"You scream in a straight jacket that you're losing the game of the actual pingpong of the abyss."
Hommage en passant a Ginsberg, dont le court recueil Howl m'est tombe entre les mains a Katmandu.
Il s'en est passe des choses -et pas toutes racontables- depuis ma derniere visite sur ce blog. D'ou le titre, d'ailleurs (emprunt a G) car, que voulez-vous, il faut bien que la chair exulte et puis les squelettes ont leurs raisons que la raison ignore... Je me suis donc devergondee un brin: j'ai fraternise avec la tribu, j'ai passe des nuits blanches, j'ai un peu bu, j'ai danse, j'ai chante, bref je me suis lachee, le point focal de tous ces evenements etant ce cher Old Blues Bar: qu'aurions-nous fait sans son "staff" amical et ses heures de fermeture aleatoires, je vous le demande?
Normalement, ca se termine a dix ou onze heures et basta! Tout devient sombre et silencieux a Pokhara. Mais nous etions dans notre bulle festive et j'en ai bien profite. Une nuit en particulier fut memorable: il y avait plus de monde que d'habitude, plus de filles aussi et une energie frenetique s'est empare de certains; ca flirtait a qui mieux mieux. Deux profs de danse ont entrepris a tour de role de m'apprendre des pas de plus en plus complexes et je me suis amusee comme une folle. Un des gars, tres malade, a vomi dans un seau, ca sentait l'adolescence. Nous sommes partis alors que le soleil se levait. J'ai dormi quatre heures puis j'ai religieusement fait ma seance de yoga, comme d'habitude, suivi d'un solide petit dejeuner avec une vraie baguette francaise croustillante et du fromage suisse, un rare delice!
Un jour je pars seule a velo visiter la vieille ville, cette partie non touristique ou l'architecture est remarquable: anciennes maison de briques ornees des fenetres de bois, parfois tres travaillees, petits commerces a la va comme je te pousse, femmes qui tricotent, gamins qui gambadent, vieillards qui causent, accroupis, devant les nombreux temples: il y regne une atmosphere doucement affairee qui emane d'une autre epoque. Je m'amuse a me perdre un peu; je viraille dans le coin de l'aeroport et je vois des gens tres pauvres, qui vivent de bric et de broc dans la salete, parmi leurs chevres et leurs poules. Je mets du temps a trouver le musee regional, cache dans un fond de cour et decevant finalement: mal entretenu et peu a voir. Le point culminant de ma ballade survient lorsque je me bute a la porte fermee d'un autre musee; j'entends de la musique a cote et je tombe en pleine repetition. Un groupe de jeunes hommes et jeunes femmes prepare en rigolant un spectacle de danse traditionnelle et j'assiste, ravie, a leurs evolutions gracieuses pendant plus d'une demi-heure, un moment memorable et joyeux. Je reviens contentee apres quatre heures de deambulation, une saine fatigue dans le corps.
J'attends, jour apres jour, que la pluie se calme pour envisager un trek, mais la mousson s'eternise, il pleut parfois deux ou trois jours en continu. Un apres-midi, je vais visiter le village tibetain voisin a scooter avec Florion et son ami Nepalais. Une petite famille nous prepare des momos tout frais, puis nous filons vers Pate et Sarangkot, jusqu'a la tombee de la nuit. Nous avons vu des rizieres, un coin tres tranquille, puis avons marche au bord du lac, vu des centaines de lucioles et partage une biere dans un resto lounge. Florion a l'ambition d'ouvrir un gite au Cambodge avec sa mere, projet qui fait rever! Ensuite, par hasard, nous avons assiste a un spectacle de danse et de musique traditionnelle dans un restaurant, assez enthousiaste pour etre divertissant. Un autre moment agreable fut la visite d'un temple sur une ile: nous partagions un bateau a plusieurs et trois femmes tres droles n'arretaient pas de blaguer et de rire; bien qu'elles ne parlaient pas anglais, nous avons bien connecte! Le sourire qui vient du coeur est vraiment universel...
