mercredi 14 novembre 2012

The road never ends

Le 12 novembre vers 21h, j`ai pris un taxi pour l'aeroport de Den Pasar et en voyant le panneau: DEPART vols internationaux, j'ai senti mes tripes se contracter et c'est le coeur un peu lourd que j'ai effectue les diverses etapes qui menaient au decollage vers minuit. J'etais en avance, j'ai donc flane de-ci de-la en depensant mes dernieres roupies, pensive. Je ne me sens pas sereine.  J'avale des litres d'eau car un debut de mal de tete me taraude. (Mon sac a dos fait de l'embonpoint, il pese a present 17kg!)

Korean Airline a de la classe! Les agentes de bord sont ravissantes, tirees a quatre epingles avec leurs petits chignons et leurs jupes serrees.  La nourriture fut remarquable, nous avons meme eu un verre de vin rouge. Le premier troncon durait sept heures. J'ai regarde "Frisson des collines" et verse quelques larmes.

A Seoul, aeroport stylise et chic, je deguste un jus a la poire et au citron, un peu melancolique. Je m'etire les jambes avant le vol pour Toronto, le plus long (13 heures). Je trouve un ordinateur et Facebook a failli me faire rater l'embarquement, je me suis pointee 10 minutes avant le decollage! Acte (quasi) manque?
Durant ce trajet je cogite un peu trop, ne reussis pas a dormir, nerveuse. Je m'etourdis en regardant plus de films en une demi journee que dans la derniere annee: Out of Africa, Madagascar, un film de danse: a tout coup, je pleure! Je suis a fleur de peau.

J'arrive a Toronto dessechee, j`'ai mal aux yeux et la peau du visage me tire; j'ai une sale tronche et je me sens moche.  J'ai un petit moment de stress car je ne retrouve plus mon portefeuille, avec 200$ US dedans. Je fulmine en me disant "caline j'ai voyage un an dans des pays pauvres et ne me suis jamais fais voler, j'arrive ici et..." Oups! je ravale mes invectives: il etait dans une pochette que je ne connaissais pas (j'ai echange mon sac a dos avec celui de Dindin). Je prends un bon petit dejeuner, j'oublie mon journal de voyage dans le resto et la serveuse me retrouve pour me le rendre, j'apprecie le geste. Apres le repas, la fatigue me tombe dessus comme une tonne de ciment; je cogne des clous.

Le vol pour Montreal m'a paru durer cinq minutes car j'ai roupille, malgre le bebe qui braillait juste a cote. En posant le pied en sol Quebecois j'ai enfin la petite bouffee d'excitation et la joie d'etre de retour a la maison, alors que je n'avais rien ressenti a Toronto. Comme quoi le sentiment d'appartenance est visceralement relie au territoire connu. Je n'ai jamais pose les pieds dans l'ouest canadien, jamais vu les rocheuses, donc pour moi c'est un lieu inconnu, plutot lointain. Parait que c'est beau et oui j'aimerais y aller un jour certes, mais quand un Francais m'interpelle "He, la Canadienne!" ...va savoir mais ca m'agace. Je prefere entendre le mot qui rime avec framboise. La Quebecoise. (C'est plus sensuel, non?!)

Je prends un taxi, file chez Anne-Marie et me regale de l'air frais qui remplit mes poumons. Je suis contente de la revoir avec sa magnifique petite famille. Je me sens bien accueillie, comme toujours; chaleur humaine, bisous aux enfants et repas royal. Je suis abrutie de fatigue et je dors douze heures comme une marmotte chloroformee. Mon organisme est completement a l'envers, je suis un peu etourdie par le decalage horaire (treize heures de difference). Mais contente, finalement, oui....Home sweet home!

Bientot Quebec et un surcroit d'emotion, sans doute. J'ai envie de dire que ceci n'est pas la fin du voyage, puisque la vie au complet est une aventure; en tout cas je me souhaite d'avoir le courage de la vivre comme telle. Il y a des jours ou j'ai des paroles de U2 qui me trottent dans la tete "I still haven't found what I'm looking for..." et d'autres ou un grand eclat de rire  monte en moi devant le spectacle de la partie anxieuse de mon etre; c'est la fameuse blague du poisson qui cherche l'ocean, car en fin de compte, ce que je suis peut seul me combler.

"AS SOON AS YOU RESIDE WHOLLY IN YOURSELF,
 YOU HAVE THE WORLD."  

Sarah Jenkins


samedi 10 novembre 2012

Life is a journey

Le 4 novembre au matin, je suis chiffonnee et irritable. J'ai tres peu dormi a cause d'une douleur grandissante a l'oreille ( la veille, j'avais a peine pu mastiquer tant c'etait enfle!) Direction: hopital en taxi, et o chance inouie, j'ai vu une femme medecin qui parlait anglais et en moins de trente minutes, j'avais en poche les medicaments qui allaient me permettre de prendre l'avion en toute securite dans quelques jours.

