Le 2 mars, arrivee a Puri, village sur la cote, et deniche ma chambre la plus propre a ce jour (Mina est obsessive avec le menage, elle en fait une tendinite a force de frotter, on n'en demande pas tant! ) ca fait du bien quand meme. Me revoila au bord de l'eau, avec le vent et la mer ca aide a supporter la chaleur, ouf!
Je me traine, j'ignore ce que j'ai, mon energie est lourde, je suis constamment fatiguee...
J'ai lu un livre de Mahadevi et cela me ramene a mon desir primordial de trouver cet horizon que je porte en moi, cette liberte absolue, cet amour...reconnaitre la lumiere en moi et en tout, trouver la paix interieure, realiser ma vraie nature, bref peu importe comment on le nomme, chercher a l'interieur. La quete spirituelle commence les yeux ouverts et se poursuit les yeux fermes (c'est-a-dire en s'interiorisant en silence pour toucher cettte realite subtile, que l'on peut etiqueter du mot dieu ou inner guru ou la Presence...whatever) C'est pour cela que je suis en Inde, et c'est pour cela que je vis, en fait, meme si par moments j'ai tendance a le releguer au second plan!
Dans ce petit village tranquille et modeste je vais reposer mes nerfs et mes sens exacerbes par Calcutta. Je rencontre une foule de gens interessants: Anna-Lisa, une jeune femme attachante, en plein cheminement spirituel, Kevin, un Francais tres "perche" ( flye), qui s'entretient regulierement avec des etres ascensionnes, materialise des trucs, style genie meconnu de physique quantique ayant visite la matrice (euh... soit c'est un mystique ou bien un cas psychiatrique mais a ce stade-ci du voyage je crois que tout est possible) en tout cas on ne s'ennuie pas avec lui! Florence,une femme qui est venue vingt fois en Inde; Carlos, un Peruvien vivant en Espagne, artiste et chaman sur les bords qui m'a donne un super traitement energetique et m'a rappele avec compassion que c'est mon choix et ma responsabilite de mediter et de me connecter au divin; ensuite deux Russes qui fument et boivent tous les soirs mais trippent spiritualite, icones, lieux magiques, etc...L'un d'eux, Anji, grand sec nerveux et verbomoteur, est un ancien joueur de hockey professionnel, puis ex mafieux reconverti en super bon jack; il nous a montre de superbes photos de ses enfants et de son pays, que je n'avais jamais pense visiter mais la il m'a un peu donne le gout...En se quittant, il m'a offert une image pieuse, on reste en contact, qui sait? Son ami Michael, (surnomme mishanti, costaud, zen et peu loquace) et lui etudient en medecine mais se passionnent tous deux pour la guerison alternative, la meditation, etc. Tres colores comme personnages! Ensuite, fait la connaissance de Raidas, un Italien disciple d'Osho qui fait du massage ayurvedique, on s'est fait un echange, nous avons tous deux ete ravis de l'experience. Je me suis remise a me lever tot pour aller mediter sur la plage, et apres seulement deux jours j'ai senti une difference dans mon energie globale et mon humeur.J'ai senti une reconciliation, une reunification profonde, comme si les parties fragmentees de mon etre se remettaient en place. Laisser mon coeur s'ouvrir, etre receptif, attentif aux signes de la vie, nourrir mon yin et accepter de cheminer un pas a la fois, humblement, sans hate. Ca me sort de ma lethargie!
