mercredi 25 avril 2012

Des garcons et des hommes

L'Inde est un pays d'hommes. Ce sont eux qui ont le plus de liberte.  Ils sont partout: plusieurs sont charmants et la plupart sont respectueux  mais helas certains sont mal eduques et  se croient tout permis. J'aurais pu intituler ce chapitre La Detresse et l'Enchantement mais laissons a Gabrielle ce qui lui appartient...

Episode d'exhibitionniste deuxieme partie: je suis sur la plage tot le matin, j'enchaine quelques salutations au soleil quand soudain je constate qu'un zigoto s'astique tranquillement le manche en me "zieutant". Ah non. Non, non et non, il n'est pas question que je laisse passer cela. (Je souligne que j'ai pris la peine de couvrir mon bikini avec un t-shirt et un pareo.) Je reagis au quart de tour en lui criant: Hey! What is this??? Stop it, go away! Le mec se remballe le machin mais reste placidement assis sur son derriere,  il comprend mais feint la sourde oreille (c'est peut-etre vrai apres tout que l'exces d'onanisme rend sourd?). Je l'engueule sans gene: goonda, mardechoord, you sister fucker! Il repond: calm down... -I won't calm down cause you don't respect me, what kind of attitude is this? Un quidam qui faisait du sport pas loin s'approche pour savoir s'il peut m'aider. J'explique   et l'hurluberlu me repond: you don't enjoy?!  A ce moment je redouble de fureur, je hurle desormais devant tant de betise: I AM NOT A PORN STAR, OK?! Je demande au costaud de dire au moustachu de degager, ils se parlent et le gros beta reste bien visse sur place, stupefait, stupide et frappe de stupeur. Je dois cracher du venin, si ce n'est du feu: -c'est degoutant, vous aimeriez ca qu'on fasse pareil a votre mere, soeur, cousine, etc?
Il repond non et reste assis. Je lui fais un geste tres peu zen avec mon majeur puis je cours raconter ma mesaventure au lifeguard le plus pres. Il me repond: oh ca doit etre un malade ou un fumeur de drogue...et il reste assis, tandis que l'autre rustaud s'eclipse en toute tranquillite. Je suis au bord des larmes, non parce que j'ai eu peur, mais de frustration et d'impuissance. Je suis allee plus tard voir la police de la plage (ils arrivent tard); on a note mon nom  et la description de l'individu (cheveux bruns, yeux  bruns, 45 ans, grassouillet et moustachu, avec des vetements banals, bref un male comme il y en a des milliers  ici!) en me disant que "des actions seraient prises"...ah, ah, quelle bonne blague! Je suis supposee faire quoi? J'aurais du le cogner peut-etre au lieu de discuter?  Allez gringo, que dieu te blesse... mais c'est pas  beau la vengeance!

Grr...Decidee a ne pas me laisser gacher ma journee, je me force a respirer profondement, en me repetant que je m'aime, je m'estime, je me respecte (prend-le pas personnel, ma belle). Ce qui me derange le plus c'est qu'un individu m'utilise pour satisfaire ses pulsions et que je ne puisse rien faire. Les deux fois que c'est arrive, je me suis tourne vers une tierce personne et je n'ai recu aucun soutien. Arrivee a ma chambre je pique une petite crise de larmes et heureusement, je suis accueillie a coeur ouvert par mon ami , qui me fait un gros calin et me parle avec empathie. (L'enchantement, c'est lui!) Nous partons le jour meme en train pour un voyage de deux semaines dans le Tamil Nadu et chaque jour sera empreint de douce complicite.

Le 11 avril  nous voila a Ooty, charmante station de montagne ou il y a beaucoup de touristes indiens. Les hotels sont plus chers mais c'est agreable d'avoir du temps  frais.  Il y a un lac, nous y faisons du pedalo, puis visitons une maison hantee et rigolons dans un mini train jouet. Nous marchons, ecoutons un film sur l'ordi, allons au resto. Bref encore la belle vie qui continue! Visite un jardin de roses puis un autre avec toutes sortes d'especes d'arbres et de plantes; j'ai pense a Mimi, qui aurait adore. Vu des feux d'artifices et entendu les tambours d'une fete quelconque, beaucoup dormi et flane. Il y eut une journee ou j'ai du combattre un virus: membes endoloris, faiblesse, mal de tete, pas d'energie. A. a pris soin de moi aux petits oignons. Nous avons trouve un nouvel endroit ou marcher et vu un grand singe noir. J'ai goute et apprecie une collation typique: mangue verte acidulee saupoudree de sel et chili, de quoi saliver abondamment! (On devient accro).

