mardi 31 juillet 2012

KALI HARDWARE

Ce titre est l'authentique nom d'une quincaillerie a Kolkota, mais ce texte aurait bien pu s'intituler: la patience millenaire des escargots, tant les transports furent laborieux en sol indien...

Le 13 juillet, je me reveille a l'aube et prend le sky train, le metro puis encore un autre train pour arriver a l'aeroport de Bankok et tout se passe aisement. Je dors meme  un peu dans l'avion.

A Kolkota, je suis heurtee de plein fouet par la chaleur, c'est pire qu'en Thailande, un veritable four...Gargh!
Mon premier objectif est d'aller a la gare m'acheter au plus sacrant un billet de train pour Delhi. Un touriste bien intentionne me dit que ce n'est pas l'endroit, qu'il y a un bureau special pour les touristes. Je ne trouve pas ca logique et ne sais que croire, je prends un taxi pour la gare pour en avoir le coeur net et je perds pres de 2h a faire la queue dans un dedale de comptoirs (Howra Junction est une fourmiliere geante) pour finir par me faire dire qu'effectivement il m'est impossible de me procurer un billet de train a la gare...quelle absurdite!

Je poursuis mon parcours du combattant en suant a grosses gouttes,  quasi assomee par la canicule avec mon sac a dos de 13kg. Je me dirige vers le ferry et, mal renseignee par la dame qui vend les billets, je pars dans le mauvais sens et perd encore une heure avant d'aboutir au dit bureau, qui est pres de fermer. Je grince des dents car dans mon petit plan j'aurais souhaite partir le soir meme. Je reussis a avoir mon tour et il n'y a plus de billets avant le lendemain soir. Soit, je m'incline mais je manque de liquidite pour payer. Lorsque j'avais essaye d'aller au guichet de la gare, des gardes armes etaient en train de le vider. Je cours essayer cinq guichets et tous refusent mes cartes, du jamais vu!!! Resignee, je me dis tant pis...La loi de Murphy s'acharne sur moi. Le monsieur derriere le comptoir finit par accepter de l'argent americain, ouf,  j'ai mon billet: petite victoire sur le chaos.

J'ai deja mentionne qu'en Inde, la mort est assez presente, eh bien ce premier soir j'ai vu un cadavre. Scene etrange, presque surrealiste: dans ce que je croyais etre une maison privee dont une immense porte de garage etait ouverte sur la rue, je vois un homme decede dans un minuscule cercueil en bois, il est tellement serre dedans que ca donne un air drolatique au tableau et des hommes placent des bandes de tissu blanc autour de sa tete (pour proteger le corps lors du transport sans doute). Le lendemain je constaterai que la batisse  abrite une entreprise de pompes funebres, mais ca n'avait l'air de rien; aucun luxe la-dedans, ca avait l'air d'un cabanon ou d'une shop de mecanicien...Bizarre! Je demande mon chemin a une jeune fille et l'homme qui l'accompagne (son mari ou son pere, je n'en sais rien) repond a sa place avec un ton pince: I do not like to speak english because my pure language is Bengali! Merci pour l'accueil mon frere et j'espere qu'un jour tu iras au Quebec et qu'on te repondra: desole mais ma langue est le francais et je suis trop fier pour m'abaisser a parler la langue de l'ennemi.... Non mais! Decidement, ce n'est pas mon jour.

Le soir tombe, il pleut, j'ai faim et  je suis fatiguee. J'arrive a un centre bouddhiste qui loue des chambres pas cheres aux touristes: c'est complet. Je trouve que ma journee tourne a l'epreuve d'endurance et je les supplie presque de me trouver un espace, fut-ce dans un placard! En fin de compte, apres une longue hesitation, on me donne pour deux dollars la cle du dortoir, ou je serai la seule occupante; nom de Shiva, on dirait qu'il n'ont plus fait le menage depuis la mort de Gandhi! C'est vraaaaiment crotte et les matelas sont durs et puants mais je decide de faire contre mauvaise fortune bon coeur, la nuit est tombee et je n'ai plus l'energie de chercher.