Visite un village d'artisans, vu des jeunes garcons danser le Gotipua, danse traditionnelle magnifique et acrobatique, ce fut un moment fort qui m'a remplie de joie! Accompagnes de tabla et d'harmonium, ils nous ont donne un spectacle prive improvise, inoubliable!!! Anna et moi arrivons par hasard sur le lieu d'une fete religieuse, nous sommes les seules touristes et on nous nourrit, nous mangeons assis par terre, sur des feuilles de bananier en guise d'assiettes, nourriture succulente et surabondante, on est gavees! Apres, nous avons droit a une seance de paparazzis: bombardees de tous cotes par des gens, hommes et femmes, familles au grand complet qui veulent se faire photographier a nos cotes! Smile! Paneer! (cheese en hindi!) On se sauve presque pour echapper a tant d'affection debordante, puis allons sur une plage lointaine et deserte en scooter, reposant mais retour penible pour la conductrice: a la nuit tombante elle se prend plein de moustiques dans les yeux. Un autre jour, nous louons des velos et roulons environ une demi-heure pour trouver une autre plage, plus accessible et propre. Car la plage pres de l'hotel est bordee par un village de pecheurs qui n'ont pas d'eau courante et tous ces bravent gens chient sur le sable. De plus, la vue que j'ai de mon hotel est un immeuble abandonne, devenu un depotoir a ciel ouvert ou les gens vident leur poubelle; tout cela pourrit sur place au soleil et parfois on en brule un partie, les cochons et les vaches mangent le reste...Medieval comme gestion des ordures, je n'en reviens pas encore. Avis aux nez sensibles, l'Inde frappe fort sur le plan olfactif.
Le 8 mars c'etait le Holi, fete religieuse ou les gens s'aspergent de couleurs, j'ai manque ca parce que j'etais dans le train; d'une part je regrette un peu mais d'autre part j'ai vu des images a la tele, ca parait drole mais ca peut mal tourner aussi: a Mumbai, il y eut environ 200 enfants hospitalises apres avoir fait de graves reactions allergiques a des substances toxiques dans une peinture...c'est dommage. J'ai rigole en regardant les videoclips: autant il y a de la beaute dans les danses et les costumes, autant ca peut etre totalement quetaine dans le cote amour sirupeux, cliches de la femme pure et faible et homme viril, etc...Dans le train pour Chennai, failli me liquefier de chaleur, mal dormi, reflechi a ma vie: envie de faire un menage radical dans mes affaires en rentrant a Quebec, de m'alleger davantage, impression de detricoter le chandail de ma vie pour n'en garder que les brins essentiel...et laisser aller le reste. C'est la pleine lune et je fais un peu d'insomnie, deux trois jours d'affilee.
Chennai (Madras) est une ville sans charme, la 4e plus grande de l'Inde,donc retour dans le concerto du vacarme urbain. J'ai du mal a mediter ici, je me sens restless, mal dans ma peau. Envie de manger des sucreries, de compenser mon malaise par la nourriture. Je lis un roman d'amour passionnel qui finit mal (Francoise Sagan), je suis un peu spm, et en prime j'ai une rechute de "loose bowel"; je me sens moche, grosse, boutonneuse, et seule... y a de la joie! Je vais dans un salon me faire teindre les cheveux, la femme est adorable mais pas plus coiffeuse que je suis plombier! Elle me desseche la criniere en laissant la couleur trop longtemps, omet de les laver apres, et la pseudo coupe consiste a prendre de mauvais ciseaux pour me massacrer la frange tout croche, en trente secondes, comme le ferait un enfant! .Je suis quand meme contente de ce contact avec elle, avec peu de mots elle m'explique que son mari la battait et a tente de l'etrangler, elle vit maintenant avec ses parents et ses deux enfants. Quel beau sourire malgre la misere! Je lui ai donne un bracelet. Elle m'a serree fort en partant. Je me sens a la fois heureuse et exasperee! Impuissante.
Mood indigo...Dans le journal: un homme recoit la prison a vie pour avoir incendie a mort sa fille de 15 ans, car il s'opposait a sa liaison avec un jeune homme...parait qu'il est rare que les gens soient condamnes pour crime d'honneur; parfois c'est camoufle en "accident de cuisine" oui la pauvre femme s'est enflammee en faisant a manger, la maladroite! Il y a de jeunes mariees qui passent a la casserole, si je puis dire, parce que la belle-mere est insatisfaite de la dot! Il y a aussi les maris jaloux qui jettent de l'acide au visage de leur femme (parfois pour adultere ou meme sur un simple soupcon) Dans l'etat du Bengale, il y a aussi un lieu designe sous le nom de: kidney sale capital. Un rein est achete environ 100 000R ( 2000$) et revendu le triple ou le quadruple par des escrocs sans scrupules, percus neanmoins par des messie par de pauvres gens prets a crever pour nourrir leur famille quelques temps... En effet, apres avoir vendu un rein, les gens faiblissent et ne peuvent plus travailler, certains meurent au bout de quelques mois, d'autres vivotent des annees mais quelle vie!Les "intermediaires" sont parfois arretes puis relaches apres quelques mois car les villageois, peu eduques, ne veulent pas temoigner contre eux, apres tout ils ont besoin de cet argent...C'est dur lire le journal en Inde!
