Decidement mon sejour a Rishikesh, plus long que prevu, m'aura fait beaucoup de bien en me rebranchant sur mon corps par le biais du yoga. J'adore suer deux heures par jour a reinventer ma souplesse. J'apprecie la presence empreinte de patience et d'humilite d'Upendra, qui nous explique inlassablement les bienfaits de chaque posture et exercice respiratoire. Chanter le mantra Om a l'unsisson avec les autres eleves me ramene au centre silencieux de mon etre. Le 31 aout, soir de pleine lune "bleue", (qui designe la deuxieme pleine lune dans un meme mois), nous avons fait une meditation de guerison guidee par Laura, sur le toit de Devi's Ashram, ou nous avons pu admirer l'astre nocturne se levant sur fond de silhouette montagneuse, un moment empreint de douce magie et de serenite.
"Ce qui compte le plus dans votre vie a lieu en votre absence". J'ai pense a cette tirade de S. Rushdie en lisant le resultat des elections provinciales, les yeux en boules de loto, un peu perplexe. Bizarre bazar que cette situation politique comme un tabouret a trois pattes un peu bancal...l'avenir nous dira si nous reussirons un jour a changer le mode de scrutin, ce qui serait sans doute un pas dans la bonne direction. Bon courage Pauline! Je suis en tout cas soulagee de ne pas voir les liberaux reelus. La fusillade me laisse une impression de tristesse et d'irrealite. Je ne peux croire que cette haine entre anglo et francophones va perdurer.
Un apres-midi tres chaud, je lis la porte ouverte pour aerer ma chambre lorsqu'un gros singe male entre et prend une pomme sur ma table, avant de me lancer un coup d'oeil goguenard puis de repartir aussi tranquillement qu'il etait entre! Mefiez vous des macaques si vous venez en Asie; ils sont effrontes et chapardeurs. Des touristes y ont laisse leurs lunettes, voire leur appareil photo. Alex, qui balancait imprudemment un sac de bananes au bout de son bras, a du ceder le tout a un simiesque individu fort determine a repartir avec le lot. Catie s'est fait donner une tape sur l'epaule en traversant le pont Laxman Jhula, simplement pour avoir ose regarde un de nos "cousins" dans les yeux.
Les vaches, pourtant placides et denuees de malice, peut-etre exasperees comme nous par le traffic ou les moustiques, peuvent sans crier gare nous gratifier d'un petit coup de corne. Daniel a su esquiver de justesse tel un toreador mais Nadia a ecope d'un bleu sur la cuisse. Coquins d'animaux! Les sympathiques geckos, eux, ne sont que charmants. L'un d'eux, surnomme Georgette par Omer (persuadee qu'il s'agissait d'une femelle), venait tous les soirs nous rendre visite lors de nos "veillees su'l perron" du guest house. Un jour nous avons vu un gros lezard courir pour se mettre a l'abri; il fut trop rapide pour etre photographie, mais il mesurait au moins un metre avec la queue et ressemblait a un varan ( en plus petit). Ah, toutes les photos que je n'ai pas prises: sourire de la femme avec une dent en or, singe auquel il manque une patte, enfants taquins qui passent comme une volee de moineaux et me saluent sans mendier quoi que ce soit, je me souviendrai de vous...J'ai finis par bousculer ma paresse pour aller au centre ville racheter un appareil photo, nous etions entasses a treize dans un rickshaw (ou l'on est confortable a six, ca donne une idee de la proximite extreme!) avec la sueur qui vous degouline sur tout le corps a cause de la chaleur, c'est quelque chose.