Le 17 septembre, il y a plein de policiers qui debarquent, car a l'occasion du Teej, un ministre vient en visite. Le Teej est une fete hindoue ou les epouses jeunent et prient pour la sante et la longevite de leurs epoux, puis revetent leur plus beau sari et dansent, font des offrandes et passent de bons moments en famille. Le tout pour rappeler que Parvati, afin de conquerir Shiva, a longuement prie et jeune...quel devouement. A ma connaissance, il n'existe pas de fete ou les hommes leur rendent la pareille! Dans les rues, un peu partout il y avait des rassemblements spontanes d'hommes jouant du tambour et de femmes jeunes et moins jeunes virevoltant avec beaucoup de plaisir. Sous une tente, de l'animation, plusieurs activites, de la musique live et toujours plus de danse: la, j'ai vecu un moment de communion magique avec une fillette d'environ deux ans. Elle s'est accrochee a moi et ne voulait plus me lacher. Avec sa petite bouille friponne et ses grands yeux bruns, elle m'a fait craquer! Nous avons danse ensemble pendant vingt minutes au moins avant que je m'eclipse pour rendre la petite puce a sa maman.
Le 20 septembre, je quitte Pokhara. Au revoir, la bande de joyeux drilles! C'est correct, malgre un petit pincement, de passer a autre chose; je ne me sentirais pas bien si je marinais trop longtemps dans l'atmosphere enfumee d'un bar, si sympa soit-il. Deux heures apres le depart, il y a un probleme mecanique, nous devons attendre un autre autobus. Le paysage est magnifique, nous longeons une riviere, ce qui donne lieu a d'impressionnants panoramas. Nous mettons en tout pres de neuf heures a parcourir deux cents kilometres. J'arrive donc a Katmandu un peu froissee et me pose dans un hotel pas cher, un peu a l'ecart du centre de la ruche. La salle de bain est de-gueu-lasse mais je m'en accomode. Je deambule dans Thamel, LE ghetto touristique, constat: c'est moche, pas charmant du tout. Je me refugie au Funky Bouddha, un joli resto-bar niche dans un jardin, je profite du happy hour et grignote des momos (je vais devenir accro). Le serveur m'appelle "Didi", terme a la fois affectueux et respectueux qui signifie: soeur ainee...j'aime bien. Ce soir-la, je me sens un peu seulette, j'aurais envie de compagnie, ne serait-ce que lier conversation avec une autre voyageuse pour une heure, mais ca ne se presente pas. Tant pis!
Petite parenthese culinaire: les gens ici mangent du dahl bat deux fois par jour, soit du riz accompagne de lentilles savoureuses (ail, gingembre et coriandre). Ceux qui en ont les moyens raffolent de la viande, ils mangent du poulet, de la chevre, du sanglier et surtout du buffle. Toutes les parties de l'animal seront utilisees, incluant la cervelle, les poumons, le sang, la moelle epiniere, la rate, les os... alouette! Une des specialites est le steak cru avec la peau encore attachee (hum, pas mon departement, mettons).
J'adore ce pays: les gens sont trop gentils, c'est presqu'inconcevable a quel point ils font tout pour nous mettre a l'aise ou nous aider. Quand j'exprime ma gratitude, ils repondent : ah mais pour nous, un visiteur est comme un dieu, c'est a la fois un devoir et un honneur de bien vous traiter! Bien sur, il y a l'occasionnel chauffeur de taxi ou commercant malhonnete qui va me demander cinq ou dix fois le prix, mais bon, c'est l'exception a mon avis. Ils semblent profondement honnetes et ce malgre qu'ils n'ont pas une vie facile. On peut aisement l'occulter car en surface ca ne parait pas tant que ca, mais le Nepal est un des pays les plus pauvres de la planete et se coltine son lot de miseres, dont le plus evident est le fleau politique.
Corruption, nepotisme, impunite des ministres, collusion, en veux-tu en v'la! Suffit d'ouvrir le journal pour avoir un debut de mal de tete, c'est un mauvais reve si ce n'est un franc cauchemar. Pour couronner le tout, ca ne fait pas longtemps que ce n'est plus une royaute et il semble que malgre des annees de discussions, les gens n'aient pas abouti a etablir une constitution claire et viable. Apres s'etre vus pendant des siecles comme des sujets feodaux, les Nepalais commencent tout juste a se percevoir comme des citoyens et a protester pour defendre leurs droits. Il y a enormement d'exclusion: les hommes dominent les femmes, les castes superieures dominent les Dalit (intouchables), la race caucasienne domine la race mongoloide, les hindous dominent les autres religions et les habitants des montagnes ceux des plaines! Quoiqu' abolies sur papier en 1963, les castes demeurent vivantes sur le terrain. Le taux d'analphabetisation est eleve.Certains jeunes pourtant doues n'ont pas les moyens de poursuivre leur education et doivent travailler.
