"Mon coeur en enfance desire et attend l'inconnu." -Bia
Le titre, egalement emprunte a Bia, signifie coeur vagabond et le tout decrit bien pourquoi, malgre la certitude que tout ce qui est a l'exterieur est aussi a l'interieur, j'ai encore la soif de decouvrir. J'ai entendu dire qu'on ne fait pas de voyage, c'est le voyage qui nous fait et que peu importe que l'on aille a l'est, a l'ouest, au nord ou au sud, c'est un voyage en soi. "The one who travels into itself travels into the world." (Shams Tabriz)
De temps a autre, je me souviens des instructions pour pratiquer la pleine conscience (mindfulness) et j'essaie de developper l'habilete a maintenir le contact direct avec mon experience du moment en observant et ressentant dans l'immediat mes pensees, sensations, emotions fluctuantes... Que se passe-t-il ici, maintenant?C'est une pratique d'investigation sans fin, a refaire encore et encore, examiner avec profondeur le quotidien, un instant a la fois...
J'ai feuillete un livre de Deepak Chopra ou il parle de rester jeune tout en avancant en age, certaines idees m'ont frappee. L'un des points cruciaux est la perception que l'on a de soi; par exemple se rappeler que le corps n'est pas qu'un objet solide mais qu'il est avant tout un champ d'energie en constante transformation, non pas statique mais dynamique. Notre realite est le resultat de notre perception: si je me crois capable d'apprendre, de changer ou d'evoluer, alors j'entreprends des actions en consequence. Si je me crois trop vieille pour ceci ou cela, alors j'agis aussi en consequence. En demeurant souple dans notre tete et dans notre coeur, on evite la stagnation et le declin. La cle de la flexibilite selon Deepak est le lacher prise et le pardon, qui permettent de laisser aller la resistance au changement et d' accepter l'inconnu.
Le passe represente le connu et l'inertie, l'entropie. Un attachement au passe accelere le vieillissement, tandis que le sentiment de reel securite decoule paradoxalement de l'abandon a l'impermanence...nous voila revenu en plein bouddhisme! Il faut se permettre de briser ses habitudes, d'etre creatif et de s'ouvrir aux possibilites infinies qui resident dans le moment present. On peut aussi dejouer l'horloge biologique par l'amour, qui est l'essence meme de la force vitale qui regenere. Se donner comme mission d'exprimer l'amour dans toutes nos interactions nous amene plus de presence et de joie. Le rire, la legerete et l'esprit de jeu sont des opportunite de re-creation, ou l'on sort des preoccupations serieuses de l'ego, obsede de controle et domine par la peur de ne pas etre approuve. Bref j'ai decide que si ma prime jeunesse est revolue, ma seconde jeunesse ne fait que commencer! Mishal, l'une des Israeliennes, m'a dit: Ah Marika, on ne t'oubliera pas de sitot, je n'ai jamais rencontre quelqu'un comme toi, you are a free spirit. J'essaie tout simplement d'etre pleinement moi, je veux toutte la vivre ma vie, "pas juste des tit bouttes" comme dirait notre Angele Arsenault!
Depuis que je suis a Rishikesh, curieusement, je ne dors pas bien et me reveille lourde et embrumee. Certaines nuits sont perturbees par le bruit (musique, aboiements) mais cela n'explique pas tout...bizarre.
Je me suis liee d'amitie avec Dominique et Katie dans le cour de yoga, puis avec Nina et Daniel, un couple d'artistes attachants et originaux qui peignent une magnifique murale dans le restaurant de leur hotel. Nous parlons francais, ca fait du bien! Un soir, nous allons ensemble a Devi's ashram pour une session de musique partagee, c'est chaleureux et je me sens energisee.
