“Désorientée” aurait pu être le titre de la chronique de ma première année de retour à Québec.
Je vais tenter de résume ici dix ans de vie condensée, avec les hauts et les bas rencontrés.
Après mon voyage de rêve d’un an en Asie, ayant visité 7 pays, avec un budget somme toute modeste (environ 15 000$ can), mes économies avaient fondu comme neige au soleil de New Delhi; je me suis retrouvée à habiter dans un appartement studio d’une pièce qui me servait aussi à travailler en massage. Étant par nature assez “simplicité volontaire”, cela ne me tourmentait pas d’avoir un seul garde-robe et de devoir me priver un peu. J’avais une vue épatante, au 8e étage, c’était lumineux, propre et bien situé.
Mais la première année, je devais me refaire une clientèle. Je me souviens avoir eu des moments de doute : j’ai 40 ans, pas d’enfant; ni maison ni auto, plus d’économies, pas “casée”…ai-je échoué quelque part? Un petit coup de spleen vite dissipé en me recentrant sur une de mes valeurs cardinales: la liberté! En lisant un guide à l’intention des gens qui reviennent d’un long voyage, j’ai vu que ce coup de blues était parfaitement normal, car pendant un an je baignais au quotidien dans l’extraordinaire, la nouveauté, la beauté de l’exotisme, tant naturel que culturel et oui le retour au connu peut être un choc brutal. On nous encourageait alors à imaginer: quelle serait ma vie idéale? Et je n’osais pas voir en couleurs, rêver grand, étant trop modeste peut-être? J’ignorais que j’étais à quelques mois de toucher à ce renouveau tant espéré.
Car avant mon départ, j’avais dit à la Vie (oui je lui parle souvent) “ok; là, je trouve mon quotidien trop confortable, ça manque de défi! Je suis prête à tout: nouveau lieu de vie, travail, nouvelle passion, nouvel amour. Je me mets à l’écoute des signes et des synchronicités.”
Et j'avais dit à mon amie Carine: le prochain homme qui entre dans ma vie sera tantrique!
La vie reprend son cours: je suis heureuse de revoir Mimi, mes amies, de voir la neige, le Vieux Québec, de manger des bleuets et du chocolat noir (enfin!), d’aller nager à la piscine, de me déplacer à vélo et savourer les petits plaisirs de ma vie de quartier sur la rue St-Jean. J’apprécie à plein tous les conforts du quotidien en Amérique du nord, car en Inde, les coupures d’électricité sont courantes, plusieurs heures par jour, les douches sont froides, les conditions spartiate quand on voyage petit budget (voyage en train de 48h sans air climatisé), l’hygiène de certains restos ou hotels peut laisser à désirer, des puces de lit et bibittes de toutes sortes partagent l’espace avec les humains; parfois il n’y a même pas de draps et souvent aucun papier de toilette en vue (j’ai appris à me rincer à l’eau), sans parler du relatif chaos qui règne (ex: pas moyen de comprendre l’horaire, le bus part quand il est plein et aucune toilette en chemin, parfois juste un demi pan de mur en brique avec un trou dans la terre), etc!
À l’été 2013, j’ai le bonheur de faire une quête de vision avec Ho Rites de passage, accompagnée de Paule Lebrun et son conjoint. Une expérience forte et douce à la fois, qui dure 10 jours en tout, et on est guidé progressivement à vivre ce moment où je serai seule avec les arbres, les oiseaux et les grenouilles trois jours et trois nuits sur une île déserte au milieu d’un lac, à jeûner à l’eau et à faire des rituels, à dormir sous une simple bâche pour sentir les éléments, pour avoir des visions ou messages pour ma vie future. Ce fut transformateur, certes, mais plus subtil que je ne m’y attendais. Je pensais “brailler ma vie”, faire des gros catharsis, mais ce fut au contraire très yin, paisible, facile et m’a rebranché sur mon féminin qui est au diapason de la nature et des petites choses, à l’écoute. J’étais profondément calme et centrée en sortant de là. Et cela a dû jouer dans la suite des événements, vous allez voir!