Derniere journee , je deambule dans les rues au hasard et moment de grace: un petit groupe d'enfants danse et saute a perdre haleine sur de la musique a tue-tete/ Je tape des mains, leur souris nous communions dans cette joie simple et instantanee du rythme, de la celebration de la vie...ils sont sales et pauvres mais lumineux. Je vois les meres s'approcher et leur faire signe de me demander des roupies, mais les petits n'ecoutent pas, ils sont tout a leur extase et a leur folie, presque en transe ils transpirent a grosses gouttes, fiers d'etre vus et heureux d'etre reconnus, je leur donne ma bouteille d'eau puis disparais avant que l'argent ne viennent s'immiscer dans ce moment sacre!
Je me coltine mon gros sac dans le bus local pour aller a la plus grande gare de l'Inde, je m'attendais au chaos mais non, en fin de compte je trouve rapidement le quai pour aller a Tiruvannamalai. Je suis un peu a l'etroit dans mon banc mais apres etre sortis de la ville, j'ai droit a de beaux panoramas ruraux verdoyants.
Je me suis decidee a prendre des antibiotiques, et c'etait une bonne idee car je crois que j'avais chope une bacterie. Depuis que le traitement est fini, je me sens a nouveau moi-meme, plus capable de bouger et m'activer malgre la chaleur. Donc le blues etait en partie du a des causes physiques.
A Tiru, je deniche une chambre a 2$! Crottee, vraiment degueu, mais je l'ai moi-meme nettoyee, fait bruler de l'encens et depuis on dirait un autre lieu! Ca fait du bien a mon budget, c'est tranquille et de plus je suis a cinq minutes de marche de l'ashram de Ramana Maharshi, sage qui m'inspire enormement. On peut aller et venir a notre guise dans les lieux de meditation, c'est gratuit; il suffit de respecter le silence et le code vestimentaire. Cet endroit est au pied d'Arunachala, montagne sainte pour les hindous, liee a Shiva. A chaque pleine lune des milliers de pelerins font le tour de ce volcan eteint, pieds nus...J'ai manque ca, j'etais a Chennai! Hier j'ai moi-meme fait une randonnee d'environ 11km, ca faisait du bien d'etre dans les arbres et apres, hum je me suis sentie dans un etat second tres special, dur a decrire. Je suis entree profondement en moi-meme, sans dormir, dans un etat sans pensees et sans corps (there was no body there!) et me suis relevee au bout de deux heures rafraichie, paisible et detendue. Comme si Arunachala me soignait dans l'invisible! Tres agreable en tout cas. Ici aussi je croise plein de gens allumes, riches d'experience de vie, interessants au possible. Certains restent sur place des mois, je comprends pourquoi! L'ashram est supportant pour mediter. J'ai manque Mooji, un enseignant spirituel renomme, mais je le verrai plus tard dans ma vie, si necessaire!
L'autre soir sur le rooftop d'un hotel, chante des bajans (chants devotionnels) avec deux guitaristes, un harmonium une douzaine de personnes... wow je me sentais comme avec le choeur Shantala, c'etait magique avec la lune, la douceur du soir, la fraternite. Me suis liee d'amitie avec Salomao, un Portugais ex ingenieur forestier qui se consacre desormais a fond a la spiritualite, ses amies Laura et Roma, Australiennes; rencontre Madhavan, Iranien vivant ici depuis 15 ans, original semi-ermite ayant quitte la Californie doree pour suivre l'appel de son guru et enfin ce matin en prenant le chai, Shiva, Indien tres philosophe et wise guy...je pourrais continuer des heures mais j'ai faim, la vessie va m'exploser et la meditation m'appelle!!! Le trivial et le vertical me delogent de mon ordinateur.