Je suis ensuite allee au palais royal assister a une seance de danse traditionnelle, envoutante et lente a souhait. Les femmes sont belles et gracieuses, leurs gestes precis et mesures, tout en subtilite et sobriete. Le gamelan (ensemble de percussions propre a l'Indodesie) acheve de m'hypnotiser en douceur.  Je passe pas mal de temps sur internet ce jour-la.  Je discute avec des etudiants du secondaires, ils adorent parler anglais. Ensuite, je lis dans ma chambre et me repose en profitant de la piscine (sans mettre ma tete a l'eau evidemment). Le soir, j'assiste a un spectacle de marionnettes (theatre d'ombres): une curiosite mais qui perd de son attrait apres une heure, etant donne que la narration est en indonesien et le jeu est visuellemtn tres statique; ajoutez a cela une Marika qui manque de sommeil et vous obtenez une spectatrice somnolente!

Un matin, je me leve a  4h30 pour aller a Borobudur, un site bouddhiste ancien et assez imposant mais pas si epoustouflant apres avoir ete a Ankor Wat! Par contre, j'ai passe un agreable moment a bavarder avec une bande de jeunes etudiants, leur gentillesse et leur niveau d'anglais m'ont epatee. Ce jour-la, je quitte Yogya pour aller a Solo, epicentre de l'identite javanaise et lieu de tradition, bref une des villes les moins occidentalisees de l'ile. J'y vais en train, plutot agreable mais il fait terriblement chaud la-dedans, car il n'y a pas de ventilateur et les fenetres ne s'ouvrent que tres peu. Je m'amuse avec deux fillettes et somnole en lisant un roman policier. D'habitude je n'aime pas ce genre, mais je dois avouer que ce thriller est reussi (Sophie Hanah).

Je prends le premier gite du bord, Mama homestay, correct sans plus. Je deambule au marche local et je ressens effectivement une atmosphere plus ancienne qu'ailleurs; il y a peu de touristes et beaucoup de personnes agees vetues de facon traditionnelle. J'assiste a une pratique: des dizaines d'enfants de tout age, garcons et filles, s'entrainent a danser des choregraphies typiques de Java ou de Bali. Un prof jase avec moi et m'explique que c'est assez populaire chez les jeunes. Heureusement, leur heritage culturel ne risque pas de disparaitre trop rapidement! Il y a aussi quelques adolescentes gracieuses et dynamiques qui font un truc plus moderne. Pour souper je me dorlote en allant dans un resto italien haut de gamme: mon plat de raviolis coute plus cher que ma chambre (!) mais oh la la quelle symphonie de saveurs! Il y a longtemps que j'avais goute du vrai pesto, du bon parmesan et quelque chose de si raffine a me mettre sous la dent...j'en suis presqu'emue!

Je fais un peu de yoga et de magasinage et visite rapidement le palais a l'abandon, oubliable! Je mets du temps a reperer un cybercafe, je m'y refugie quelques heures, avec les aleas d'une coupure de courant. Il fait vraiiiiment tres chaud, je suis vaincue, je n'ai pas l'energie d'en faire plus!  J'ai vu un postier a moto, avec kit orange (sac, veste, moto et casque, ca frappe!), un travesti trop maquille qui quetait dans les commerces en chantant d'une voix peu convaincante et un duo voix-clavier qui assenait aux clients d'un petit resto exterieur leurs terribles chansons sentimentales. Je me paie encore un assez bon resto, chic et climatise, ce qui n'empeche pas  un petit rongeur de froler mes pieds...je ne dis rien, a quoi bon? Un couple de jeunes asiatiques, beaux et richement vetus, attire mon attention: assis cote a cote sur une banquette, ils sont profondement absorbes chacun sur leur i-phone et ne s'adressent pas un mot pendant une bonne demi-heure...

Je prends un bus de nuit pour aller a Cemoro Lawang, petit village tres tranquille, voire ennuyant. Son seul charme est la fraicheur qui descend sur nous le soir venu (o jouissance) outre le fait que c'est le point de depart pour voir le Mont Bromo, un volcan en activite dans un paysage vaguement lunaire.  Je me permets une biere, maintenant que les antibiotiques sont termines, puis me couche tot , car le lendemain a 4h mon jeune guide est au rendez-vous pour m'emmener a moto voir deux lieux fascinants.

D'abord le mont Penanjakan, ou je dois grimper un brin pour assister, avec une bande de joyeux lurons javanais fort bavards, au lever de soleil sur le Bromo et son voisin spectaculaire, le Balok (si ma memoire est bonne), un cone impressionnant et photogenique.  Ensuite, en route pour aller mettre le nez dans le cratere fumant du volcan, assez inoubliable! Certains y vont a dos de cheval, moi je ne suis que trop contente de marcher et de monter des escaliers, ca fait du bien apres tous ces trajets de train et de bus. Au retour, Dian s'enerve un peu trop avec l'accelerateur et nous derapons dans le sable (ou plutot la suie) et la moto tombe au ralenti sur le cote, mais aucun mal car il a su controler la chute. Mon cowboy amateur se confond en excuses, il tient tout de meme a son pourboire...