L'an dernier il y eut 350 suicides repertories, chiffre sans doute partiel puisque bien des familles camouflent le tout en accident a cause de la stigmatisation sociale. Triste! Un des gars que j'ai rencontre au bar portait un tatouage: Club 27. Je lui ai demande ce que ca signifiait, il m'a repondu: a 27 ans, je me tire une balle dans la tete...-Pardon? C'est une joke? -Non , non, j'ai 25 ans et dans deux ans, je me tue. Saisie de stupeur, je suis partie pleurer dans les toilettes. Puis, parce qu'il voulait que j'arrete il m'a dit que c'etait une blague mais je ne crois pas. Il m'a dit aussi: si je te contais toute ma vie, tu aurais raison de verser des larmes.
Deux guides avec qui j'ai eu le temps de discuter plus en profondeur m'ont apres un certain temps confie que leur pere les a abandonnes pour aller fonder une famille ailleurs. Du jour au lendemain, plus aucun soutien financier, plus de nouvelles, ni explications ni excuses...et c'est a la femme et aux enfants plus vieux de se demerder pour survivre. Le tout dans un pays religieux au possible ou le divorce n'existe pas! Ha, ha ha! Excuez-moi mais mon rire est amer.
L'avortement, legalise en 2007, entraine helas 50 000 foeticides feminins par an. Comme en Inde, a cause du patriarcat, les gens preferent avoir un fils. Meme des gens eduques tombent dans le panneau: un couple d'universitaires par exemple a fait les manchettes: monsieur a force madame a quatre avortements avant qu'elle se decide a le quitter. D'autres ont moins de chance: femme brulee au kerosene par son mari pour avoir accouche d'une fille, femme enceinte battue jusqu'a ce qu'elle perde le bebe. De plus, certains docteurs font des echographies bidon: peu importe le sexe ils pretendent que c'est une femelle afin d'empocher le pognon....Plus bas que ca tu rampes sous terre! Seule l'education et un profond changement de mentalite pourra modifier ce sombre tableau. Sur ce sujet qui me touche particulierement, Amartya Sen a fait une recherche poussee d'ou il ressort qu'il manquerait en tout (en Chine et en Asie du sud-est), tenez-vous bien, 100 MILLIONS de femmes. Oui, oui, je sais la realite depasse la fiction! C'est le monde dans lequel on vit.
Avant d'aller me restaurer, je vous offre un extrait de Song,
poeme d'Allen Ginsberg:
The weight of the world
is love
Under the burden
of solitude,
Under the burden
of dissatisfaction
the weight,
the weight we carry
is love
but we carry the weight
wearily,
and so must rest
in the arms of love
at last,
must rest in the arms of love.
Hommage en passant a Ginsberg, dont le court recueil Howl m'est tombe entre les mains a Katmandu.
Il s'en est passe des choses -et pas toutes racontables- depuis ma derniere visite sur ce blog. D'ou le titre, d'ailleurs (emprunt a G) car, que voulez-vous, il faut bien que la chair exulte et puis les squelettes ont leurs raisons que la raison ignore... Je me suis donc devergondee un brin: j'ai fraternise avec la tribu, j'ai passe des nuits blanches, j'ai un peu bu, j'ai danse, j'ai chante, bref je me suis lachee, le point focal de tous ces evenements etant ce cher Old Blues Bar: qu'aurions-nous fait sans son "staff" amical et ses heures de fermeture aleatoires, je vous le demande?