Le 15 avril, alles a Coonoor, vu un autre parc magnifique et reposant, pris un rickshaw pour acceder a quelques points de vue sur les environs. Nous nous sommes delectes d' un repas haut de gamme dans un resto: savoureux biriyani a l'agneau et legumes debordants de saveurs: clou de girofle, piment, cannelle, etc. Le 16, visite Kotagiri, un des villages des collines Nilgiri, tres typique avec ses plantations de the en etages. Marche sur une route tranquille une bonne heure au gros soleil, puis eu la chance d'avoir un lift gratuit et inopine pour le retour. On doit passer par  Coiombatore, qui est super chaude et surpeuplee; on dort de peine et de misere, chaleur infernale et hotels climatises super chers...Ouf, adios! Prenons un enieme bus pour Kodaikanal, 6h de route sur des bancs durs dont 2h dans les tournants en epingles qui montent vers cette superbe station a 1800m d'altitude. Vu des eoliennes et des panneaux: priorite aux elephants! Un graffiti: Save Tibet, qui m'a fait penser a Francois.C'est la haute saison, donc hotels pleins et chers. Le premier qu'on essaie, supposement "deluxe room", n'a pas d'eau dans la salle de bain! On cherche et trouve un endroit accessible, avec de l'eau chaude une journee sur deux et une tele, au bonheur de mon cher A. (J'ai ecoute plus de television en 15 jours que dans les 15 dernieres annees! ) Vu un defile de jeunes hommes avec des tambours et femmes richement parees portant des offrandes sur leur tete.

Nous sommes restes colles la une semaine, benediction du climat de montagne qui permet d'etre un peu actif.  Nous avons loue des velos (une journee, aussi essaye un tandem!) pour visiter les environs. Il y a un lac dont le tour fait 4km. Beaucoup marche et paresse, un heureux melange pour des vacances reussies! Une nuit j'ai fait une severe indigestion  (ou une gastro); le jour suivant j'etais faible et je suis allee a l'hopital pour me faire tester, je craignais d'avoir chope le giardias ou autre bacterie malcommode, mais non je n'avais rien. Youppi! (La consultation m'a coute en tout trois dollars cinquante!)

Hier nous avons passe une nuit a Madurai, sous une averse torrentielle nous avons visite le temple Minakshi et avons du nous relever a 2h30 dans la nuit pour prendre le train pour Trivandrum, ou nous avons abouti ce midi. Je pars dans trois jours pour le Vietnam, et la joie de revoir ma grande amie Anne m'aide a vivre plus sereinement ce dechirement de quitter un pays ainsi qu' un ami avec un grand A, que je reverrai tous deux a l'ete....si Dieu le veut! J'ai en effet le projet de revenir en juillet pour visiter le nord, notamment le Cashemire. A SUIVRE!


dimanche 8 avril 2012

People are people

J'ai un probleme de mise en page, on dirait? Le texte que je vois en brouillon est bien aligne et celui qui est publie est vraiment n'importe comment, donc je m'en excuse aupres de vous lecteurs, soyez indulgents...

J'ai vu deux anecdotes etonnantes dans le journal (je me retiens vous savez, je ne le lis pas chaque jour!):
Une adolescente s'est vu refuser le droit de passer ses examens de fin d'annee (ecole catholique) pour avoir mis une photo d'elle en bikini sur Facebook. Un pere, irrite des mauvaises notes de sa fille, l'a obligee a mendier dans la rue pour lui apprendre la vie(!), resultat: elle a ete confiee a l'equivalent de la DPJ et le paternel, qui risque la prison, ne veut plus revoir sa fille car, dit-il,  "elle a sali ma reputation"! Ok il s'en passe des vertes et des pas mures partout dans le monde, mais ces deux cas ont une saveur locale, ca ne pourrait pas se passer a Montreal, mettons!

De retour a Kovalam, dans le Kerala,  point de depart de mon tour de l'Inde et ca fait du bien! Malgre la chaleur, c'est presque une cure de repos. Journee typique: je dors copieusement, (hotel situe dans une zone pietonne, je suis bercee par les criquets et les chants d'oiseau, alleluia!) puis au reveil je vais marcher sur la plage, je fais quelques etirements, un brin de jogging puis je me lance a l'eau, je patauge dans les vagues une heure et je vais ensuite dejeuner. Croyez-le ou non, meme en pleine natation il y a des mecs qui viennent me voir et : Hello! Where are you from? (hey, les petits jeunes de 20 ans, calmez-vous!) Quand le soleil est au zenith, pas quesion de m'y exposer, je me refugie dans un livre ou a l'internet. Je bavarde avec mon ami Unni, qui gere l'hotel, ou avec mes voisins, Sasha et Masha, des crudivores qui trippent yoga...Il y a vraiment une legion de touristes  russes ici et non ils ne sont pas tous alcooliques! Ils ont un accent tres caracteristique qui peut etre charmant. Ensuite, en milieu d'apres-midi, j'ai rendez-vous avec Lalou pour un energique massage, d'ou je sors collante d'huile de coco et aussi odorante qu'une friandise. Parfois j'ai la chance d'avoir aussi le "steambath", c'est une boite en bois, toute simple, avec un presto qui fait de la vapeur; on sue du corps mais on a la tete en-dehors, ce qui rend la chaleur plus supportable que dans un sauna normal et ca detoxifie mes amis! J'ai la peau super douce apres une semaine de ce traitement. En fin d'apres-midi, je retourne nager, je m'amuse jusqu'a ce que le soleil se couche puis je prends une douche et me mets a penser a choisir un resto...Dure vie n'est-ce pas?