Extrait de chanson en finissant: (The Cinematic Orchestra, album Ma fleur, chanson Time and space)
In joy and pain
each one will grow
for wisdom is so much more
than what we know
and every child will find their way
of living their own life story,
day by day....
Je me traine, j'ignore ce que j'ai, mon energie est lourde, je suis constamment fatiguee...
J'ai lu un livre de Mahadevi et cela me ramene a mon desir primordial de trouver cet horizon que je porte en moi, cette liberte absolue, cet amour...reconnaitre la lumiere en moi et en tout, trouver la paix interieure, realiser ma vraie nature, bref peu importe comment on le nomme, chercher a l'interieur. La quete spirituelle commence les yeux ouverts et se poursuit les yeux fermes (c'est-a-dire en s'interiorisant en silence pour toucher cettte realite subtile, que l'on peut etiqueter du mot dieu ou inner guru ou la Presence...whatever) C'est pour cela que je suis en Inde, et c'est pour cela que je vis, en fait, meme si par moments j'ai tendance a le releguer au second plan!
Dans ce petit village tranquille et modeste je vais reposer mes nerfs et mes sens exacerbes par Calcutta. Je rencontre une foule de gens interessants: Anna-Lisa, une jeune femme attachante, en plein cheminement spirituel, Kevin, un Francais tres "perche" ( flye), qui s'entretient regulierement avec des etres ascensionnes, materialise des trucs, style genie meconnu de physique quantique ayant visite la matrice (euh... soit c'est un mystique ou bien un cas psychiatrique mais a ce stade-ci du voyage je crois que tout est possible) en tout cas on ne s'ennuie pas avec lui! Florence,une femme qui est venue vingt fois en Inde; Carlos, un Peruvien vivant en Espagne, artiste et chaman sur les bords qui m'a donne un super traitement energetique et m'a rappele avec compassion que c'est mon choix et ma responsabilite de mediter et de me connecter au divin; ensuite deux Russes qui fument et boivent tous les soirs mais trippent spiritualite, icones, lieux magiques, etc...L'un d'eux, Anji, grand sec nerveux et verbomoteur, est un ancien joueur de hockey professionnel, puis ex mafieux reconverti en super bon jack; il nous a montre de superbes photos de ses enfants et de son pays, que je n'avais jamais pense visiter mais la il m'a un peu donne le gout...En se quittant, il m'a offert une image pieuse, on reste en contact, qui sait? Son ami Michael, (surnomme mishanti, costaud, zen et peu loquace) et lui etudient en medecine mais se passionnent tous deux pour la guerison alternative, la meditation, etc. Tres colores comme personnages! Ensuite, fait la connaissance de Raidas, un Italien disciple d'Osho qui fait du massage ayurvedique, on s'est fait un echange, nous avons tous deux ete ravis de l'experience. Je me suis remise a me lever tot pour aller mediter sur la plage, et apres seulement deux jours j'ai senti une difference dans mon energie globale et mon humeur.J'ai senti une reconciliation, une reunification profonde, comme si les parties fragmentees de mon etre se remettaient en place. Laisser mon coeur s'ouvrir, etre receptif, attentif aux signes de la vie, nourrir mon yin et accepter de cheminer un pas a la fois, humblement, sans hate. Ca me sort de ma lethargie!
Visite un village d'artisans, vu des jeunes garcons danser le Gotipua, danse traditionnelle magnifique et acrobatique, ce fut un moment fort qui m'a remplie de joie! Accompagnes de tabla et d'harmonium, ils nous ont donne un spectacle prive improvise, inoubliable!!! Anna et moi arrivons par hasard sur le lieu d'une fete religieuse, nous sommes les seules touristes et on nous nourrit, nous mangeons assis par terre, sur des feuilles de bananier en guise d'assiettes, nourriture succulente et surabondante, on est gavees! Apres, nous avons droit a une seance de paparazzis: bombardees de tous cotes par des gens, hommes et femmes, familles au grand complet qui veulent se faire photographier a nos cotes! Smile! Paneer! (cheese en hindi!) On se sauve presque pour echapper a tant d'affection debordante, puis allons sur une plage lointaine et deserte en scooter, reposant mais retour penible pour la conductrice: a la nuit tombante elle se prend plein de moustiques dans les yeux. Un autre jour, nous louons des velos et roulons environ une demi-heure pour trouver une autre plage, plus accessible et propre. Car la plage pres de l'hotel est bordee par un village de pecheurs qui n'ont pas d'eau courante et tous ces bravent gens chient sur le sable. De plus, la vue que j'ai de mon hotel est un immeuble abandonne, devenu un depotoir a ciel ouvert ou les gens vident leur poubelle; tout cela pourrit sur place au soleil et parfois on en brule un partie, les cochons et les vaches mangent le reste...Medieval comme gestion des ordures, je n'en reviens pas encore. Avis aux nez sensibles, l'Inde frappe fort sur le plan olfactif.