Un autre soir, nous allons au Moksha cafe ecouter de la musique soufie et c'est une vraie blague! Apres cinq minutes, Daniel et Nina sont partis, exigeant d'etre rembourses. D'abord les cuisiniers font tant de boucan qu'ils rendent l'ecoute ardue, ensuite deux des musiciens sont tellement geles qu'ils sont incapables de jouer correctement; l'un est pale comme un spectre et menace de s'evanouir, l'autre part dans des impros debiles et deconnectees, un autre se cure le nez, le joueur d'harmonium est maladivement timide alors malgre l'ampli on ne l'entendra jamais chanter et le joueur de tabla repond au telephone en plein concert (soi-disant sacre) et joue d'une main pendant une minute...C'est quoi ce bordel??? J'ai deja entendu de la musique soufie qui te transporte litteralement jusqu'aux cieux, mais la c'etait une grotesque parodie qui ne meritait pas le nom de musique. Pour couronner le tout, les cuisiniers et les serveurs atteignaient un niveau de confusion et d'incompetence rare, a tel point que je suis vraiment passee a deux doigts d'aller me servir moi-meme dans la cuisine! (ca a pris une heure pour avoir du the et un plat d'hummus, apres demandes insistantes et repetees) C'est ca aussi, l'Inde mes amis!
J'ai eu le cours de yoga le plus desagreable de ma vie, au Sivananda ashram, donne par une petite nonne dessechee qui paraissait frustree et aigrie. Elle nous corrigeait comme un robot en nous replacant le corps sans menagement, (voire avec un soupir exaspere), nous redressant les membres d'un geste brusque qui nous faisait craindre son approche et rendait la relaxation impossible;on se regardait deconcertees et on avait peur d'elle!
Je me suis regalee a la lecture de Salman Rushdie: les enfants de minuit; un roman suberbement ecrit qui decrit la vie d'un etre singulier dont le destin loufoque est lie a celui de l'Inde car il est ne a minuit, le jour de l'Independance. Un plaisir incroyable a relire parfois certains passages tellement j'aimais son style. C'est donc un recit fantaisiste, fantastique et foisonnant a souhait mais tout de meme instructif. Par exemple j'ai appris qu'a Bombay lors de la prohibition, la seule facon de se procurer de la boisson etait d'avoir un certificat medical attestant que l'on etait alcoolique, comme c'est etrange!
J'ai finalement visite l'ashram des Beatles un jour de soleil avec les copines d'Israel, c'etait un lieu avec du charme,entoure de verdure; nous avons vu la petite cabane ou John a sejourne et ecrit des chansons; quelqu'un y a peint une murale. Lorsque le soleil sort et plombe, la chaleur monte considerablement, je prefere les jours de pluie! Nous retournons a la chute d'eau nous rafraichir, en compagnie de Bart, un mec tres drole qui trippe sur les bonobos (singes tres actifs sexuellement) . J'ai aussi decouvert un fait culturel surprenant: les Israeliens se content des jokes sur l'holocauste...par exemple: pourquoi Hitler s'est-il suicide? A cause de la facture de gaz...oui mais ne le repetez pas, car ils ont le monopole de ces blagues!
Un matin je prends une lecon de chant avec Neeti, nous faisons des vocalises a l'indienne, elle m'accompagne a l'harmonium, c'est agreable. Je lui ai donne un massage en echange. Un autre jour, Daniel nous donne un atelier de mouvement, nous pratiquons la chute. Puis hier ce fut la suite, nous avons danse en solo, duo ou trio dans une improvisation inspiree par la musique, ou le theme etait la rencontre et ou l'important etait de ne pas faire le mouvement mais de laisser emerger les sensations et les impulsions venant de l'interieur... J'ai eu beaucoup de plaisir, vraiment je me suis eclatee et apres j'etais sur les endorphines, malgre les courbatures. Nous avons mange des sushis vege dans un resto tenu par une japonaise. Katie et moi achetons un billet de train pour aller a Varanasi, et de la au Nepal, le 7 septembre.
Aujourd'hui, jour d'elections au Quebec, je me sens concernee et mal a l'aise, puisque je n'ai pas reussi a voter. En effet, je ne pouvais voter que par la poste et comme je bouge sans arret et j'improvise mon voyage, j'ignorais ou et quand je me poserais assez longtemps pour recevoir mes documents. De plus, rien ne garantit que j'aurais recu l'enveloppe, puisque je n'ai jamais vu la carte de fete de Genou; les postes indiennes semblent a moitie fiable. Bref j'attend le resultat du vote avec curiosite. Ce matin je me suis levee fatiguee, avec la gorge comme un debut de rhume, donc je vais me reposer.
J'aimerais vous laisser avec un court poeme que j'aime beaucoup:
"La mort fait peur
quand on la voit en face
Par derriere
elle est toute beaute, innoncence soudain.
Masque de carnaval dans lequel
quand minuit est passe tu recueilles de l'eau
pour boire ou te laver de toutes tes sueurs."