Je fais mon sac en vitesse et espere avoir un transport assez tot car j'ai une longue journee de route devant moi pour aller a Bali. D'abord, je deniche un minibus local hyper lent qui m'emmene a Probbolingo, ou je dois acheter un billet de bus pour Den Pasar, puis je vais manger une bouchee et un homme arrive en gesticulant: miss, venez avec moi, votre autocar est en avance! -Quoi? Il est seulement 10h30 et on devait partir a midi...perplexe, je le suis et en effet, voila le bus; c'est bien la premiere fois que ca arrive! Heureusement qu'il m'a trouvee car c'etait le seul depart avant le lendemain. Certains touristes n'ont pas de siege, apparemment ils ont survendu. Enfin nous partons, helas l'air climatise fonctionne a une fraction de ses capacites, il fait...collant a bord. Mon voisin prend de la place et pue des pieds, c'est la vie. En apres-midi, une pause bienvenue: nous prenons le traversier pour changer d'ile, revoici Bali la douce, ca fait du bien de voir a nouveau l'ocean. Je suis soulagee de penser que les longs trajets terrestres sont derriere moi! En arrivant a Sanur, je partage un taxi avec un citoyen britannique, nous allons a Sanur et j'aboutis au meme hotel que l'an dernier et, par hasard, dans la meme chambre! La boucle est bouclee.

C'etait hier; aujourd'hui je suis a fond dans les preparatifs: lavage, derniers achats, provisions en vue des 24h de deplacement a venir, verifier les heures de vol, envoyer des courriels, mettre a jour mon blog, recevoir un dernier massage et  savourer les derniers moments dans la chaleur dense et les somptueuses odeurs de frangipanier. Le voyage continue, je considere mon retour comme un autre chapitre, pas encore ecrit, de cette aventure a l'autre bout du monde.







Parce que!

Il y a pres de 365 jours, juste avant le grand depart, j'ai laisse en suspens  cette question:
pourquoi partir un an?  

Depuis mon tout premier voyage en Europe a dix-neuf ans (Coude und Genou im Deutschland!) j'ai la piqure du voyage, voila: le virus est dans mon sang, je ne peux rien y faire! Curiosite, reve d'exotisme, gout de la decouverte: l'aventure, tant exterieure qu'interieure, me tente encore et toujours. Aprofondir ma connaissance de l'Autre, decouvrir l'Asie, continent qui me fascine au plus haut point dans toute sa splendeur chatoyante mais aussi sa misere; accepter d'etre temoin de la souffrance de certains des plus demunis de la Terre, d'avoir le coeur et la gorge serree a la vue de l'injustice.

Etancher ma soif d'horizons et l'avalanche sensorielle qui vient avec: depaysement tout azimut, seduction et repulsion, ivresse et deception melangees; froler parfois l'overdose de stimulis, exulter souvent et rager parfois mais continuer d'avancer vers l'inconnu et l'inedit afin de savourer la diversite du vaste monde. Accueillir l'idee meme d'inconfort, voire de risque; la precarite qui garde eveille. Quitter  emploi stable et appartement, laisser derriere moi les etres chers et trouver mes racines exactement la ou sont poses mes pieds, a l'instant meme.

Relever un defi, celui d'etre seule a l'autre bout du monde. Realiser un fantasme: etre totalement libre de mon temps, degagee de toute obligation, pouvoir deambuler au gre de mes envies... Griserie de la derive, de la spontaneite, de l'improvisation. La grande recreation, quoi!  Oui, litteralement pour me donner une occasion de me re-creer, me reinventer, de brasser les cartes de ma vie et qui sait? de voir naitre de nouvelles avenues (nouveau travail,  lieu de vie, nouvel amour?). En prenant du recul je change de perspective, j'acquiers un regard renouvele sur mes origines, un regard a la fois sainement critique et  bienveillant. On m'a encore exhortee a continuer de chanter (a plusieurs reprises) et c'est vrai que ca manque dans ma vie. Puis j'ai une offre d'emploi interessante dans le domaine du voyage au retour, a suivre! Mais je continue bien sur en massotherapie, qui demeure ma passion et me fait sentir utile.

Aller voir ailleurs si j'y suis? en un sens, pourquoi pas!

Sortir de mon cadre de reference, de mes habitudes, de mes identifications et voir ce qu'il reste... Me sentir vivante dans l'immediat, sans agenda ni plan precis, au rythme de mes caprices,  luxe rarissime! Qui suis-je? Un humain en voie de transformation, une femme en recherche de tendresse comme de transcendance, une ame en quete de sagesse, creature changeante; parfois anxieuse et parfois extatique, morose ou ravie, bien ou mal lunee, ordinaire quoi! Je les ai vus en face, mes nevroses et mes bobos, mes reflexes conditionnes, mes forces aussi, pendant cette annee sabbatique. (Je peux vous dire qu'il y a encore deux-trois trucs a travailler avec mon psy en revenant). Me replonger dans la spiritualite par le yoga, la meditation, des lectures, un sejour dans un Ashram (mission partiellement accomplie.) Donner un repit a mon corps, qui a travaille fort en masso depuis 14 ans! (j'ai ete a la fois oisive et occupee a visiter, donc ca va!)