Je dois tout de meme manger, je sors donc  en trainant les pieds et aboutis dans un boui-boui a l'hygiene plus que rudimentaire ( tout, incluant les cuisiniers, est recouvert d'une douteuse couleur gris-brun) mais je prie pour ne pas etre malade et avale en vitesse un plat de riz aux lentilles a vingt-cinq cennes! Mon sommeil sera agite et inconfortable; je dors en pointille,  troublee par l'absence d'oreiller, la chaleur atroce, les maringouins et le ventilateur aussi bruyant qu'un avion a helice du siecle dernier.Je me reveille en compote, j'ai mal partout, et j'ai bien du temps a tuer avant mon depart. Je lis jusqu'a l'heure du check-out, puis marche une bonne trotte a la recherche d'un internet, chose rare dans ce quartier.

J'arrive a la gare une heure avant mon depart pour etre a l'aise et j'apprends que le train aura du retard; resultat je vais passer cinq heures assise par terre dans une salle d'attente ou un haut parleur qui rend fou sonne et annonce tous les trains, donc aucun silence ni tranquilite; les gens campent et piquent-niquent en famille, ca a un certain charme dans un sens mais c'est pas de tout repos! Je stresse un peu en pensant que je vais arriver a Delhi a minuit mais je me dis: on verra!

Le trajet va durer trente heures, je me suis paye l'air climatise donc c'est confortable et je fraternise avec un ingenieur Sikh de Chandigarth, fort sympathique. La cause du retard est un accident survenu il y a deux jours: nous avons vu les wagons de charbon renverses en cours de route et les gens affaires a nettoyer. Finalement, la deuxieme nuit je ne dors pas car j'ai peur de manquer l'arret, et le train arrive a trois heures du matin, pas genial! J'essaie de savoir a quelle gare on est (il y en a deux) et je recois des infos contradictoires. A partir de la, un rickshaw peu scrupuleux me fait croire qu'on est loin du centre et il tourne en rond pour me demander plus d'argent (je m'en rends compte le lendemain). La cerise sur le sundae, c'est que j'ai mal note le nom de l'hotel ou je dois rejoindre Asif et je n'ai pas de telephone pour le contacter, j'aboutis dans un autre guest house, m'ecroule et me fait reveiller une heure plus tard par mon ami inquiet qui m'a cherche toute la nuit le pauvre! Tout finit bien, mais j'ai paye ma chambre pour rien. Je pars de la pour aller dans l'autre endroit, plus confortable.

Delhi ne me seduit pas du tout, au premier (et rapide) coup d'oeil. J'achete des vetements decents (tuniques a manches longues pour respecter les criteres musulmans), on visite un tout petit peu (bazar pres d'une mosquee) et il y a plein d'hindous qui preparent une fete pour le soir; il y a des processions avec percussions et chants,  c'est colore et joyeux. On arrive a l'arret de bus, on attend deux heures et deception, l'autobus est moins confortable que promis. Ce sera presque impossible de dormir, d'autant plus qu'a 22h, on nous inflige un navet de film, ultra violent, volume au maximum. (A quoi ils pensent???)  This is India!

On arrive a Jammu a 8h du matin, on repart a 9h dans un minivan, la sueur toujours au rendez-vous.
En tout, on met 12h pour parcourir les 300km jusqu'a Sri Nagar. Au debut la route est en lacets serres, et a la fin ce sont les embouteillages. Long mais plus confortable que le bus et beau paysage. La famille habite une maison un peu rustique en bois et en brique, avec cuisine a l'ancienne (tout se fait accroupi par terre, la preparation, la vaisselle et le repas). Les parents d'Asif cohabitent depuis toujours avec la famille elargie: oncle et tante, cousins  et cousines.

Le lendemain, nous assistons a un evenement tres traditionnel: la ceremonie d'engagement d'une de ses cousines. Il s'agit d'un mariage arrange. La fiancee a vu son futur epoux une seule fois, et si je me souviens bien elle ne le reverra pas avant un an, date du mariage. ( Ils appellent cette fete "muslim function").
Arrives a 9h du matin, nous tombons en plein abattoir: des bouchers sont sur place et egorgent et depecent les moutons dans la cour. Une immense flaque de sang s'accumule a nos pieds et trois agneaux vivants attendent leur tour dans un coin. (Je m'efforce de ne pas trop regarder.)