Milan Rufus
Le titre, egalement emprunte a Bia, signifie coeur vagabond et le tout decrit bien pourquoi, malgre la certitude que tout ce qui est a l'exterieur est aussi a l'interieur, j'ai encore la soif de decouvrir. J'ai entendu dire qu'on ne fait pas de voyage, c'est le voyage qui nous fait et que peu importe que l'on aille a l'est, a l'ouest, au nord ou au sud, c'est un voyage en soi. "The one who travels into itself travels into the world." (Shams Tabriz)
De temps a autre, je me souviens des instructions pour pratiquer la pleine conscience (mindfulness) et j'essaie de developper l'habilete a maintenir le contact direct avec mon experience du moment en observant et ressentant dans l'immediat mes pensees, sensations, emotions fluctuantes... Que se passe-t-il ici, maintenant?C'est une pratique d'investigation sans fin, a refaire encore et encore, examiner avec profondeur le quotidien, un instant a la fois...
J'ai feuillete un livre de Deepak Chopra ou il parle de rester jeune tout en avancant en age, certaines idees m'ont frappee. L'un des points cruciaux est la perception que l'on a de soi; par exemple se rappeler que le corps n'est pas qu'un objet solide mais qu'il est avant tout un champ d'energie en constante transformation, non pas statique mais dynamique. Notre realite est le resultat de notre perception: si je me crois capable d'apprendre, de changer ou d'evoluer, alors j'entreprends des actions en consequence. Si je me crois trop vieille pour ceci ou cela, alors j'agis aussi en consequence. En demeurant souple dans notre tete et dans notre coeur, on evite la stagnation et le declin. La cle de la flexibilite selon Deepak est le lacher prise et le pardon, qui permettent de laisser aller la resistance au changement et d' accepter l'inconnu.
Le passe represente le connu et l'inertie, l'entropie. Un attachement au passe accelere le vieillissement, tandis que le sentiment de reel securite decoule paradoxalement de l'abandon a l'impermanence...nous voila revenu en plein bouddhisme! Il faut se permettre de briser ses habitudes, d'etre creatif et de s'ouvrir aux possibilites infinies qui resident dans le moment present. On peut aussi dejouer l'horloge biologique par l'amour, qui est l'essence meme de la force vitale qui regenere. Se donner comme mission d'exprimer l'amour dans toutes nos interactions nous amene plus de presence et de joie. Le rire, la legerete et l'esprit de jeu sont des opportunite de re-creation, ou l'on sort des preoccupations serieuses de l'ego, obsede de controle et domine par la peur de ne pas etre approuve. Bref j'ai decide que si ma prime jeunesse est revolue, ma seconde jeunesse ne fait que commencer! Mishal, l'une des Israeliennes, m'a dit: Ah Marika, on ne t'oubliera pas de sitot, je n'ai jamais rencontre quelqu'un comme toi, you are a free spirit. J'essaie tout simplement d'etre pleinement moi, je veux toutte la vivre ma vie, "pas juste des tit bouttes" comme dirait notre Angele Arsenault!
Depuis que je suis a Rishikesh, curieusement, je ne dors pas bien et me reveille lourde et embrumee. Certaines nuits sont perturbees par le bruit (musique, aboiements) mais cela n'explique pas tout...bizarre.
Je me suis liee d'amitie avec Dominique et Katie dans le cour de yoga, puis avec Nina et Daniel, un couple d'artistes attachants et originaux qui peignent une magnifique murale dans le restaurant de leur hotel. Nous parlons francais, ca fait du bien! Un soir, nous allons ensemble a Devi's ashram pour une session de musique partagee, c'est chaleureux et je me sens energisee.
Un autre soir, nous allons au Moksha cafe ecouter de la musique soufie et c'est une vraie blague! Apres cinq minutes, Daniel et Nina sont partis, exigeant d'etre rembourses. D'abord les cuisiniers font tant de boucan qu'ils rendent l'ecoute ardue, ensuite deux des musiciens sont tellement geles qu'ils sont incapables de jouer correctement; l'un est pale comme un spectre et menace de s'evanouir, l'autre part dans des impros debiles et deconnectees, un autre se cure le nez, le joueur d'harmonium est maladivement timide alors malgre l'ampli on ne l'entendra jamais chanter et le joueur de tabla repond au telephone en plein concert (soi-disant sacre) et joue d'une main pendant une minute...C'est quoi ce bordel??? J'ai deja entendu de la musique soufie qui te transporte litteralement jusqu'aux cieux, mais la c'etait une grotesque parodie qui ne meritait pas le nom de musique. Pour couronner le tout, les cuisiniers et les serveurs atteignaient un niveau de confusion et d'incompetence rare, a tel point que je suis vraiment passee a deux doigts d'aller me servir moi-meme dans la cuisine! (ca a pris une heure pour avoir du the et un plat d'hummus, apres demandes insistantes et repetees) C'est ca aussi, l'Inde mes amis!