C'etait un reve depuis quelques annees, d'explorer cette partie du monde pour une longue periode. Au printemps 2011 j'ai vecu une separation, puis en aout Arnaud Desjardins est mort, en plus de tout ca le fameux  bilan de la quarantaine en perspective...enfin j'avais de l'argent de cote, une bonne sante et l'inspiration-coup de pouce de Genou et me suis dit: pourquoi pas maintenant? Allez! J'ai enclenche les preparatifs et deux ou trois mois plus tard, je m'envolais.

Ce voyage confirme mon penchant pour une vie simple sur le plan materiel; pas besoin de beaucoup pour etre heureuse.  Je pourrais vivre a l'etranger...s'il ne fait pas trop chaud. Je m'adapte facilement et surtout je me cree rapidement des liens, je me fais aisement des amis. Ma famille elargie, c'est l'humanite! Je peux etre a l'aise un peu partout.  Je tiens plus a ma liberte qu'au confort. C'est LA chose que je nomme toujours en premier quand on me demande de parler du Canada: la somme de libertes individuelles dont on peut jouir, autant les hommes que les femmes. Ca n'a pas de prix!

J'ai aime rencontrer les voyageurs au long cours, des gens avec beaucoup d'experience sur la route (de deux a sept ans de bourlingue dans certains cas), lecon d'humilite et de debrouillardise. Des gens aux vies riches, mouvementees, audacieuses, uniques. Tres inspirant! J'ai adore rencontre les "locaux", leur gentillesse souvent m'a eblouie et leur hospitalite est emouvante. Sourires ensoleilles, dents blanches ou dents cassees, mais surtout coeurs ouverts a l'echange, humanite chaleureuse et inoubliable. Ils ont beaucoup a nous apprendre, notamment sur le plan de la solidarite, du partage et de l'entraide. Ca peut sembler cliche mais c'est trop vrai pour le taire!

J'ai pris quelques cheveux blancs dans ce periple, signe de sagesse ou de fatigue? Ce sera a vous d'en juger! Je n'ai pas ete transformee du tout au tout mais, disons, agreablement bousculee. Je sais que je veux faire une difference sur  Terre avant de mourir, aider les moins nantis que moi. Comment au juste? Je l'ignore pour l'instant mais au moins faire du benevolat au Nepal avec les enfants, puis oeuvrer pour les droits des femmes, voila mes deux premieres idees. "Becoming a true human BEING rather than merely a human DOING".

Bref je reviens...same same but different!







samedi 3 novembre 2012

ENDLESS SUMMER

 "C'est quoi etre profond? 
 -La profondur est une disponibilite."      Olivier Germain-Thomas.

Bien bien bien, me voila a nouveau dans les serres d'un soleil impitoyable ayant pour complice un taux d'humidite a faire friser les poils d'un balai. Soit. J'avais vu un panneau vantant les merites de l'Indonesie a Bali en novembre 2011 qui montrait un ciel bleu sous lequel on lisait: Endless Summer, ce qui a mes yeux representait plus une malediction qu'une promesse. Que voulez-vous, j'aime savourer quatre saisons distinctes, j'aime la fraicheur qui ravigote, le froid qui mord, le vent qui pince, les tempetes de neige,  le printemps fougeux et l'automne contemplatif... Tres bientot, je serai de retour dans le climat quebecois.

 En vrac:

"L'orient a choisi l'ephemere, une perte incessante qui ne suscite aucune angoisse. C'est ainsi."
"Comprendre les autres?  D'abord regarder ses propres coutumes comme une fiction."
"Le diable est l'ombre de l'ange. L'angoisse provient d'un desir sans espoir. Plus de desir, plus de nevrose."
"Bientot  je quitterai ma peau  sans avoir connu  le corps de lune."  (haiku)      O. G.-T.

"Ce qu'il y a de plus profond en l'homme, c'est la peau."  Paul Valery

"Elle se sentait a travers lui. Sentait sa peau. La maniere dont son corps n'existait
qu'aux endroits ou il la touchait. Ailleurs, il n'etait que fumee."   Arundhati Roy

Karate veut dire: mains vides...

"Si on arrive, tant mieux, si on n'arrive pas, tant pis!"  (comptine thailandaise)

"Watch the point at which you become unlovable to yourself. Then be very, very kind.
 This is where the practice of compassion begins. The willingness to look rather than to turn away is in itself acceptance... Plunge into whichever feeling arises in yourself, be ready for anything, like a zen warrior!" Sarah Jenkins

"Death is always there watching, waiting. But the one who dies each day is beyond death. TO DIE IS TO LOVE.  Meditation is dying to the known. Complete attention is love. Desire and pleasure end in sorrow. Love has no sorrow. Death is only for those who have a resting place. Have no shelter outwardly or inwardly; have a room or a house but don't let it become a hiding place, an escape from yourself." Krishnamurti

"On the other side of fear lies freedom."    (?)