Je suis chaleureusement accueillie, et les jeunes, qui parlent bien anglais, s'occupent de moi. La journee va s'ecouler lentement, ponctuee de petites taches et de moments rituels jusqu'a l'apotheose du soir, ou la promise recoit la visite de la famille de son mari. Les kashmiris sont d'intarissables placoteux, ils rient  et se taquinent beaucoup. Ca n'a rien de guinde, tout se fait dans la bonne humeur. Les femmes entonnent des chants de benediction pour la mariee et on joue des percussions. A un moment donne, elles etaient debout, bras-dessus bras-dessous et se balancaient en fredonnant. Bien que je ne puisse chanter les paroles, elles m'ont incluse dans leur cercle, c'etait emouvant et plein de coeur.

Au souper, on mange assis par terre et tous dans un plat commun, avec la main droite. Il y eut environ 14 plats de viande differents qui seront servis, et il y en aura 21 au mariage. Ils sont ferocement carnivores: difficile pour eux de passer une journee sans poulet ou agneau. Ils mangent des quantites enormes de riz ( 15kg par personne par mois en moyenne, soit plus d'une livre par jour!)  A ma grande surprise, ce sont les jeunes hommes qui font le service. Ils s'activent toute la journee, ne chomant pas. Ils boivent du the ultra sale, c'est tough pour une occidentale! Mais dans l'ensemble je vais me regaler au cours des douze jours que je passerai la-bas. J'apprends quelques mots, par-ci par-la.

La future mariee a les mains et les pieds magnifiquements peints au henne, et en fin de journee on la pare, la maquille et la coiffe et elle est metamorphosee en princesse des mille et une nuits! Vers 22h l'autre famille arrive, on leur sert the, gateau et cadeaux. Cette partie-la etant plus formelle, je n'y ai pas assiste. Je me suis endormie en compagnie des ados vers minuit et demie, et vers 2h tout etait fini et nous sommes retournes a la maison. J'aime le depouillement de leurs maisons; ce sont des as de la simplicite. Outre des coussins, des televisions et de minces matelas qu'on deroule pour dormir, pas de gros meubles en vue! Ni table, ni chaise, ni bibliotheque. Des etageres sont encastrees a meme les murs, degageant l'espace. Voila! Inspirant.

Le lendemain est une journee relax, on retourne chez le grand oncle et les gens nettoient la maison en bavardant. Mon aide est refusee, je suis touchee par la gentillesse et la sollicitude dont je fais l'objet.Meme le vieux que je trouvais bougon et severe au debut m'a adoptee, et voulait m'inviter a rester chez eux plus longtemps. Je leur ai dit que mon deuxieme prenom est Sarah, ce qui les ravit et donc parfois ils m'appellent ainsi (nom musulman).En apres-midi, Asif m'emmene voir Dal Lake, une grande etendue d'eau au centre de la ville, ou plus de 1400 "houseboats" (hotel-bateau) attendent les touristes. C'est magnifique, entoure de montagnes. Je visite un temple au sommet d'une colline.

Je vous laisse en plan avec une citation:
If you do not understand my silence, you will not understand my words.




dimanche 8 juillet 2012

SOME LIKE IT HOT

Bankok la petillante a plus d'un tour dans son sac; je ne peux pas me resoudre a  la detester cordialement, ce serait injuste: elle est tellement versatile et etonnante que je lui pardonne tous ses exces.

J'ai continue a ratisser ses rues dans un melange de ravissement et d'exasperation, (pestant en traversant un boulevard a six voies),  passant du Musee national au fameux Wat Pho et son immense bouddha couche pour arriver au Wat Arun, que l'on visite en bateau. J'ai deambule avec amusement (et jusqu'a en avoir les pieds en compote) dans le fascinant quartier chinois, bordelique et echevele, joyeuse ruche bariolee d'enseignes et bourdonnant d'activite commerciale, avec son lot d'etalages de bebelles sans valeur, de fleurs, de bijoux en or et de boustifaille. J'y ai goute d'etranges dim sun  et bu un delicieux jus de chlorophylle, a travers la cohue des eleves du secondaires en uniforme qui se bousculaient autour des echoppes roulantes vendant des saucisses grillees et autres collations pour les carnivores convaincus. Dans un centre d'achats ou je me refugiais pour fuir la chaleur, j'ai vu des fillettes danser gracieusement en costume traditionnel, puisj'ai vu ce qui semblait fort etre un concours de beaute pour bebes! Comique mais deroutant.