En effet, moins de 10 jours après, j’étais inscrite à un atelier de tantra à Drummondville. J’y suis allée avec mon amie Elise, sans me douter que ces 2 jours allaient marquer un tournant important dans ma vie. L’animateur nous explique qu’avant, il enseignait avec sa compagne, décédée en 2011 (l’année de mon départ en Asie), et qu’il avait arrêté lors de son deuil, mais que des amis avaient insisté pour qu’il redonne 2-3 ateliers, histoire de transmettre son vécu. Il avait dit oui un peu à contre coeur, et ce fameux matin d’août devait marquer la fin officielle des ateliers de tantra. Je n’avais qu’un vague souvenir de les avoir rencontrés à l’Auberge du Lac Carré, où nous avions jasé sur un coin de table 5 min, et c’est Sashi, la femme de Ravi, qui avait donné leur carte d’affaire à Jules, mon amoureux de l’époque.
Le soir, lors d'un exercice, ce sont les shakti, les femmes, qui devaient choisir l’homme avec lequel vivre le prochain exercice. Aucun des participants n’éveillait rien de particulier en moi. Mais quand je me tournais vers Ravi, cela agissait comme un aimant au niveau de mon coeur et de mon ventre! C’était évident, incontournable. Surtout que j’avais fait tatouer ces deux chakra sur mes pieds en 2009, pour me guider dans la vie. Étonnée, mais décidée à écouter ce signe, je lui ai dit: moi, c’est toi que je choisirais! Il a dit “non, je ne compte pas comme participant.”
Eh bien, ce soir là, j’ai tourné dans mon lit en insomnie, un peu surexcitée, j’ai écrit un poème, aussi, sur cette puissante attirance magnétique envers un homme calme, posé, doux, ayant une belle voix et une qualité de présence remarquable et ce, malgré nos 26 ans de différence. Une présence en moi vibrait et me disait: c’est lui! Avant de partir, dimanche, je lui ai fait un long câlin de sangsue sensuelle, en lui disant: j’aimerais vraiment te revoir.
Il est resté assez cool, car il ne cherchait pas de compagne et me trouvait trop jeune (à 40 ans, peu de cheveux blancs, j’en paraissais 32). Nous sommes restés en contact écrit, je l’ai déjoué avec mon humour et mes calembours. Peu de temps après, il avait une rencontre de famille à Lévis, je l’ai invité chez moi, dans mon petit un et demi. Cette nuit-là, j’ai eu un sommeil lucide (mon corps dormait mais mon esprit le sentait lui en continu, et nos énergies communiquaient en boucle. Phénomène assez étrange, déjà vécu une seule fois avant, à l’ashram d’Arnaud Desjardins), ce que j’ai pris pour un autre signe. Le lendemain, petite promenade matinale; il rencontre une personne qu’il connaît et lui dit: voici Marika, mon amoureuse. Wow! La première fois que je l’ai massé, j’ai pleuré de dévotion. Après un mois de relation, je lui dis au téléphone: “c’est drôle à dire, mais la dernière fois que nous avons fait l’amour, j’ai senti des épousailles” Il y eu un long silence où j’ai eu temps de me dire : ah zut qu’ai-je fait , il va penser que je suis folle…et il a répondu “ moi aussi”! Ouf!
Avec Ravi, je vais enfin goûter ce que je pressentais possible de vivre: une union très intense, satisfaisante sur plusieurs plans, d’égal à égale, ou les deux partenaires veulent cheminer et utiliser le couple comme voie pour grandir, remplie de moments de pure joie, beauté, plaisir, extase, communion, une sexualité réellement intime et profonde, abondante en qualité et en quantité, bref le rêve de toute ma vie, rien de moins! Il y a un accroissement de mon être, je me sens à la fois plus calme, plus joyeuse, plus audacieuse et plus confiante. Je suis plus épanouie que jamais en tant que femme, grâce à notre complicité tissée serrée. Merci à cet homme de coeur chaleureux et affectueux, pour sa qualité d’engagement et de générosité, je me suis sentie vue, célébrée, honorée, soutenue. Ce fut exaltant et grisant, mais bien sûr pas dénué de défis, de passages et d’ajustements à faire en cours de route, notamment pour intégrer la fameuse communication responsable.