Djinn tonic, quelqu'un?! En comparaison avec nos freres d'orient, nous occidentaux avons perdu le sens du secret, de la magie, du mystere... Nos vies aseptisees, super-mega-organisees, planifiees et orchestrees au quart de tour et a la minute pres ne laisse plus de marge pour l'imprevu, l'irrationnel, le chaos! Autre chose: chez nous il n'y a pas de castes...vraiment? Euh je m'excuse de vous gacher votre party mais que faites-vous des strates sociales basees sur: le revenu, le niveau d'etudes, la sorte de travail que vous faites, bref votre cote a la bourse du succes personnel?! Je me souviens qu' un jour un NARTISTE de conservatoire avait leve le nez sur Carl parce qu'il est cuisinier. Ca fait longtemps, d'accord mais je me rappelle aussi de l'air ahuri d'une ex-connaissance du secondaire dont la machoire s'est presque decrochee quand elle a su que j'etais...pfff, massotherapeute?!  (c'est pas un metier de cancre, d'illetree, ca?)  Ahem.

Sans oublier les diktats de notre belle culture virile ou l'on se doit de toujours etre fort, competent, autonome, efficace, en controle, heureux, prospere et en sante en permanence sous peine de devenir une sorte d'intouchable virtuel. On s'est debarrasses de plein de superstitions moyennageuses (et c'est tant mieux) mais pourquoi diable croit-on encore que les cotes d'ecoute sont un gage de qualite, que si une personne est connue elle est forcement superieure, que "plus de gens en mangent parce que ce sont les meilleures et que ce sont les meilleures parce que plus de gens en mangent (des conneries, pas juste des saucisses highgrade)? Je pooose cette question, a laquelle, comme dirait Boris, personne ne repond...et je bois...du Djinn Tonic. Sante! Tchinn-tchinn.

Jakarta (20 millions avec la banlieue),tu me tues a petit feu avec ton feroce monoxyde de carbone a la volee...Quelle poisse d'etre degoulinante de sueur des neuf heures du matin, lourde d'un sommeil pateux, assommee mais pas reposee. Malgre tout, marche ma fille, marche! (Attention aux trottoirs defonces et aux conducteurs forcenes) Visite le musee national, remarquable, avec Carolina une guide colombienne charmante. Diner de calmars (beau bon et pas cher) dans un boui-boui. Je me promene ensuite a Kota, la vieille ville coloniale en compagnie de Petr (de Republique tcheque), puis tente d'aller au port mais c'est deprimant, a la limite du glauque (taudis puant le poisson pourri) alors on se refugit un instant dans un centre d'achat hallucinant (avec six cent soixante-quinze boutiques identiques qui vendent toutes la meme chose: des ordis, i-pods et /ou cameras!) pour boire un cafe glace a l'air climatise, survie oblige.

Visite un parc d'amusement desert, drole de concept: verdure, stands d'artisanats fantomatiques, et surtout hauts-parleurs diffusant une soporifique musique new age javanaise, troublant... Looong trajet de bus a l'heure de pointe: nous mettons une heure trente a rentrer a l'hotel, malgre la voie reservee pour l'autobus! Le soir je n'ai plus de jus dans les jambes, plus rien dans le carburateur. J'avais pense sortir, car c'est ici que ca se passe le clubbing en Asie du sud-est (certaines boites ouvrent le jeudi soir et fonctionnent non-stop jusqu'au lundi matin!). Tant pis. Je bois une petite Bintang peinarde a l'hotel et essaie de dormir malgre le tintamarre religieux, les percussions et les chants discordants lances a pleine gorge par des gamins mi-puberes (a la voix felee) dans des amplis de la deuxieme guerre. Une celebration se prepare. L'Indonesie- capsule culturelle- est le pays musulman le plus populeux au monde, mais aussi une etonnante mosaique culturelle, avec ses 300 groupes ethniques et plus de 700 langues. Nation aux 17 000 iles, dont quelques milliers seulement sont habitees. Voila.

Le lendemain, je me leve avec la grace d'une enclume et l'humeur au ras du caniveau, (ou je faillis d'ailleurs marcher sur un rat) et la vision que j'ai une minute plus tard acheve de me mettre de mauvais poil (c'est le cas de le dire): un monceau de fourrures melees dans la rue me barre le chemin, enorme tas d'animaux morts ensanglantes, chevres, coqs et vaches egorges et empiles pele-mele, offerts en sacrifice. Mon coeur et mon estomac se retournent dans leurs cavites respectives. Je suis a cran. Il est 9h, je sue comme une Walkyrie hypocondriaque dans un sauna, je suis tendue et frustree car les agences de voyage sont fermees a cause de ce jour ferie et pour couronner le tout, j'ai des crampes suspectes: etait-ce le poulet d'hier soir? (Misere! moi qui mange rarement de la viande en voyage, j'avais confiance en ce resto de sate qui semblait propre comme un sou neuf.)  Rhaaa! Prends sur toi, Marika. Respire. Shanti Om. OOOOOMMMMMM...