Le 8 mars c'etait le Holi, fete religieuse ou les gens s'aspergent de couleurs, j'ai manque ca parce que j'etais dans le train; d'une part je regrette un peu mais d'autre part j'ai vu des images a la tele, ca parait drole mais ca peut mal tourner aussi: a Mumbai, il y eut environ 200 enfants hospitalises apres avoir fait de graves reactions allergiques a des substances toxiques dans une peinture...c'est dommage. J'ai rigole en regardant les videoclips: autant il y a de la beaute dans les danses et les costumes, autant ca peut etre totalement quetaine dans le cote amour sirupeux, cliches de la femme pure et faible et homme viril, etc...Dans le train pour Chennai, failli me liquefier de chaleur, mal dormi, reflechi a ma vie: envie de faire un menage radical dans mes affaires en rentrant a Quebec, de m'alleger davantage, impression de detricoter le chandail de ma vie pour n'en garder que les brins essentiel...et laisser aller le reste. C'est la pleine lune et je fais un peu d'insomnie, deux trois jours d'affilee.
Chennai (Madras) est une ville sans charme, la 4e plus grande de l'Inde,donc retour dans le concerto du vacarme urbain. J'ai du mal a mediter ici, je me sens restless, mal dans ma peau. Envie de manger des sucreries, de compenser mon malaise par la nourriture. Je lis un roman d'amour passionnel qui finit mal (Francoise Sagan), je suis un peu spm, et en prime j'ai une rechute de "loose bowel"; je me sens moche, grosse, boutonneuse, et seule... y a de la joie! Je vais dans un salon me faire teindre les cheveux, la femme est adorable mais pas plus coiffeuse que je suis plombier! Elle me desseche la criniere en laissant la couleur trop longtemps, omet de les laver apres, et la pseudo coupe consiste a prendre de mauvais ciseaux pour me massacrer la frange tout croche, en trente secondes, comme le ferait un enfant! .Je suis quand meme contente de ce contact avec elle, avec peu de mots elle m'explique que son mari la battait et a tente de l'etrangler, elle vit maintenant avec ses parents et ses deux enfants. Quel beau sourire malgre la misere! Je lui ai donne un bracelet. Elle m'a serree fort en partant. Je me sens a la fois heureuse et exasperee! Impuissante.
Mood indigo...Dans le journal: un homme recoit la prison a vie pour avoir incendie a mort sa fille de 15 ans, car il s'opposait a sa liaison avec un jeune homme...parait qu'il est rare que les gens soient condamnes pour crime d'honneur; parfois c'est camoufle en "accident de cuisine" oui la pauvre femme s'est enflammee en faisant a manger, la maladroite! Il y a de jeunes mariees qui passent a la casserole, si je puis dire, parce que la belle-mere est insatisfaite de la dot! Il y a aussi les maris jaloux qui jettent de l'acide au visage de leur femme (parfois pour adultere ou meme sur un simple soupcon) Dans l'etat du Bengale, il y a aussi un lieu designe sous le nom de: kidney sale capital. Un rein est achete environ 100 000R ( 2000$) et revendu le triple ou le quadruple par des escrocs sans scrupules, percus neanmoins par des messie par de pauvres gens prets a crever pour nourrir leur famille quelques temps... En effet, apres avoir vendu un rein, les gens faiblissent et ne peuvent plus travailler, certains meurent au bout de quelques mois, d'autres vivotent des annees mais quelle vie!Les "intermediaires" sont parfois arretes puis relaches apres quelques mois car les villageois, peu eduques, ne veulent pas temoigner contre eux, apres tout ils ont besoin de cet argent...C'est dur lire le journal en Inde!