Ainsi a commencé la décennie la plus passionnante et pleine de surprises de toute ma vie.
À l’hiver 2013, nous avons commencé à cofaciliter , il m'a fait une petite place dans l’animation des ateliers, place qui est devenue au fil du temps de plus en plus grande, dans ce qui devenait “Tantra du coeur”, notre Nous professionnel. J'amenais mon savoir-être de masso, de prof de yoga, de femme en cheminement depuis l’âge de 17 ans, ayant fait beaucoup de thérapie, avec plein d’outils pour s’incarner davantage. J’ai toujours lu sur la sexualité, le taoïsme et le tantra depuis mes 20 ans, fait des stages avec Ma Premo et d’autres enseignants. Après quelques ajustements, nous sommes devenus un bon duo, et avant la pandémie nous donnions 15-16 ateliers par an, de petits groupes, toujours pleins par le simple bouche à oreille. Un bel espace intime de vie en commun , expérientiel, simple et profond à la fois. Du néo-tantra: sur la communication, avec des outils de toute sorte pour rendre l’intimité sacrée et extatique, via des exercices sensuel, énergétiques, méditatifs. Je dis à la blague qu’au lieu de faire des bébés nous faisions des ateliers en faisant l’amour, car de toute évidence, ça crée, le sacré! Il s’est tissé une belle communauté humaine autour de nous.
C’est cette année-là aussi que l’Aya est entrée dans ma vie, une plante d’Amazonie qui enseigne, sous la forme de cérémonies de chant et de musique qui durent des heures. C’est du cheminement intérieur, une thérapie sans thérapeute, de la croissance spirituelle, avec l’amitié et la solidarité du groupe qui se supporte et devient comme une famille. Découverte qui m’amène à aller au Brésil pour la première fois en 2015, voyage qui sera suivi de plusieurs autres, et m’incite à apprendre le portugais. Nous sommes parrainés par nos amis Brésiliens pour devenir une église officielle et légale de Santo Daime, soit; “Ceu do Vale da Vida”.
Lors des cérémonies, parfois de nuit comme chez Carioca, de 9h le soir à 9h le matin, il y a des moments très durs physiquement ou émotionnellement, (on peut purger ou avoir le coeur qui débat) et d’autres complètement extatiques, où la musique me fait l’amour et la plante entre dans mes cellules pour guérir, purifier, nettoyer des choses du passé, apporter des compréhensions, des pistes de réponses à des questions. Cela demande du courage, pour voir autant mes zones d’ombre que ma lumière. Moi qui ai étudié en chant classique, je trouve enfin un usage fantastique pour ma voix, je deviens au fil du temps la “puxadora”, celle qui initie les chants, pour donner la mélodie. C'est une grande école d’humilité et de lâcher prise, que le Daime. Cela va beaucoup m’aider quand Ravi aura un brutal diagnostic de cancer, en 2014.
A l’été 2014, en effet, Ravi a mal à la gorge et se soigne avec des produits naturels. Mais la douleur empire sans cesse. Il s’agit en fait d’un cancer des amygdales, stade 4. J’ai le souffle coupé, ce n’est pas vrai! L'homme que j’aime va peut-être mourir? Je décide de l’accompagner de mon mieux, de respecter ses choix et décisions . Au début, il refuse toute médecine allopathique, ne veut pas de radio/chimio. Il va à l’institut Hippocrate en Floride faire une cure d’alimentation vivante et injections de vitamine C. J’y vais aussi avec lui une semaine, pour apprendre cet autre mode alimentaire, mais cela ne fait pas reculer la maladie. Ravi perd 50 lbs, et à un moment donné, il ne peut plus rien avaler, même de l’eau; il doit être gavé par le nez pendant 2 mois avec un tube pour s’alimenter. C’est là qu’il se trouve un peu entre deux mondes, face à lui-même: est-ce que je veux vivre ou je baisse les bras?