Pendant trois jours il y a eu un festival, consacre aux deesses. Musique et  prieres dans des hauts-parleurs (parfois agreable, parfois suant quand le niveau sonore est exagere et que la meme toune joue quinze fois de suite, OM NAMA SHIVAYA!), une procession (que j'ai manquee helas car j'etais sur skype) mais j'ai eu la chance d'assister a une ceremonie assez impressionnante. Un homme, dont j'ignore le titre exact mais qui etait l'officiant (ou le clou de la soiree) etait  torse nu, pare d'un monstrueux collier qui devait peser une demi-tonne et coiffe d'un enorme panneau  representant le visage de la deesse, cet homme plus tout jeune et bedonnant a gagne toute mon  admiration pour son incroyable performance. En effet, accompagne de fringants ados qui jouaient du tambour avec une vigueur et un enthousiasme aparemment inepuisables, notre saint homme a danse, saute, gesticule,  tape du pied, tournoye sur lui-meme tout en se deplacant au milieu de la foule attentive et respectueuse (qui se levait a son passage et joignait les mains en namaste) tout cela pendant deux heures non stop, avec un crescendo dans l'intensite du rituel, appuye par la musique endiablee dont le tempo accelerait ...Assez fascinant, avec un cote primitif; je suis restee jusqu'a la fin bien que ce fut repetitif. Une mini procession d'enfants tenant des banderoles et des ombrelles multicolores suivait le brahmin comme son ombre, et d'autres etaient charges de l'asperger regulierement d'une pluie de petales; a la fin le sol etait couvert d'un tapis jaune et blanc, des milliers de fleurs sacrifiees pour ce moment intense. Vers la fin, notre homme presqu'en transe a lance des trombes d'eau de rose sur la foule ( le lendemain mon vetement sentait encore!), puis nous a offert la poudre rouge que les gens mettent sur leur front, ensuite la flamme: on passe ses mains au-dessus puis on porte les mains a nos paupieres et a notre coeur, en guise de purification ou de communion avec le divin. A la fin, je me demande comment il pouvait encore tenir debout; il etait lui-meme couvert de poudres de toutes les couleurs et son visage avait pris un aspect fantastique, comme un masque.

Un matin, j'ai fait une longue marche pour aller au village voisin acheter un nouveau cellulaire et cela valait le deplacement. Il y avait deux grandes mosquees, une blanche et une vert pomme, on aurait dit une maquette! Puis de nombreux bateaux, des pecheurs en train d'arranger ou de vendre du poisson ou encore de reparer leurs filets tout en discutant,accroupis,  sinon occupes a jouer aux cartes pour de l'argent ou simplement endormis dans un coin. La vie simple, pas facile mais pas compliquee non plus.

J'ai rencontre un touriste Francais qui voyage sac a dos pour un bon bout de temps. Ce qu'il a de special, c'est une jambe artificielle, comme Terry Fox. Il a aussi le sourire franc et une attitude super saine. Il a perdu sa jambe dans un accident de travail et depuis, il a l'independance financiere qui lui permet de faire le tour du monde avec sa copine. Je trouve admirable qu'il soit aussi positif, au lieu de ruminer sa perte il vit a fond sa vie, il marche, il releve des defis...tres .inspirant, merci Yan!

Parenthese: quand je me presente, Marika c'est dur a retenir pour les locaux alors je dis: Maria. Ils aiment ce prenom et instantanement, neuf fois sur dix, ils me chantent "Hey, Maria, hey Maria!" une chanson de Santana, que je ne connais pas mais faudrait que je l'ecoute un jour!

Hier, grimpe au sommet du phare qui  est au bout de la plage, et j'ai admire le vol plane des petits oiseaux de proie, ils avaient l'air si sereins, tellement dans leur element, c'etait magnifique et reposant.
Le soir, c'etait la pleine lune, ca m'a fait penser a ma gang d'amies de Quebec, mes gentilles sorcieres, comme disait Jules. J'aurais bien voulu participer a leur cercle de parole! C'est ce genre de moments qui fait que, bien que je n'aie pas le mal du pays, je me teleporterais volontiers pour une fin de semaine, histoire de voir mes amis et ma chere mere.

Ce soir, je fais un souper italien pour mes amis indiens: pasta alla primavera avec du bon fromage, des legumes, l'huile d'olive, de l'origan et du romarin, j'espere qu'ils vont apprecier! (C'est exotique pour eux).
La, je m'en vais boire un lassi a l'avocat a la sante de mon ami Jean-Francois, dont c'est l'anniversaire aujourd'hui.