Derniere journee , je deambule dans les rues au hasard et moment de grace: un petit groupe d'enfants danse et saute a perdre haleine sur de la musique a tue-tete/ Je tape des mains, leur souris nous communions dans cette joie simple et instantanee du rythme, de la celebration de la vie...ils sont sales et pauvres mais lumineux. Je vois les meres s'approcher et leur faire signe de me demander des roupies, mais les petits n'ecoutent pas, ils sont tout a leur extase et a leur folie, presque en transe ils transpirent a grosses gouttes, fiers d'etre vus et heureux d'etre reconnus, je leur donne ma bouteille d'eau puis disparais avant que l'argent ne viennent s'immiscer dans ce moment sacre!
Je me coltine mon gros sac dans le bus local pour aller a la plus grande gare de l'Inde, je m'attendais au chaos mais non, en fin de compte je trouve rapidement le quai pour aller a Tiruvannamalai. Je suis un peu a l'etroit dans mon banc mais apres etre sortis de la ville, j'ai droit a de beaux panoramas ruraux verdoyants.
Je me suis decidee a prendre des antibiotiques, et c'etait une bonne idee car je crois que j'avais chope une bacterie. Depuis que le traitement est fini, je me sens a nouveau moi-meme, plus capable de bouger et m'activer malgre la chaleur. Donc le blues etait en partie du a des causes physiques.
A Tiru, je deniche une chambre a 2$! Crottee, vraiment degueu, mais je l'ai moi-meme nettoyee, fait bruler de l'encens et depuis on dirait un autre lieu! Ca fait du bien a mon budget, c'est tranquille et de plus je suis a cinq minutes de marche de l'ashram de Ramana Maharshi, sage qui m'inspire enormement. On peut aller et venir a notre guise dans les lieux de meditation, c'est gratuit; il suffit de respecter le silence et le code vestimentaire. Cet endroit est au pied d'Arunachala, montagne sainte pour les hindous, liee a Shiva. A chaque pleine lune des milliers de pelerins font le tour de ce volcan eteint, pieds nus...J'ai manque ca, j'etais a Chennai! Hier j'ai moi-meme fait une randonnee d'environ 11km, ca faisait du bien d'etre dans les arbres et apres, hum je me suis sentie dans un etat second tres special, dur a decrire. Je suis entree profondement en moi-meme, sans dormir, dans un etat sans pensees et sans corps (there was no body there!) et me suis relevee au bout de deux heures rafraichie, paisible et detendue. Comme si Arunachala me soignait dans l'invisible! Tres agreable en tout cas. Ici aussi je croise plein de gens allumes, riches d'experience de vie, interessants au possible. Certains restent sur place des mois, je comprends pourquoi! L'ashram est supportant pour mediter. J'ai manque Mooji, un enseignant spirituel renomme, mais je le verrai plus tard dans ma vie, si necessaire!
L'autre soir sur le rooftop d'un hotel, chante des bajans (chants devotionnels) avec deux guitaristes, un harmonium une douzaine de personnes... wow je me sentais comme avec le choeur Shantala, c'etait magique avec la lune, la douceur du soir, la fraternite. Me suis liee d'amitie avec Salomao, un Portugais ex ingenieur forestier qui se consacre desormais a fond a la spiritualite, ses amies Laura et Roma, Australiennes; rencontre Madhavan, Iranien vivant ici depuis 15 ans, original semi-ermite ayant quitte la Californie doree pour suivre l'appel de son guru et enfin ce matin en prenant le chai, Shiva, Indien tres philosophe et wise guy...je pourrais continuer des heures mais j'ai faim, la vessie va m'exploser et la meditation m'appelle!!! Le trivial et le vertical me delogent de mon ordinateur.
Extrait de chanson en finissant: (The Cinematic Orchestra, album Ma fleur, chanson Time and space)
In joy and pain
each one will grow
for wisdom is so much more
than what we know
and every child will find their way
of living their own life story,
day by day....
Chaque fois que je viens ici j'ai l'impression de lire des transcriptions de rêves.
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