Il souffre tellement qu’il finit par accepter les traitements.
Je me mets à travailler moins pour être avec lui et l”accompagner à Sherbrooke pour de la radio (33 traitements) et 3 chimio. C’est dur, il a des jours où il ne tient qu’un fil et c’est ardu pour moi de vivre tant d’impuissance, mais je suis toute là. On ne peut même plus dormir ensemble tant il a mal et se retourne sans cesse dans le lit. J’ai des souvenirs de passer le temps des fêtes seule devant la télé à angoisser et manger des chips en buvant de la bière, (Ravi se couchant vers 8h), il m’est arrivé de craquer et de refaire des trips de bouffe pour tenter de calmer mon système nerveux. Mon amoureux me dit parfois: j”e comprendrais si tu voulais prendre une distance”, mais il n’en est pas question, je reste à ses côtés, pendant plusieurs mois, prête à tout, même à lui tenir la main lors de son passage s’il le faut. En restant dans l’ici maintenant, un jour à la fois, j’arrive tout de même à ne pas céder à la panique. Je suis triste, confuse, en colère contre la vie, mais je reste relativement calme, déterminée à offrir ma présence, 24h à la fois. A printemps 2015 il finit son protocole, et reprend lentement du poids. il lui faudra près de deux ans pour retrouver sa forme d’avant.
Nous pouvons reprendre les ateliers de tantra remplis de gratitude. Les gens nous demandent d’offrir des retraites plus longues, d’où la naissance des intensifs d’été de près de 5 jours, pour personnes célibataires et pour couples. Lors d’un de ces ateliers, une femme se confie à moi: elle ne ressent pas beaucoup son sexe, notamment à l’interne, et aimerais recevoir un massage de la yoni (nom donné en sanskrit au sexe féminin, qui signifie “la place sacrée”) avec moi. Honorée de sa confiance mais un peu intimidée, j’exprime mes doutes sur mes compétences, car je ne suis pas formée pour cela. Elle insiste gentiment en suivant son intuition: elle me connaît assez pour savoir que ça pourrait lui faire du bien et l’aider dans son cheminement.
*Arrêt sur image: flashback de mon voyage en Inde: j’ai rencontré une Allemande fort sympathique, elle aussi masso, qui m’a offert mon tout premier massage de ce type. Je me rappelle nettement ma fébrilité, juste avant le rv: et si je n’aimais pas ça du tout, pouvais-je arrêter en plein milieu? Et si je devenais excitée, serait-ce déplacé? Allait-elle penser que je suis allumée par elle?
Mais mon mental menteur, avec ses scénarios créatifs, était à côté de la plaque. Elle m’a massé doucement et en lenteur un peu tout le corps mais en insistant sur la tête, les pieds et les mains, a posé sur moi des fleurs blanches. J’étais émue de sa dévotion, son calme; nous étions toutes deux recueillies, dans une intention bienveillante de connexion, et j’ai pu lâcher prise et m’abandonner à recevoir sans arrières-pensées. Je m’attendais plus ou moins à de grandes révélations, des sensations fortes, des larmes, mais oh surprise, ce qui a pris le dessus fut la douceur, le repos, le yin, à tel point que je me suis même assoupie un temps! Étonnant. Ma pratique m’a confirmé par la suite que c’est une vraie boîte de Pandore, ce soin, on ne sait jamais ce qui va en surgir.
De retour au Québec, donc, avec cette femme: nous convenons d’un moment, on se réserve environ 1h30, 2h pour explorer en lenteur cette dimension d’elle, et mon intention est claire: honorer le corps comme un temple, l’écouter, lui donner la parole, via un toucher qui offre au lieu de prendre, avec beaucoup de communication. Sans être une révélation fracassante, cela a bel et bien porté fruit et l’a aidée dans sa vie personnelle, a éveillé davantage son ressenti. Il en ressort pour moi que ce type de soin a quelque chose de naturel, qui semble évident à s’offrir entre femmes, dans la sororité et le plus grand respect.