Mention speciale pour l'idee: le metro de Bankok est dote d'un dispositif qui rend impossible le suicide: des portes  de verre coulissantes nous separent  de la plate-forme et elles ne s'ouvrent que lorsque le train est a l'arret, apres quoi on doit attendre qu'une equipe de securite fasse le tour de chaque wagon (est-ce pour depister un eventuel colis suspect?) avant de monter a bord. De plus,  il y a un controle de securite a l'entree, on doit ouvrir son sac a dos pour en exposer le contenu! Etonnant mais vraiment top securitaire...

Jeudi le 5 juillet, Elodie (une Parisienne rencontree a l'hotel) et moi  allons ecouter des standards de jazz au Saxophone Pub. La biere est ridiculement chere mais la musique, honnetement rendue par d'enthousiastes musiciens locaux, permet un voyage dans le temps. Autour de nous, plusieurs "couples" d'un soir essaient de se trouver un sujet de conversation; des professionnelles qui ont de la classe travaillent a recruter leurs clients occidentaux. Inutile de dire que nous avons evite Patpong, le quartier chaud qui peut ressembler, ai-je entendu dire, a un freak show par moments.

Le lendemain, Friday night fever: direction Kao San road, en plein dans le nombril de l'action! Nous lions conversation avec Matteo, un beau brummel Italien, (pilote de brousse au Congo) et nous allons ecouter de la musique au Roof, un bar qui a de l'ambiance et ou l'on se cale deux pots de mojito (vendu dans une petite chaudiere en plastique avec des pailles, pour faire plus adolescent je suppose?). Le groupe fait des reprises avec ferveur, la foule apprecie, je remue de la patte. On jase aussi avec Francois, (mi Francais mi Americain), chiro et masso de son etat. Puis, toujours dans la mythique allee des fetards, (ou j'ai d'ailleurs goute une chenille grillee) nous allons danser dans une boite ou tout est peint en rouge:  il fait chaud la-dedans (et je ne parle pas que de mercure, il y a comme une ambiance licencieuse de flirt a tout vent)...Une jeune fille d'a peu pres 16 ans s'accroche a moi comme si je pouvais l'empecher de se noyer dans l'alcool qu'elle a ingurgite. Pendue a mon bras, elle tient absolument a essayer de me seduire,  me criant dans les oreilles dans un incomprehensible anglais hachure (d'ou il ressort qu'elle s'ennuie de son boyfriend canadien). Euh...non merci poulette, tu ferais mieux d'aller te coucher avec deux aspirines. Meme si la musique est previsible et faite de grands succes, peu importe, let's Dance the night away!!! Ca fait du bien de bouger, il y avait longtemps que je n'avais foule une piste de danse et transpire avec autant de plaisir!

Vendredi j'ai aussi recupere mon passeport avec le precieux visa indien dedans, donc me voila libre de quitter la City...Je m'achete un billet d'avion pour Kolkota sur internet (moins cher que Delhi) et je decide d'aller sur l'ile de Ko Samet (moins glorieuse que Ko Chang mais aussi moins loin, je suis rendue paresseuse), histoire de passer quelques jours a la playa avant le retour au pays de Gandhi...

Samedi, apres trois heures de bus et une heure trente d'attente pour le ferry, me voici revenue dans la douceur d'un bord d'ocean, ca R E S P I R E, haaaaa! Quel bonheur! Je prends une chambre modeste un peu loin de la plage mais c'est sans doute mieux pour dormir, car  le bord de mer prend des airs de beach party un brin dejante le soir venu. On peut manger assis sur des nattes avec des coussins,  a quelques pas de l'eau, des locaux fument la chicha pour faire cool, vive  la dolce vita! Un des bars les plus courus offrait un spectacle de jongleurs de feu: imaginez une douzaines de charmants ephebes a demi nus, aux muscles bandes et ruisselants de sueurs, faisant moults pirouettes, moulinets et autres acrobaties tout en en jouant litteralement avec le feu pour nous divertir. Les mecs, jeunes et tatoues comme il se doit, donnent un fameux spectacle, joyeux et viril a souhait.

