feu ridicule (il faut etre rentrees avant 22h car le vieux monsieur ferme la grille a cle pour la nuit!) .

C'est une petite ville tranquille, entouree de campagne verdoyante. Nous visitons la vielle ville et sommes assaillis d'enfants qui mendient, c'est vraiment trop... Khajuraho est reputee pour ses 25 temples epoustouflants, datant du dixieme siecle, tres bien conserves et faisant partie du patrimoine mondial.  Bijoux d'architecture et regal pour les yeux, ces oeuvres d'art rassemblent le sacre et le terrestre, car sur les parois exterieures on retrouve des scenes de la vie courante (pretres, guerriers, epoux, musiciens, animaux) mais aussi de nombreuses representations erotiques. Les sursundaris ou apsaras, beautes celestes, sont des nymphes gracieuses et voluptueuses qui entourent les couples enlaces dans des etreintes parfois acrobatiques, torrides et tres explicites. Pourquoi des scenes de sexe sur des lieux de culte? Plusieurs hypotheses existent a ce sujet, selon les differents historiens. L'une est de faire office de catharsis, pour debarrasser les devots de leurs pensees impures avant d'aller au temple (procede dont l'efficacite me parait douteuse), une autre est que l'acte d'union charnelle symbolise l'union de l'ame humaine avec le divin. Un des temples, dedie a Shiva, abrite un lingam de dix pieds de haut, forme cylindrique evoquant le phallus, rappelant la force creatrice originelle qui a faconne l'univers. Cette abondance visuelle m'a plongee dans un silence invitant la meditation  et quand je vais me retrouver seule j'ai envie de faire un jeune et une mini-retraite personnelle de contemplation. Oui, j'ai un regain d'envie de purification, de centration, faire le vide un brin...J'aspire toujours a la serenite, meme si elle m'echappe plus souvent qu'autrement.

La derniere journee, nous allons au bord d'une riviere, en passant par de petits villages ruraux, tres pittoresques. Je nage une heure dans l'eau fraiche et me sens revivre: besoin de retrouver un peu de mouvement, prendre soin de mon corps. Pas fait assez de sport depuis trois mois-besoin d'endorphines!

Puis, encore un train de nuit, pour aller a Varanasi (Benares), ou nous arrivons pile poil le jour de Shivaratri, fete importante celebree en fevrier et mars a la lune noire; temps de reflexion et de priere, ou l'obscurite de la nuit devient la metaphore des opposes: tout comme la nuit suit le jour, la mort suit la vie... Donc pour l'occasion, il y a des centaines, non des milliers de pelerins qui viennent faire la file pendant des heures sous le soleil cuisant pour avoir la chance de poser leurs offrandes au pieds de Shiva, c'est quelque chose a voir!

Le soir, il y aura un defile exhuberant a souhait, avec des enfants deguises en divinites colorees, des musiciens, des jeunes gens en delire qui nous barbouillent le front de rouge et nous donnent des poignees de sucre beni...L'appareil photo de France clique sans arret!Ce soir-la, bien des gens boivent des "bang lassi", des laits frappes avec de l'herbe (dope) dedans, tres peu pour moi! On ne rentrera pas tard, pour eviter les problemes, et a l'hotel on rencontre trois montrealais avec qui on fraternise autour d'une biere,  dont une jeune fille qui connait la meilleure amie de France, it's a small world!

Je n'arrive pas a trouver les mots justes pour decrire la sensation d'arriver ici, dans cette ville grouillante, malodorante (bonjour remugles de pisse fermentee, de monoxyde  et d'egouts!), sainte, crade, folle, captivante, unique; l'une des plus anciennes cites (continuellement habitee) au monde. Des les premieres heures a arpenter les ghats, on tombe sur le site de cremation, on voit des corps recouverts d'un simple drap blanc se faire installer sur des buchers et s'enflammer...Jusqu'a quinze ou vingt cadavres sont incineres en meme temps, a ciel ouvert, au bord du Gange, le meilleur lieu selon les hindous pour cesser enfin le cycle des incarnations. Les fumees acres me donnent la nausee au bout d'un moment. Les chiens, les vaches et les chevres se promenent librement sur le site, grignotant de-ci de-la des guirlandes de fleurs et autres machins non identifies, et les employes, qui travaillent sans relache 24h sur 24h, repoussent dans le feu un pied tombe a cote, replacant le corps calcine d'un coup de baton peu delicat, c'est pour le moins particulier... Je me sens tout de meme privilegiee d'etre la, c'est un des endroits que je tenais a voir absolument. Sauf exception, les gens ne sont pas tristes, c'est une liberation pour leurs proches. On peut voir, a meme les marches, les fils endeuilles se faire raser le crane en signe de deuil.