La douceur et la lenteur, le fait de prendre de 30 à 60 min pour masser la vulve puis le vagin, le périnée, le col de l’utérus; de demander la permission, d’aller chercher du feedback, de dire “tu peux me guider, m’arrêter, me dire ce que tu sens et ce que tu veux à tout moment”, tout cela suffit parfois à faire couler des larmes, soit de soulagement , de peine ou de gratitude. Parfois je pleure avec elle, le fait qu’aucun partenaire n’a jamais pris ne serait-ce que 10-15 min pour explorer son corps de cette façon. à la fois tendre, détendue et curieuse, comme une cartographie de l’intime. Des femmes de tout âge qui ont un moment de révélation: oh, ça se peut? J’ai le droit de dire, oui, non, de nommer, de demander un toucher juste pour moi, sans pression de performance?! My Goddess!
Suite à cette rencontre, je sens un appel, je pratique sur des amies proches de moi, je lis des livres, je me mets à la recherche d’une fomation, qui me tombe du ciel! A l’été 2015, je rencontre Christophe Dacier, qui vient à Montréal offrir sa version de l’approche de style cachemirien, (qu’il a lui-même étudié avec une disciple de Daniel Odier) qui se donne au sol sur un futon et non sur une table, offrant une grande proximité entre donneur et receveur, permettant des positions d’enveloppement, de bercement. C’est toute une aventure sur le plan personnel et professionnel qui s’ouvre à ce moment-là et à ma grande surprise, beaucoup de gens sont prêts pour une telle approche holistique, de massage sacré intégral, où tout est touché avec amour inconditionnel, de la tête au pieds, en insistant particulièrement sur le bassin.
Dans les année suivantes, j’en ferai des centaines, et ce sans aucun site web, par bouche à oreille. Mon client le plus jeune avait 19 ans et était vierge, mon client le plus âgé avait 80 ans, j’ai rencontré des femmes enceintes, d’autres qui n’avaient eu aucune sexualité depuis longtemps; un homme qui avait été abusé par des prêtres et n’avait pas accès au plaisir a pu au fil du temps découvrir l’orgasme interne, sans éjaculation, des personnes souffrant de précocité ont appris la maîtrise, des femmes ayant perdu confiance en elles ont eu des reconquêtes d’estime de soi et de libido, des personnes ayant commencé sur le tard leur vie sexuelle avaient des questions qu’elles n’osaient poser à personne…”suis-je normal?” Une personne transgenre.
Une foule de témoignages très touchants, qui m’ont surprise moi-même par leur diversité et leur profondeur. Un constat émerge : la vie sexuelle des gens est souvent en souffrance, en déficit soit de sens, de beauté, de satisfaction, de profondeur. Beaucoup d’hommes n’ont jamais été si bien caressés ou touchés , de sorte qu’ils redécouvrent leur corps et se sentent à 40, 50, 60 ans comme des adolescents émerveillés. Des armoires à glace qui se mettent à vibrer, à pleurer, à sentir l’énergie circuler dans leurs bras, leurs jambes, bien au-delà des trajets de plaisir connus, des organes génitaux. Des moments d’extase, de hauts plateaux, de libération, de larmes, de colère aussi parfois, des moments uniques et créés sur mesure qui rejoignent presque la psychomagie à la Jodorowsky…Ça se passe grâce à la disponibilité des deux, à l’abandon du receveur, au non-jugement et l’amour du masso. Pure beauté humaine si riche.