En lisant le journal local, encore des nouvelles violentes et invraisemblables: a Bihar, un homme met le feu a une commercante (a qui il devait deja 30$) parce qu'elle refusait de continuer a lui fournir des cigarettes a credit. Une femme, voleuse profesionnelle et mariee en serie a une douzaine d'hommes differents en dix ans, se faisait la malle avec les bijoux et argent du pigeon avant de disparaitre et de recommencer son manege ailleurs. Un couple d'adolescents se suicide car leurs parents, de castes differentes, s'opposent a leur mariage. Un activiste anti-corruption, arrete pour avoir manifeste, declare: si lutter contre la corruption est illegal, eh bien nous continuerons a briser la loi. Un depute dechire sa chemise pour appuyer sa demande, ajournant l'assemblee. (Quel pays dramatique!) Encore a Bihar, une fille de 16 ans est tuee par son pere pour avoir voulu marier un jeune homme d'une autre caste. On ne rigole pas avec ces questions ... Mais la lecture des quotidiens me rappelle aussi que selon la sagesse hindoue, nous vivons a l'age des Tenebres, Kali Yuga, qui aurait commence plus de 3000 ans avant J.C. et durera plus de 400 000 ans; periode de noirceur et de perte des valeurs qui maintenaient la paix, ou il est predit que les hommes s'entre-dechireront.
Un soir, je vais a l'hotel d'en face demander aux Israeliens de baisser le volume de leur musique et je finis, ironie du sort, par passer pres de deux heures a jaser avec eux (moi qui esperais me coucher tot ce fut rate, mais ne dit-on pas: if you can't beat them, join them?). Je fais la connaissance de Mehdi, un jeune Marocain qui voyage hors de son pays pour la premiere fois et qui parle un francais aussi impeccable que son anglais.
Je l'invite a venir a l'ashram le lendemain et il s'avere que c'est l'anniversaire de Neeti, que les enfants du voisinage viennent saluer; l'un apportant un dessin, l'autre des bonbons, une jeune fille lui tresse les cheveux, on l'entoure de tendresse et elle se laisse gracieusement celebrer. Le soir venu, Franco, un Italien exhuberant et tordant (tellement extraverti avec son rire tonitruant, sa gestuelle excessive et ses grimaces comiques) investit la cuisine afin de mitonner des tagliatelles fraiches. Je l'aide de bon coeur et nous faisons mine de nous regaler d'un verre de vin ( il s'agit de coca-cola) et deconnons joyeusement en decoupant les pates et les legumes, aides par Laura. Je me delecte jouissivement de les entendre causer dans leur langue maternelle, si fleurie et musicale.
Encore un moment de partage, dans la simplicite et la chaleur humaine. Decidement, c'est avec l'impression de laisser une partie de mon coeur chez eux que je leur dis au revoir. Heureusement que le coeur repousse comme la queue coupee d'un lezard, autrement je reviendrais au Quebec avec des fragments au milieu de la poitrine! Car le titre de cette chronique evoque aussi a quel point j'en suis venue a me sentir a l'aise dans ce pays, pourtant si different de ma patrie natale et c'est avec une pointe de deuil que je me prepare a partir.
J'ai commence la lecture de " Benares-Tokyo", d'Olivier Germain-Thomas, recit de voyage en orient.
Il y dit, a propos de l'Inde: Je continue a me croire chez moi, mais avec un sourire. Je sais que le fosse ne sera jamais comble. L'amour propose une semblable enigme. Seuls les mystiques comblent les fosses. Comment? On se tait.
Peu avant mon depart de Rishikesh, je me suis fait lire les lignes de la main, pour le plaisir...d'ou il ressort que je vivrai jusqu'a 92 ans si j'evite la conduite rapide et les jeux dangereux (ex: sports extremes), que j'aurai peut-etre un enfant, que j'ai interet a me concentrer sur mon travail et ma vie sentimentale pour les 3-4 prochaines annees, que je serai prospere a partir de fevrier 2013 et que je me marierai en aout 2014 avec mon ame soeur! Well, well...qui vivra verra, Fulda Bebra!. (Inside joke pour Genou).
Le 7 septembre, Catie et moi prenons le bus pour Haridwar, ou nous avons assiste au Puja du soir: une foule de pelerins se presse sur les ghats pour assister a cette ceremonie rituelle ou des mantras sont chantes, puis des offrandes de fleurs et de bougies deposees au fil de l'eau. Les plus courageux se trempent dans l'eau du Gange pour se purifier, ce qui cree un tableau vivant, colore. Pendant une quizaine de minutes, nous sommes la proie consentante de plusieurs paparazzi amateurs: des couples et des familles entieres souhaitent se faire tirer le portrait avec nous! J'aime l'ambiance animee de la rue principale, en partie pietonne, ou les receleurs de bebelles devotionnelles cotoient les chaiwallas (vendeurs de the). A minuit tapant, notre train s'arrache a l'inertie, direction Varanasi.