Je decide d'embellir ma journee et j'invite Carole, une sympathique Francaise cameraman de son metier, a venir avec moi a la piscine de l'hotel Formule 1. Riche idee, car malgre ses  dimensions olympiques  il n'y a que cinq quidams qui barbotent dedans. A nous la fraicheur! Excitee d'etre a nouveau dans mon element, je fais 50 longueurs (qui en valent 100 au centre Lucien Borne), ce qui me detend enormement. Je revis! Yah!
Je reussis a trouver une agence ouverte et j'achete un billet d'autocar pour quitter Jakarta des le lendemain.
Reveil en catastrophe: je suis passee tout droit (mis la sonnerie du cadran a 16h au lieu de 4h)! Je sprinte a l'agence et o joie: mon motard attitre m'attendait encore pour m'emmener a la gare d'autobus, coup de chance. Je ne veux pas rester un jour de plus dans ce chaudron de Gargamel!

En route dans un bus moderne et confortable, malheureusement il n'y eut pas de pause-repas donc j'ai tres mal mange; grignote des chips et des biscuits. Trajet d'environ sept heures pour arriver a Pangandarang. Un rabatteur m'emmene a l'hotel Panorama a la Plage, qui etait tenu par un Francais, helas mort il y a deux mois dans un accident de moto. Sa femme Tika, 35 ans et  nouvellement veuve, doit tenir le fort toute seule. On voit a sa bouche pincee et ses yeux tristes que c'est difficile. Je comprends pourquoi elle m'avait semblee froide au depart. Je lui prends la main et ressens beaucoup de compassion, elle pleure un peu en parlant des evenements recents. Je vais marcher avec elle sur la plage.

Je tombe en plein party d'amateurs de vespa: il y a de l'animation en masse et une foule de jeunes gens a l'air cool tout de noir vetus, de la musique a tue-tete (juste a cote de mon hotel) et des demonstrations de moto et divers concours en delire suivis d' une apotheose de bruit et de petards qui se prolonge jusqu'a une heure du matin.J'ai les pieds tres enfles par la chaleur et l'immobilite. Je vais nager dans la mer puis prends enfin un vrai repas et me mets au lit avec d'impotents bouchons dans les oreilles et un oreiller sur la tete.

Le lendemain, je me joins a un petit groupe qui va faire une excursion avec Dindin, un guide de 41 ans fort charmant qui parle aussi bien francais qu'anglais; assez couramment en tout cas pour pouvoir citer Prevert, chanter du Francis Cabrel ou du Michel Fugain, faire de l'humour et placer le mot dithyrambique dans une conversation... My, my, je suis epatee!

La journee commence par la visite d'une plantation de cocotiers et d'une degustation du sucre tire de la fleur de ce palmier prolifique, qui goute un peu la melasse. Ensuite, direction Green Valley ou nous barbotons a loisir dans une riviere verdoyante, sautons d'un rocher, nageons dans une petite cascade puis une grotte, etc. Apres le diner ce fut le moment fort de la sortie: Green Canyon, vraiment spectaculaire! On prend un petit bateau pour se rendre a cet endroit magique, colossal, ou nous avons nage contre le courant avant de le redescendre, entoures de hautes parois rocheuses et nous avons du parfois escalader des rochers au risque de s'ecorcher.  L'eau etait fraiche, c'etait exaltant! Retour en scooter et arret a la plage de Batu Karas, paisible village de pecheurs et lieu de surf. Nous avons  aussi vu une fabrique de marionnettes en bois, ou j'ai appris a ma stupefaction qu'une seule personne manipule les centaines de personnages (et recite les longs dialogues) pendant  le spectacle, qui dure traditionnellement  toute une nuit. Ouf, quelle performance!

Le lendemain, Dindin est en conge et c'est son anniversaire alors malgre mes protestations il m'invite au restaurant (c'est la coutume en Asie, l'inverse de chez nous!) puis nous allons marcher pres de quatre heures dans le parc national, une magnifique foret protegee ou nous ne rencontrons nul humain mais moult creatures, telles: cerfs, petits macaques gris et grands singes noirs mangeurs de feuilles, des toucans, des chauves-souris geantes par centaines et plusieurs especes d'arbres (tek, ficus, rotin) ainsi qu' une fleur aussi enorme qu' etonnante qui pue les ordures et pourrit apres trois jours. On se fait tremper par une averse soudaine et bienvenue, qui nous rafraichit de pied en cap.

Le 31 octobre c'est la pleine lune, la ville est redevenue calme, je me sens paresseuse et d'humeur vaguement bleutee... J'ai bien dormi mais n'ai pas d'energie. Je me remets au yoga apres quelques jours d'abstinence.
Je lis "Le dieu des petits riens", d'Arundhati Roy, une auteure indienne marquante. J'adore son style et aussi sa facon de ficeler l'histoire, c'est tout simplement captivant, un vrai coup de coeur. Je glande, je traine.