Une gang de jeunes (gars et filles), m'a adoptee et offert des whiky soda; nous avons fraternise par la danse. Autour de nous, des touristes buvaient de la biere avec un entonnoir; un moscovite, clone de Drago dans Rocky, portait un short de boxer aux couleurs du drapeau US (?), une bande de ladyboys effemines est arrivee: l'une d'elles, maigre a faire peur, ressemblait a Celine Dion et sa "copine" avait l'air d'un joueur de football (style quart arriere de 300 livres),  tels  Laurel et Hardy transgenres et  Thailandais! Il regnait une atmosphere de camaraderie et de defonce bien assumee. Il y eut un honorable band live ( des Philippines) qui a rechauffe l'atmosphere. Soiree assez chaude, encore une fois: j'esquive les avances parfois peu subtiles de quelques mecs (dont un Indien de Jaipur) et d' une ou deux femmes. Apres un moment, fatiguee, j'ai mis du temps a errer dans le dedale du resort, a chercher la sortie... et ma chambre d'hotel! (Oui je reconnais que j'etais un peu scrap, avec ma voix  rauque de Marjo le lendemain matin!)

Voila; je me dirige a present vers une autre plage, plus tranquille, avec sous le bras un livre de Zadie Smith et une bouteille d'eau. Quelle vie de luxe!

"DANCE WITH IMAGINATION AND CHANGE YOUR LIFE"!
(affiche vue dans une expo de design)









mardi 3 juillet 2012

Please do not step on the toilet seat

Bankok est une petulante jeune fille en mini-jupe et talons hauts (avec des mollets d'acier).
Bankok est une fourmiliere, une megalopole, une etuve et un concentre d'urbanisme en folie.
Bankok en juillet est un lieu dantesque,  parfait pour les gens a sang froid  ou les masochistes.
Certainement pas une place pour moi. (Le titre de cette page est une affiche vue dans les toilettes.)

Le premier juillet, ce fut un enieme trajet de 10h de bus pour venir ici du Cambodge, pays ou les pushers sont extraordinairement polis (wanna get high, lady?). Pour conclure, encore quelques scenes variees vues a Siem Reap: touriste japonaise avec des gants blancs jusqu'aux coudes (pour eviter de bronzer), voisins qui se lavent a la pompe commune, dehors (en sarong), gamins tout nus qui grimpent dans un arbre et sautent dans la riviere, 15 pieds plus bas, maman a velo avec ses trois enfants en bas age (un sur la barre devant elle, les deux autres sur le porte-bagage, pas attaches),  papa a moto avec quatre bambins (dont une fillette debout sur le banc pour prendre moins de place) et finalement, vu  a l'aube deux jeunes moinillons d'une dizaine d'annees mendier dignement , offrant leurs prieres et benedictions aux gens qui leur font un don.

Je voudrais en profiter pour faire un HOMMAGE AU CHARME DISCRET DES MOINES:
avec leur tete rasee, leur tunique decouvrant une epaule et leurs yeux rieurs, avec leur visage rond comme la lune dont emane une reelle aura de bonte, de douceur et de modestie, ils degagent un charisme gracieux et ambigu, une sorte de virilite feutree qui a quelque chose de reconfortant.  (Je n'ai pas l'intention d'en defroquer un seul, je me contente d' observer). Leur mode de vie epure et ordonne, fait d'etude et de meditation, semble apporter de la beaute autour d'eux.Voila! Merci a vous d'etre des phares de serenite...

DONC, me voici me voila a suer comme dans un sauna, cernee par une chaleur humide qui rend les vetements poisseux et fait de l'air climatise une necessite vitale! J'ai choisi de me gater, j'habite un hotel moderne et impeccable a 11$, ou je partage une chambre-dortoir avec sept autres demoiselles. C'est plus cher que les "trous a rat" deprimants de Kao San Road mais, o merveille, il y a de la clim. de 18h a 11h du matin, ce qui garantit une nuit paisible et reparatrice  a l'abri du boum-boum des bars. Chouette!