Il y a une abondance de sadhus (vrais ou faux), saints hommes nus enduits de cendres ou vetus d'orange, assis et attendant le bon vouloir des croyants pour se nourrir et/ ou macher leur pan (mixture repugnante de tabac et de parfum, que les hommes recrachent en jets rougeatres qui abiment les dents). Hier, nous avons du marcher quinze kilometres et j'ai eu la surprise de retrouver la petillante Loutte rencontree a Hampi, Youppi!
Nouveau clin d'oeil du sort, elle creche au meme hotel que nous!!! Hier donc, alles souper en bande, Quebecois, Francais, Japonais et Polonais melanges, (delicieuse pizza mais mechante perte de temps pour negocier nos rickshaw) et dormi seulement quatre heures pour aller au bord de l'eau avant le lever du soleil, trouver un bateau a rames (que de marchandage, mamma mia c'est epuisant a la longue). J'ai eu la mauvaise surprise de marcher jusqu'a la cheville dans l'eau du Gange (dans le fond du bateau, entre deux planches disjointes), ce qui devrait purifier mon pied de tous ses peches mais du meme coup l'ex[pose a une soupe d'un million cinq cent mille bacteries au centimetre cube...Je ne m'en fais pas trop, il y a des gens qui se brossent les dents avec cette eau, (ils ont plus de foi que moi), mais j'ai quand meme lave mon pied au savon et a l'acool en revenant a ma chambre!!! Ah oui: vu aussi un spectacle de theatre costume tres comique, hier soir, incarnant Krisnha pourfendant des mechants,  c'etait du grand kitsch, quasi psychedelique!!! Savoureux mais a prendre a petites doses, comme un dessert trop sucre!

Qu'ajouter?

"The ultimate answers cannot be given, they can only be received." -Tom Robbins (excellent romancier!)

Merci de me lire les potes, ca me fait plaisir. A la prochaine chronique!!!


                                                                             


dimanche 5 février 2012

LIFE IS A TRAIN

"Welcome to your future"...Voila ce que m'a lance un vieil homme emeche pour me souhaiter la bienvenue
  en Inde, pays ou tout est possible mais ou rien n'est certain!

Hampi fut un coup de coeur, et j'ai senti un petit arrachement en le quittant. D'autant plus que je suis devenue amie avec deux Francaises, adorables et inseparables, Loutte et Steffie, la premiere est marseillaise et me stupefiait avec ses expressions tres colorees (il est devisse de la carafe!). Lou, jeune femme intense au grand coeur, magnifique avec sa tchatche, ses tatouages et ses rastas, a vecu des annees dans un camion, et la elle envisage un nouveau chapitre de sa vie de boheme en Asie. Il y avait Yannis,"Boom Shiva", un grec tres fier de lui, amateur de techno qui fumait des shiloms gros comme des tuyaux de plomberie, et qui connait Quebec car un de ses oncles y possede un resto (la Taverna, ou je suis deja allee manger... oui le monde est petit!)  Il y avait un couple tres retour a la terre, qui vit en montagne: Val, chanteuse punk et tondeuse de moutons, Thomas (sosie de mon ami Francois Gandalf!) bricoleur et a deja garde des chevres. Il y avait une flopee d'Israeliens, sympathiques et fort portes sur le party, et plusieurs Francais.  Parmi le personnel des restos, de nombreux Nepalais, charmants par leur calme souriant. Il parait que bientot, Hampi Bazar va etre rase; les commerces vont disparaitre de cet endroit sacre, et donc tous les services seront concentres sur l'autre rive, a Virupappur,(la ou je dormais, et il faut prendre un bateau pour traverser).L'ambiance risque donc de devenir moins "Shanti shanti" relaxe, plus achalandee...Je suis allee au bon moment. C'est surement une bonne decision a long terme pour proteger le site.i