Arrive aussi dans ma vie une autre grande bénédiction: un ami me présente Natasha Salaash, une femme exceptionnelle, qui deviendra une amie proche et chère à mon coeur. Elle est formée à l’approche de Betty Dodson, la “gourou de la masturbation féminine”, et offre les fameux ateliers Bodysex (pour body shame, sexual shame: les deux ennemis numéro un du plaisir féminin selon Betty). Nous commençons Ravi et moi à collaborer avec elle, qui habite à Saskatoon, pour organiser des groupes de femmes chez nous à Drummondville. Ce sera une épopée incroyable d’empuissancement, de liberté et d’amour, que ces retraites dédiées à l’autoérotisme conscient et amoureux. J’ai une gratitude sans borne pour Natasha, au contact de laquelle j’ai tellement appris sur moi-même et sur le coaching orgasmique, sur l’animation et la vulnérabilité partagée. On décape ainsi le fond du chaudron des tabous et interdits: une bande de femmes nues qui regardent leur sexe et se l’approprient, dans un espace sécuritaire!
C’est une histoire qui continue encore aujourd’hui et s’enrichit, et qui a pu contribuer à me donner envie de plonger dans une nouvelle formation, avec ISSSE, Institute for the Study of Somatic Sex Education , basée à Victoria, BC, dans laquelle j’ai plongé en 2020, que je compte terminer en 2023. Ce cours est une nouvelle profession en émergence depuis environ 35 ans, (plus ou moins), qui ressemble un peu à sexologue mais au lieu d’être les psychologues de la sexualité, je dirais que nous sommes des alliés pour aider les gens à s'incarner davantage et découvrir leur propre éros, leur couleur, leur façon de s’épanouir et d’être mieux dans leur peau de personne désirante et sexuée.
Cela passe par la connaissance de la réponse sexuelle, l’auto-régulation, de l'information juste sur la sexualité, l’anatomie et le système nerveux, mais surtout des exercices bien concrets d’”embodiment”. Il y a un volet par la parole, mais aussi via le toucher avec le travail corporel sexologique, qui peut inclure le massage érotique, ou thérapeutique des organes génitaux (ex: dearmoring, massage de cicatrices et fascia ). Évidemment cela me rejoint à fond, étant donné que cela fera bientôt 8 ans que je pratique assidument le massage tantrique et 25 ans que je suis massothérapeute! Cela me demande encore un grand investissement de temps, d’argent et d’énergie mais j’adore apprendre et c’est une super belle communauté diversifiée. A l’été 2023 j’irai d’ailleurs à un Sex Geek summer camp en Oregon! Il me restera le défi (bien réel pour moi) de me créer une identité et une présence en ligne, peut-être aussi un cours en ligne, un podcast, etc…A suivre!
Dans un autre volet de ma vie, il y a la Magika “Mystique terre à terre”, qui aime sentir la Vie la traverser…et que j’ai un peu négligée avec tout ce bouleversement et cette expansion au niveau de ma carrière. Plus jeune, mon but ultime était l’éveil spirituel, la libération, et j’ai fait beaucoup de choses dans la vingtaine et la trentaine, pour nourrir cette aspiration: lectures, retraites de solitude dans des monastère, ermitages et ashrams, Vipassana (10h par jour de méditation silencieuse pendant 10 jours, un vrai bootcamp!), zazen dans un dojo pendant un an à 6h am, retraite Satori et Qi-Gong avec Chandra Kala, Satsang avec Michael et Della, quête de vision, soirées chamaniques, yoga quotidien avec pranayama pendant 2 ans, chanter des mantra, cérémonie avec les enfants sacrés, méditations d’Osho, danse de transe, séjour de 72h dans une chambre noire, etc…J’ai toujours été attirée par cette facette-là aussi, malgré que ma tendance naturelle soit l’action et le mouvement plus que l’introspection.
A l’été 2022, une séance d’hypnose me remet en contact avec ma guérisseuse intérieure, que je rencontre et qui est la Marika de 60 ans, vêtue de blanc, très détendue, calme, centrée et sereine. cela me touche, me remue et me donne envie de cheminer dès maintenant pour arrive à être cette personne-là! C’est un appel à me remettre moi au centre de mes priorités, ressortir mon tapis de yoga, mon tambour, mes techniques de méditation active, que ce soit chant spontané, écriture automatique, etc! Tout ce qui peut me relier à la Source en moi, via mon inconscient. Découvrir une nouvelle forme de spiritualité, désencombrée des “il faut “ et des “je dois”, plus personnelle, proche de la vraie intimité avec l’Existence. Renouer avec toute la richesse de mes émotions, de mon intuition, de mon féminin, qui a toujours été là en arrière-plan, lui faire plus de place.