Maintenant, je vais tenter de vous expliquer le pourquoi de mon aversion pour la chaleur intense.
Je veux bien etre rouge comme une tomate, sentir le swing, etre obligee de laver mes vetements a tous les jours; je veux bien boire trois-quatre litres d'eau quotidiennement et  faire une sieste pour eviter la fournaise de midi, j'accepte de bonne grace d'avoir des taches pigmentaires a cause du soleil, d'etre contrainte de prendre des electrolytes et de me promener avec un chapeau ou une ombrelle, oui je veux bien mettre des manches longues pour eviter le coup de chaleur et marcher a l'ombre,  me menager et eviter les efforts violents; bref  je veux bien moderer mes transports et marcher plus lentement...

MAIS j'accepte difficilement l'impact de la canicule sur ma psyche. Car tout mon temperament s'en trouve affecte.  En effet, a Quebec je suis une femme dynamique, enthousiaste et entreprenante, qui peut abattre une somme considerable de taches dans une journee et avoir encore assez d'energie pour aller danser le soir venu. En Asie, c'est une autre Marika qui se promene trainant les pieds avec lourdeur, une femme  molle et lethargique, qui a du mal a se concentrer et a prendre des decisions; qui a tendance a prendre du poids (pouvant difficilement faire du sport);  un peu moins sociable et optimiste.

C'est la que je realise que le climat contribue a faconner ma personnalite! Car non seulement j'ai  l'impression que la chaleur me draine, que je n'ai plus de moelle dans les os et que mes muscles sont en caoutchouc flasque, mais en plus je n'ai parfois carrement pas envie de quitter le lit. Ici, a Bankok, je n'aurais jamais le guts d'etre travailleur autonome et de faire les demarches necessaires a une vie active. Je serais une larve vautree sur des coussins a manger de la creme glacee en lisant des romans a l'abri du soleil, les rideaux tires! Voila, j'espere que c'est plus clair a present?  Ah, pedaler a velo en automne, avec une petite laine et un vent frais sur le visage, quel fantasme! ! !

Mon premier jour en Thailande  fut consacre a deposer ma demande de renouvellement de visa pour l'Inde, demarche qui peut prendre jusqu'a six jours ouvrables, donc me voici en stand-by,  je ne pourrai quitter la ville qu'avec mon passeport en poche. Puis, en apres-midi, apres quelques tentatives infructueuses,
 j'ai reussi a retrouver mon amie Annelise, une Francaise au grand coeur rencontree a Puri au Bengale il y a plusieurs mois. Nous avons eu deux heures pour nous mettre a jour et esperons nous recroiser ...
qui sait sur quel continent?! J'ai eu du plaisir a manger mon premier pad thai dans une echoppe de rue et a prendre le sky train, hyper efficace, climatise et moderne a l'exces, d'une proprete aveuglante (aucun graffiti ici), un agent de securite sur chaque plateforme pour s'assurer du bon deroulement des operations!

Aujourd'hui, 3 juillet, j'ai visite le Bankok art and culture center, un lieu qui a le merite d'etre gratuit, climatise et de presenter des expo d'art contemporain dans un building tout neuf en forme de spirale qui rappelle le musee Guggenheim a New York. Une tranche de bon temps. Puis, je suis allee au centre d'achat voisin,
 repute pour son "food court", et j'ai capote! Dans le sens que c'etait bruyant, abrutissant et incroyablement cher. Des trucs tout simples, tels creme solaire ou parapluie, qui dans d'autres pays coutent 2-3$ sont ici vendus 8-10$, help!  Que vais-je bien pouvoir faire ici pendant une semaine, avec un cout de la vie pareil?
Je me sens un peu prisonniere et melancolique. Meme le cinema n'est pas interessant, avec des blockbusters americains! Demain, je vais tenter de me lever tot pour voir temples et palais royal avant le gros de la canicule. Inernet et la lecture me sauvent la vie quand je n'en peux plus de la cohue des rues.
Le plan, quand j'aurai mon visa, est de m'evader en direction d'une ile recluse: a moi la plage et les palmiers!

En terminant, cette citation d'un auteur dont le nom m'echappe:
EXISTER EST UN FAIT, VIVRE EST UN ART.

(...voyager aussi!)