"Quand tu aurs enfin visite
Tous les sanctuaires de la terre
Tu reviendras chez toi regarder
La vie dans une goutte d'eau
Deposee par la pluie d'automne
Sur une feuille de bananier. "
- Oe Tomatsu
"Ce qui compte le plus dans votre vie a lieu en votre absence". J'ai pense a cette tirade de S. Rushdie en lisant le resultat des elections provinciales, les yeux en boules de loto, un peu perplexe. Bizarre bazar que cette situation politique comme un tabouret a trois pattes un peu bancal...l'avenir nous dira si nous reussirons un jour a changer le mode de scrutin, ce qui serait sans doute un pas dans la bonne direction. Bon courage Pauline! Je suis en tout cas soulagee de ne pas voir les liberaux reelus. La fusillade me laisse une impression de tristesse et d'irrealite. Je ne peux croire que cette haine entre anglo et francophones va perdurer.
Un apres-midi tres chaud, je lis la porte ouverte pour aerer ma chambre lorsqu'un gros singe male entre et prend une pomme sur ma table, avant de me lancer un coup d'oeil goguenard puis de repartir aussi tranquillement qu'il etait entre! Mefiez vous des macaques si vous venez en Asie; ils sont effrontes et chapardeurs. Des touristes y ont laisse leurs lunettes, voire leur appareil photo. Alex, qui balancait imprudemment un sac de bananes au bout de son bras, a du ceder le tout a un simiesque individu fort determine a repartir avec le lot. Catie s'est fait donner une tape sur l'epaule en traversant le pont Laxman Jhula, simplement pour avoir ose regarde un de nos "cousins" dans les yeux.
Les vaches, pourtant placides et denuees de malice, peut-etre exasperees comme nous par le traffic ou les moustiques, peuvent sans crier gare nous gratifier d'un petit coup de corne. Daniel a su esquiver de justesse tel un toreador mais Nadia a ecope d'un bleu sur la cuisse. Coquins d'animaux! Les sympathiques geckos, eux, ne sont que charmants. L'un d'eux, surnomme Georgette par Omer (persuadee qu'il s'agissait d'une femelle), venait tous les soirs nous rendre visite lors de nos "veillees su'l perron" du guest house. Un jour nous avons vu un gros lezard courir pour se mettre a l'abri; il fut trop rapide pour etre photographie, mais il mesurait au moins un metre avec la queue et ressemblait a un varan ( en plus petit). Ah, toutes les photos que je n'ai pas prises: sourire de la femme avec une dent en or, singe auquel il manque une patte, enfants taquins qui passent comme une volee de moineaux et me saluent sans mendier quoi que ce soit, je me souviendrai de vous...J'ai finis par bousculer ma paresse pour aller au centre ville racheter un appareil photo, nous etions entasses a treize dans un rickshaw (ou l'on est confortable a six, ca donne une idee de la proximite extreme!) avec la sueur qui vous degouline sur tout le corps a cause de la chaleur, c'est quelque chose.
En lisant le journal local, encore des nouvelles violentes et invraisemblables: a Bihar, un homme met le feu a une commercante (a qui il devait deja 30$) parce qu'elle refusait de continuer a lui fournir des cigarettes a credit. Une femme, voleuse profesionnelle et mariee en serie a une douzaine d'hommes differents en dix ans, se faisait la malle avec les bijoux et argent du pigeon avant de disparaitre et de recommencer son manege ailleurs. Un couple d'adolescents se suicide car leurs parents, de castes differentes, s'opposent a leur mariage. Un activiste anti-corruption, arrete pour avoir manifeste, declare: si lutter contre la corruption est illegal, eh bien nous continuerons a briser la loi. Un depute dechire sa chemise pour appuyer sa demande, ajournant l'assemblee. (Quel pays dramatique!) Encore a Bihar, une fille de 16 ans est tuee par son pere pour avoir voulu marier un jeune homme d'une autre caste. On ne rigole pas avec ces questions ... Mais la lecture des quotidiens me rappelle aussi que selon la sagesse hindoue, nous vivons a l'age des Tenebres, Kali Yuga, qui aurait commence plus de 3000 ans avant J.C. et durera plus de 400 000 ans; periode de noirceur et de perte des valeurs qui maintenaient la paix, ou il est predit que les hommes s'entre-dechireront.