Le 2 novembre, je prends un train pour Yogyakarta. Chaleur intense a bord, c'est long, le train a du retard. On met encore plus de sept heures pour parcourir un maigre deux cents kilometres....J'arrive fatiguee, mon sac pese une tonne, les gites sont chers et deprimants; je me rabat sur une chambre propre mais grande comme un placard et peu aeree...dort qui peut! J'ai ete derangee par une bande de Francais qui rentrait a une heure du matin. C'etait hier, aujourd'hui j'ai decide de me gater et j'ai change de quartier, me voici  a nouveau dans le luxe, le calme et la volupte d'une piscine en pleine ville, fort appreciee...J'ai achete quelques souvenirs et visite le marche aux oiseaux, sorte de petshop exterieur ou l'on trouve aussi bien des perruches que des hiboux, des lezards, des canards, des furets et des lapins, sans oublier chiens chats souris blanches et poissons varies. En fin d'apres-midi, un orage beni est venu rincer la chaleur accumulee de la fournee, euh pardon de la journee.

J'ai mal aux deux oreilles, j'ai peur de commencer une otite, c'est fort malvenu, a dix jours de mon vol de retour...voila c'est dit: le decompte final est commence. Bientot, je vais remonter la courbe du globe dans l'autre sens, retour au pays natal, on verra ce qu'on verra! J'etais ici je serai la, la la...

"Ligne incertaine qui tremble dans le ciel et qui est la chimere de nos vies: l'horizon."  O. G-T.
















vendredi 2 novembre 2012

Les cerfs-volants de Katmandu

C'est une vision captivante qui va me manquer: ces dizaines de losanges ludiques et multicolores qui tourbillonnent dans le ciel,  manoeuvres par des gamins au sourire epanoui. Un matin j'en ai compte plus de trente, debout sur le toit de l'hotel apres mes salutations au soleil; c'est un passe-temps apprecie au Nepal.

Je n'en reviens tout simplement pas de voir combien rapidement les deux dernieres semaines ont file!
Le 19 octobre, j'ai passe l'apres-midi a Pashupatinath, un temple hindou avec ghats de cremation, sorte de mini-Varanasi flanque de sa poignee de babas peinturlures et couverts de cendres qui se font tirer le portrait moyennant quelques roupies, de singes chapardeurs en goguette au milieu des vendeurs de the trop sucre, sans oublier ces familles entieres multipliant les actes de devotions; certaines souriantes et d'autres en pleurs, accompagnant la depouille d'un aine dans son dernier rituel au bord de l'eau...bref, je me serais crue retournee en Inde, avec la musique, les sons de cloche, les psalmodies et les odeurs de ghee des lampes!

 En fin de journee, je suis invitee dans la famille de Luan et d'Ellen, deux soeurs charmantes rencontrees au festival de musique de Patan, un mois plus tot. Nous etions restees en contact via Facebook et j'ai ete recue de facon tres chaleureuse par toute la famille: ils etaient rieurs, ca respirait le bonheur dans cette maison. La nourriture fut delicieuse et la soiree memorable, dans une rare bonne humeur pleine d'humour. C'etait l'anniversaire de Luan, nous avons mange le gateau avant le souper, etrange. Il y avait des tantes, oncles, cousins et Mamou, la grand-mere frele et souriante, qui me rappelait un peu Ti-Guite, ma propre mamie aux yeux petillants de douce malice.  Nous avons mange assis par terre, puis j'ai placote avec les jeunes dans la chambre, enfin nous avons chante quelques bajhans dans le salon, ce fut leger et joyeux! On m'a garde a dormir, et meme si j'ai bien trop mange, ce fut reposant. C'est une famille aisee, ils ont une belle maison.
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Au matin, la famille au complet voudrait me garder mais j'ai rendez-vous avec Dinesh, je me rends chez lui a Changu Narayan, je suis tres contente de le revoir et de rencontrer sa mere Benita et sa soeur Sunita. Sa maison est modeste mais situee dans un lieu enchanteur, a dix minutes a pied du village, donc nul bruit de voiture et  superbe vue sur les environs. Ils n'ont ni salle de bain, ni eau courante; ils vont a la fontaine publique pour avoir de l'eau et partagent une "becosse" avec les voisins. Jusqu'en 2010, ils vivaient dans une seule piece mais ils disposent maintenant de trois (petites) pieces; la jeune soeur dort dans la cuisine. Ils doivent se laver tout habilles, dehors et brulent leurs dechets dans la cour. La nuit, j'entends des rongeurs courir sur le toit. Sinon c'est tres calme et mon sommeil est profond et reparateur; je me sens bien paisible.

 Sunita est jolie et amicale, son anglais est excellent. Elle est studieuse et ambitieuse: elle veut, tout comme son frere, aider sa mere qui les a supportes quand leur pere les a abandonnes pour refaire sa vie avec une autre femme. Benita est souriante mais ne parle pas anglais. Ils ont connu des annees de vache maigre, ou meme le riz etait rare et ou les enfants n'avaient que peu de vetements et un sac de plastique en guise de sac d'ecole. Dinesh envisage d'aller travailler deux ou trois ans a Dubai pour amasser l'argent necessaire pour marier sa soeur, ensuite seulement il pensera a lui. Il est vraiment mature et responsable pour un jeune homme de vingt-trois ans! Ils ont un terrain qui pourrait  servir pour un gite, ce serait son reve. Il veut egalement un jour creer une fondation pour venir en aide aux orphelins. Je l'admire!