Car à bientôt 51 ans, je m’approche tranquillement mais sûrement de la ménopause, et je veux y arrive en douceur, nourrie et heureuse, et non brûlée, les surrénales à terre! A 52 ans , j’aimerais faire un rituel pour souligner le passage à une nouvelle saison de vie, car selon les autochtones et le chemin rouge, on devient à ce moment un “elder”, une ainée pour notre communauté, ce qui représente la maternité universelle; on a complété 4 cycles de 13 ans et on entame un nouveau printemps, riche de nouvelles possibilités.
Intérieurement, je me sens jeune et alerte, bien vivante et pleine de rêves et de désirs. Je sens que mon corps aimerait aller jouer dehors un peu plus souvent, travailler moins; avoir plus d’équilibre fait partie de mes engagements envers moi-même en 2023. Ca commence en beauté avec un voyage de 2 mois au Brésil, qui sera sans doute encore une fois surprenant et initiatique. J’ai un projet d’écriture, qui est aussi épeurant qu’excitant, éveillant mon côté artiste, ou artisane, que je me suis engagée à réaliser avant mes 60 ans, avec ma grande amie Anne comme témoin!
Parlant d’amie, un dernier paragraphe sur cet aspect essentiel pour moi: l’amitié féminine.
Je considère mes amies proches comme mes soeurs. Et c’est un vecteur de croissance extraordinaire, de me sentir aimée et soutenue, vue et accueillie par des femmes que j’ai choisies, que j’admire et apprécie pour leurs qualités humaines, d’abord et avant tout. La plupart sont un peu sorcière ou guérisseuse, chacune à leur façon, et oeuvrent pour aider les autres. Je ne serais pas la même sans elles, sans tous nos rires, nos confidences, nos douces folies, nos soirées tarot ou collage créatif, nos balades en nature ou nos journées au spa.
Merci belles Zenchanteuses, vous illuminez ma vie, je vous aime de tout mon coeur, vous êtes moi, et je suis vous…
La roue du temps tourne, certaines sont mères , l’une de nous est déjà plusieurs fois grand-mère, et c’est extraordinaire de réussir à garder le lien malgré l’éparpillement géographique. Merci chères femmes-déesses pour l’espace que nous tenons ensemble. Vous êtes un phare dans ma vie! Je suis là pour vous. Love you to the moon and back!
Gratitude aussi envers ma chère maman Mireille, pour sa sagesse, son acceptation de mon chemin en zigzag (oh combien hors norme), son non jugement devant mes choix de vie peu conventionnels. Merci pour ta tendresse, ton amour, ton soutien, ton regard de fierté.
J’aime la relation saine que nous avons développé au fil du temps Je t’aime!
J’ignore quand je reviendrai ici pour écrire, mais ce bilan m’a aidée à voir est à apprécier le chemin parcouru. Malgré les petits bobos qui sortent (avoir besoin de lunettes, un peu d’arthrose, des fibromes, des kystes au genoux, la peau plus sèche, prise de poids, ridules etc) je trouve que le processus d’avancer en âge est bien plus positif que négatif. Je me sens plus libre, mieux dans peau et cent fois plus assumée et confiante qu’à 30 ans. Ca vaut de l’or.
Et c’est grâce à toutes les démarches faites pour guérir, aller mieux, me comprendre, m’aimer davantage, et aussi grâces aux personnes qui m’ont aimées telle que je suis; thérapeutes, enseignant.e.s, conjoints, guides spirituels, écrivains, artistes, etc. Merci la Vie1
Le voyage intérieur continue…j’ose espérer me surprendre moi-même, me réinventer, et continuer de sortir de ma zone de confort au besoin pour brasser le statu quo. Oui je le veux!
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