Un soir, je vais a l'hotel d'en face demander aux Israeliens de baisser le volume de leur musique et je finis, ironie du sort, par passer pres de deux heures a jaser avec eux (moi qui esperais me coucher tot ce fut rate, mais ne dit-on pas: if you can't beat them, join them?). Je fais la connaissance de Mehdi, un jeune Marocain qui voyage hors de son pays pour la premiere fois et qui parle un francais aussi impeccable que son anglais.
Je l'invite a venir a l'ashram le lendemain et il s'avere que c'est l'anniversaire de Neeti, que les enfants du voisinage viennent saluer; l'un apportant un dessin, l'autre des bonbons, une jeune fille lui tresse les cheveux, on l'entoure de tendresse et elle se laisse gracieusement celebrer. Le soir venu, Franco, un Italien exhuberant et tordant (tellement extraverti avec son rire tonitruant, sa gestuelle excessive et ses grimaces comiques) investit la cuisine afin de mitonner des tagliatelles fraiches. Je l'aide de bon coeur et nous faisons mine de nous regaler d'un verre de vin ( il s'agit de coca-cola) et deconnons joyeusement en decoupant les pates et les legumes, aides par Laura. Je me delecte jouissivement de les entendre causer dans leur langue maternelle, si fleurie et musicale.
Encore un moment de partage, dans la simplicite et la chaleur humaine. Decidement, c'est avec l'impression de laisser une partie de mon coeur chez eux que je leur dis au revoir. Heureusement que le coeur repousse comme la queue coupee d'un lezard, autrement je reviendrais au Quebec avec des fragments au milieu de la poitrine! Car le titre de cette chronique evoque aussi a quel point j'en suis venue a me sentir a l'aise dans ce pays, pourtant si different de ma patrie natale et c'est avec une pointe de deuil que je me prepare a partir.
J'ai commence la lecture de " Benares-Tokyo", d'Olivier Germain-Thomas, recit de voyage en orient.
Il y dit, a propos de l'Inde: Je continue a me croire chez moi, mais avec un sourire. Je sais que le fosse ne sera jamais comble. L'amour propose une semblable enigme. Seuls les mystiques comblent les fosses. Comment? On se tait.
Peu avant mon depart de Rishikesh, je me suis fait lire les lignes de la main, pour le plaisir...d'ou il ressort que je vivrai jusqu'a 92 ans si j'evite la conduite rapide et les jeux dangereux (ex: sports extremes), que j'aurai peut-etre un enfant, que j'ai interet a me concentrer sur mon travail et ma vie sentimentale pour les 3-4 prochaines annees, que je serai prospere a partir de fevrier 2013 et que je me marierai en aout 2014 avec mon ame soeur! Well, well...qui vivra verra, Fulda Bebra!. (Inside joke pour Genou).
Le 7 septembre, Catie et moi prenons le bus pour Haridwar, ou nous avons assiste au Puja du soir: une foule de pelerins se presse sur les ghats pour assister a cette ceremonie rituelle ou des mantras sont chantes, puis des offrandes de fleurs et de bougies deposees au fil de l'eau. Les plus courageux se trempent dans l'eau du Gange pour se purifier, ce qui cree un tableau vivant, colore. Pendant une quizaine de minutes, nous sommes la proie consentante de plusieurs paparazzi amateurs: des couples et des familles entieres souhaitent se faire tirer le portrait avec nous! J'aime l'ambiance animee de la rue principale, en partie pietonne, ou les receleurs de bebelles devotionnelles cotoient les chaiwallas (vendeurs de the). A minuit tapant, notre train s'arrache a l'inertie, direction Varanasi.
"Quand tu aurs enfin visite
Tous les sanctuaires de la terre
Tu reviendras chez toi regarder
La vie dans une goutte d'eau
Deposee par la pluie d'automne
Sur une feuille de bananier. "
- Oe Tomatsu
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