Je vais dormir chez eux deux nuits et on me traite avec tant d'egards que j'en suis embarrassee. Je ne peux lever le petit doigt et la maman a mon depart me donne un pashmina, j'en ai les larmes aux yeux...On me fait promettre de revenir l'an prochain et de rester plus longtemps, je dis : oui, a condition que vous me laissiez faire la vaisselle! Ils sont incroyable de gentillesse, Sunita me fait cadeau d'un carnet pour ecrire mon journal, je pars en laissant encore une partie de mon coeur derriere moi, presqu'a regret. Benita m'a d'ailleurs fait le plus beau compliment en disant a Dinesh que j'avais "a nepali heart"! Ils ont vraiment  le coeur sur la main.

Je pars pour un long trajet de bus (un paysan monte avec au moins quinze gros sacs de riz!) et retourne dans la famille Shresta, chez Ellen et Luan et c'est a nouveau la joie: la maman en particulier est tres complice et j'adore la taquiner gentiment. Ils sont adorables! Meme  Mamou m'a adoptee et me demande si je vais les oublier, si je vais y retourner...Ils me demandent d'emmener ma mere l'an prochain, ils voudraient la connaitre! Ils sont tellement hospitaliers, c'est fou. Ellen me demande de lui enseigner quelques techniques de massage, elle s'exerce sur sa soeur pendant que la famille ecoute Big Boss dans le salon (version Indienne de Big Brother).  J'ai reve cette nuit-la que j'etais en montagne pour faire du ski alpin mais il n'y avait pas de neige, c'etait a la fois dangereux et desagreable... Bizarre.

Le matin, nous allons au temple de Patan: la famille fait un puja, des offrandes pour Dasain. Les parents sont profondement devots, ca fait partie de leur quotidien. Puis, Bidhya la maman me fait cadeau d'un magnifique sari rouge, c'est incroyable comme generosite, eux aussi me traitent comme un invite de marque, voire une princesse! Donc, essayage et seance de photo: les filles sont epatees de me voir ainsi traditionnellement vetue. La couleur rouge est associee au mariage, donc on me dit qu'il ne manque plus que le mari! J'en connais qui vont prier pour moi, ca fait chaud au coeur... En se quittant, Ellen me dit: si nous avons fait quoi que ce soit qui ait pu te blesser ou te decevoir, s'il-te-plait pardonne-nous. Dinesh aussi m'avait dit la meme chose, c'est une coutume nepalaise et c'est dit avec une sincerite touchante. J'ai tente de balbutier quelque chose de semblable mais on m'a plaque une main sur la bouche! Ils sont tellements speciaux ces gens-la, c'est indescriptible. J'ai vraiment envie d'aider Dinesh et sa famille. (Je lui ai offert une guitare et il etait aux anges, je crois qu'il en joue tous les jours.)

Le 23, il vient me reconduire a l'aeroport, nous avons tous deux le "motton" dans la gorge. L'heure est venue de quitter cet endroit magnifique ou j'ai vecu tant de choses marquantes en peu de temps. L'an prochain je me promets de revenir pour une periode plus prolongee et de faire du benevolat avec les enfants. L'aeroport de Katmandu est etonnament petit et desert; en seulement 45 minutes j'ai franchi toutes les etapes et je relaxe sur un moelleux divan en simili-cuir, gonflee de tendresse et de tristesse, etourdie de toute la beaute de ces rencontres, fatiguee mais contente et surtout  confiante que j'y reviendrai. ( Nepali ho!)

Premier vol facile: l'avion est a moitie vide et le trajet, moins long que je le pensais. A Kuala Lumpur, j'ai une nuit d'attente dans l'environnement aseptise mais je dors tres mal, a cause du boucan que font les enfants qui jouent et declenchent la sonnerie stridente de fauteuils a massage... Enteka, ayant tant bien que mal reussi a somnoler trois ou quatre heures sur mon tapis de yoga , je me leve fripee a 4h30, mange une soupe et hop, l'embarquement debute a 6h. Le vol pour Jakarta est bref et me voila soudain engouffree dans un chaudron indonesien de vapeurs equatoriales; il faut deux heures trente sous un soleil sadique pour rejoindre la rue Jaksa, a 25 km seulement de l'aeroport... J'aboutis suante et collante dans un gite miteux et relativement cher mais je m'en fous, trop claquee pour chercher ailleurs. La salle de bain est crade et les murs moisis, j'ai envie d'envoyer une photo au Lonely Planet, qui recommendait cet endroit a la limite de l'insalubrite! Un gars dans la chambre voisine de la mienne s'est fait attaquer par des puces de lit, j'ai eu plus de chance que lui.

"Life felt open, intensely so.
 I felt like I should-like it is my sacred task-
 to move unafraid into the emptiness."

-Manjushree Thapa