Le 21 janvier, j'ai ete temoin d'un phenomene inexplicable. J'etais avec des amis, il etait 11h30 du soir, et croyez-moi j'etais totalement sobre! Un jeune homme s'exclame: look, firestar! Tom et moi levons les yeux au ciel pour apercevoir une lumiere rouge orangee, semblable a une etoile mais plus proche, plus volumineuse, avec en son centre un point mouvant rappelant une flamme, et cela se deplace lentement mais a un rythme egal et en ligne droite impeccable. Ce n'est ni  une etoile filante ni un meteorite, ni un avion ni un satellite.??? Tom veut le photographier mais le jeune le retient en disant: no, no, its is saint! pour lui c'est un phenomene religieux. Nous avons vu passer trois de ces objets, que Tom est certain de pouvoir relier a une presence extra-terrestre. Moi je ne peux tirer aucune conclusion, je dis que c'est un mystere. Au debut je croyais  a un objet fabrique de main d'homme mais... improbable. L'Indien nous a dit que c'est la troisieme fois qu'il en voit, mais d'habitude cela passe tres vite et isolement, pas en groupe. Bref, X files...(Musique de suspense, svp!)
Pour confirmer qu'Hampi est un lieu charge de magie, il y avait pas mieux!

J'ai vecu un moment d'intense gratitude... et de chance! En allant a la gare, j'oublie mon petit sac a dos dans le rickshaw, contenant: passeport, argent, cartes de guichet, appareil photo, I-pod, bref  LE sac a ne pas perdre!
Il est revenu 10 minutes apres me le rapporter, et je peux dire que j'etais  heureuse qu'il existe des gens si honnetes sur cette terre! Merci merci merci et ca m'apprendra a faire attention! Je crois que mes anges gardiens (humains et celestes) sont efficaces!

Je me tape un 48h de train pour aller jusqu'a Jodhpur, j'ai encore la chance d'etre entouree par une famille charmante, qui me fait la conversation et me nourrit jusqu'a l'exces! Les deux jeunes femmes, 18 et 20 ans, me dessinent les mains au henne, le temps passe agreablement. Le petit garcon de 13 ans dit qu'il reve de marier une foreigner, on rigole bien avec ca! Il y a le pere, qui parle anglais, la mere qui ne parle qu'hindi, et la tante qui me taquine et me gave de sucreries. Du super bon monde, d'ailleurs ils etaient tristes de me quitter et m'ont invitee a aller leur rendre visite.

Dans ce voyage, j'ai eu la surprise de voir circuler des mendiants, des vendeurs de fruits frais avec leur balance a l'ancienne et leur pesee,  plein de musiciens; j'ai meme danse, un matin a mon reveil, et il s'est forme un petit attroupement, plusieurs indiens voulaient filmer  la scene, on a bien ri! J'ai aussi vu le train, a l'arret pour une pause, repartir sans prevenir, (sans coup de sifflet), resultat il a fallu courir pour monter dans le wagon en mouvement, petite pagaille, legere frousse! Le soir, les gens sortaient leur vaisselle, coupaient des legumes et ca melangeait des epices, allez hop on fait comme chez nous! C'etait meilleur que bien des restos. Le voyage en train reste la quintessence de la convivialite, j'ai eu de belles experiences jusqu'a present.

En passant,les hommes se coupent la barbe et se rasent les cheveux lorsque leur pere meurt, je le sais car j'en ai rencontre deux! Et un autre avait perdu son bebe d'une pneumonie. Je sens qu'ils font face a la mort avec plus de serenite que nous. Un homme qui parlait bien anglais m'expliquait que l'amour vient en prenant soin de l'autre, c'est pourquoi il est heureux de son mariage arrange. L'amour vient avec le temps passe ensemble, le partage, et ledon sans attentes. Il avait une belle philosophie de vie, simple et profonde.J'etais a bord de ce meme train lorsque j'ai appris que Sham, le meilleur ami d'Arun, est entre dans le coma apres un accident de moto...Triste nouvelle, ce jeune homme est decede des suites de sa blessure a la tete dans la nuit du 29 janvier. Arun etait devaste, il me disait en pleurant au telephone: I lost my backbone! Je lui ai promis de revenir le voir, et il m'adit prend ton temps, reviens quand tu veux...Ce que je sens par rapport a la mort d'un ami, c'est que l'amour est vivant, il est synonyme de VIE , l'etre aime demeure en nous et le lien est eternel, malgre le changement de forme...Perdre un etre cher est triste mais le pire serait de ne jamais l'avoir rencontre! (Voila: en mars, c'est sur que je retourne a Kovalam)