J'ai eu le cours de yoga le plus desagreable de ma vie, au Sivananda ashram, donne par une petite nonne dessechee qui paraissait frustree et aigrie. Elle nous corrigeait comme un robot en nous replacant le corps sans menagement, (voire avec un soupir exaspere), nous redressant les membres d'un geste brusque qui nous faisait craindre son approche et rendait la relaxation impossible;on se regardait deconcertees et on avait peur d'elle!
Je me suis regalee a la lecture de Salman Rushdie: les enfants de minuit; un roman suberbement ecrit qui decrit la vie d'un etre singulier dont le destin loufoque est lie a celui de l'Inde car il est ne a minuit, le jour de l'Independance. Un plaisir incroyable a relire parfois certains passages tellement j'aimais son style. C'est donc un recit fantaisiste, fantastique et foisonnant a souhait mais tout de meme instructif. Par exemple j'ai appris qu'a Bombay lors de la prohibition, la seule facon de se procurer de la boisson etait d'avoir un certificat medical attestant que l'on etait alcoolique, comme c'est etrange!
J'ai finalement visite l'ashram des Beatles un jour de soleil avec les copines d'Israel, c'etait un lieu avec du charme,entoure de verdure; nous avons vu la petite cabane ou John a sejourne et ecrit des chansons; quelqu'un y a peint une murale. Lorsque le soleil sort et plombe, la chaleur monte considerablement, je prefere les jours de pluie! Nous retournons a la chute d'eau nous rafraichir, en compagnie de Bart, un mec tres drole qui trippe sur les bonobos (singes tres actifs sexuellement) . J'ai aussi decouvert un fait culturel surprenant: les Israeliens se content des jokes sur l'holocauste...par exemple: pourquoi Hitler s'est-il suicide? A cause de la facture de gaz...oui mais ne le repetez pas, car ils ont le monopole de ces blagues!
Un matin je prends une lecon de chant avec Neeti, nous faisons des vocalises a l'indienne, elle m'accompagne a l'harmonium, c'est agreable. Je lui ai donne un massage en echange. Un autre jour, Daniel nous donne un atelier de mouvement, nous pratiquons la chute. Puis hier ce fut la suite, nous avons danse en solo, duo ou trio dans une improvisation inspiree par la musique, ou le theme etait la rencontre et ou l'important etait de ne pas faire le mouvement mais de laisser emerger les sensations et les impulsions venant de l'interieur... J'ai eu beaucoup de plaisir, vraiment je me suis eclatee et apres j'etais sur les endorphines, malgre les courbatures. Nous avons mange des sushis vege dans un resto tenu par une japonaise. Katie et moi achetons un billet de train pour aller a Varanasi, et de la au Nepal, le 7 septembre.
Aujourd'hui, jour d'elections au Quebec, je me sens concernee et mal a l'aise, puisque je n'ai pas reussi a voter. En effet, je ne pouvais voter que par la poste et comme je bouge sans arret et j'improvise mon voyage, j'ignorais ou et quand je me poserais assez longtemps pour recevoir mes documents. De plus, rien ne garantit que j'aurais recu l'enveloppe, puisque je n'ai jamais vu la carte de fete de Genou; les postes indiennes semblent a moitie fiable. Bref j'attend le resultat du vote avec curiosite. Ce matin je me suis levee fatiguee, avec la gorge comme un debut de rhume, donc je vais me reposer.
J'aimerais vous laisser avec un court poeme que j'aime beaucoup:
"La mort fait peur
quand on la voit en face
Par derriere
elle est toute beaute, innoncence soudain.
Masque de carnaval dans lequel
quand minuit est passe tu recueilles de l'eau
pour boire ou te laver de toutes tes sueurs."
Milan Rufus
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