A Jodhpur,dans le Rajastan, je prends avec volupte une douche froide, et cette ville assez grouillante, par sa "vibe" me rappelle instinctivement Istanbul, un petit je ne sais quoi de commun entre les deux. D'ailleurs, je serai reveillee a l;aube par le chant d'un muezzin! C'est beau et frais le soir. Un fort surplombe la ville L'inde me brasse et me suprend chaque jour, en bien ou en mal, c;est un lieu d'intensite, sans demi-mesure!Un rickshaw me demande 150Rpour une course de 30R, je grince des dents, par contre 5 minutes apres un gentleman qui parle francais me rend service de facon desinteressee, c'est comme cela sans arret. Parfois on veut se fendre en quatre pour moi, l'invitee d'honneur, a tel point que c'en est genant, et parfois je me sens comme une proie offerte a  des magouilleurs sans scrupules. Va savoir a quoi t'attendre!

Je me lie avec Mukesh, un artiste qui tient une galerie independante avec ses freres, et il m'invite a rester chez eux, avec sa mere, sa femme et ses enfants. Au debut je refuse, puis apres deux jours j'accepte.Il m'amene un peu partout et me presente a ses amis, a sa soeur qui a un "beauty parlor" et fait des massages, a sa parente de pres ou de loin, et je vis de magnifiques moments de rire et complicite avec une bande d'ados, nous dansons et chantons avec bonne humeur. Mukesh me convainc de me faire fabriquer un sari, c'est une depense un peu folle mais le resultat est satisfaisant, et ainsi vetue je peux assister a un mariage, c'est sympathique. Mon ami est decu que ce soit la mode des DJ, il aurait prefere un orchestre pour pouvoir chanter au micro! Une journee, ce fut la folie dans le quartier: mariage collectif de 70 couples!!! Defile incessant de musiciens, d'hommes a cheval, de femmes magnifiquement parees, de petards, de feux d'artifice. A Jodhpur je dois faire face a un probleme intestinal, qui me fatigue et m'enleve de mon energie. Pour eviter les ennuis, a l'avenir jedois bannir deux choses: les omelettes (deux indigestions) et la viande...Et l'exces de chili aussi, malgre que j'en apprecie le gout.

Le 30 janvier, j'arrive a Jaisalmer, pres de la frontiere du Pakistan. C'est une ville magnifique dont le fort remonte au douzieme siecle. J'ai une chambre a un prix ridicule (2$!) parce que les gerants veulent vendre leur safari a dos de dromadaire, j'embarque mais helas je serai decue! Le desert est plutot comme une savane, paysage plat et sec parseme d'arbustes, avec des poches de dunes qui font figure de carre de sable compare au Sahara! De plus, on n'est jamais tres loin de la civilisation, on voit au loin des tracteurs, des routes, des fils electriques... Pour l'aventure, on repassera! Drole: il y avait deux Francais dont l'un, grande gueule et  un peu tete brulee, me faisait penser a Bruno Blanchet: il reclamait sans cesse des bananes et criait a notre guide, avec son accent a couper au couteau: "Were is Ze desert?!" On dort a la belle etoile, frisquet puisque la nuit il fait entre 5 et 10 degres, (j'ai re-chope le rhume) et on mange frugalement ( festival des chapatis  et des patates!).En plus, autre deception, personne ne fait de musique! Bof, je n'ai pas complete le circuit, j'avais le dos en compote et j'etais ennuyee!

Aujourd'hui, premier jour du festival du desert, j'ai vu un defile des dizaines de dromadaires pares pour les grands jours, et des competitions de turban (comment enrouler 82 metres de tissu sur sa tete en moins de deux minutes, absolument hilarant de voir les touristes s'y essayer!), un concours de la plus belle moustache, un de miss desert et un de monsieur desert...Wow! Ce n'est pas mon genre, le type barbu et bedonnant mais ils avaient une certaine allure avec leurs sabres et leurs habits traditionnels! C'est un brin carnavalesque tout cela...Les vetements indiquent clairement la religion, le statut social ainsi que la situation economique d'une personne.
Bientot en route pour Pushkar! Bon, etes-vous contents, la??? Une autre tranche de vie une autre fois, les poussinots!