Normalement, ca se termine a dix ou onze heures et basta! Tout devient sombre et silencieux a Pokhara. Mais nous etions dans notre bulle festive et j'en ai bien profite. Une nuit en particulier fut memorable: il y avait plus de monde que d'habitude, plus de filles aussi et une energie frenetique s'est empare de certains; ca flirtait a qui mieux mieux. Deux profs de danse ont entrepris a tour de role de m'apprendre des pas de plus en plus complexes et je me suis amusee comme une folle. Un des gars, tres malade, a vomi dans un seau, ca sentait l'adolescence. Nous sommes partis alors que le soleil se levait. J'ai dormi quatre heures puis j'ai religieusement fait ma seance de yoga, comme d'habitude, suivi d'un solide petit dejeuner avec une vraie baguette francaise croustillante et du fromage suisse, un rare delice!
Un jour je pars seule a velo visiter la vieille ville, cette partie non touristique ou l'architecture est remarquable: anciennes maison de briques ornees des fenetres de bois, parfois tres travaillees, petits commerces a la va comme je te pousse, femmes qui tricotent, gamins qui gambadent, vieillards qui causent, accroupis, devant les nombreux temples: il y regne une atmosphere doucement affairee qui emane d'une autre epoque. Je m'amuse a me perdre un peu; je viraille dans le coin de l'aeroport et je vois des gens tres pauvres, qui vivent de bric et de broc dans la salete, parmi leurs chevres et leurs poules. Je mets du temps a trouver le musee regional, cache dans un fond de cour et decevant finalement: mal entretenu et peu a voir. Le point culminant de ma ballade survient lorsque je me bute a la porte fermee d'un autre musee; j'entends de la musique a cote et je tombe en pleine repetition. Un groupe de jeunes hommes et jeunes femmes prepare en rigolant un spectacle de danse traditionnelle et j'assiste, ravie, a leurs evolutions gracieuses pendant plus d'une demi-heure, un moment memorable et joyeux. Je reviens contentee apres quatre heures de deambulation, une saine fatigue dans le corps.
J'attends, jour apres jour, que la pluie se calme pour envisager un trek, mais la mousson s'eternise, il pleut parfois deux ou trois jours en continu. Un apres-midi, je vais visiter le village tibetain voisin a scooter avec Florion et son ami Nepalais. Une petite famille nous prepare des momos tout frais, puis nous filons vers Pate et Sarangkot, jusqu'a la tombee de la nuit. Nous avons vu des rizieres, un coin tres tranquille, puis avons marche au bord du lac, vu des centaines de lucioles et partage une biere dans un resto lounge. Florion a l'ambition d'ouvrir un gite au Cambodge avec sa mere, projet qui fait rever! Ensuite, par hasard, nous avons assiste a un spectacle de danse et de musique traditionnelle dans un restaurant, assez enthousiaste pour etre divertissant. Un autre moment agreable fut la visite d'un temple sur une ile: nous partagions un bateau a plusieurs et trois femmes tres droles n'arretaient pas de blaguer et de rire; bien qu'elles ne parlaient pas anglais, nous avons bien connecte! Le sourire qui vient du coeur est vraiment universel...
Le 17 septembre, il y a plein de policiers qui debarquent, car a l'occasion du Teej, un ministre vient en visite. Le Teej est une fete hindoue ou les epouses jeunent et prient pour la sante et la longevite de leurs epoux, puis revetent leur plus beau sari et dansent, font des offrandes et passent de bons moments en famille. Le tout pour rappeler que Parvati, afin de conquerir Shiva, a longuement prie et jeune...quel devouement. A ma connaissance, il n'existe pas de fete ou les hommes leur rendent la pareille! Dans les rues, un peu partout il y avait des rassemblements spontanes d'hommes jouant du tambour et de femmes jeunes et moins jeunes virevoltant avec beaucoup de plaisir. Sous une tente, de l'animation, plusieurs activites, de la musique live et toujours plus de danse: la, j'ai vecu un moment de communion magique avec une fillette d'environ deux ans. Elle s'est accrochee a moi et ne voulait plus me lacher. Avec sa petite bouille friponne et ses grands yeux bruns, elle m'a fait craquer! Nous avons danse ensemble pendant vingt minutes au moins avant que je m'eclipse pour rendre la petite puce a sa maman.
Le 20 septembre, je quitte Pokhara. Au revoir, la bande de joyeux drilles! C'est correct, malgre un petit pincement, de passer a autre chose; je ne me sentirais pas bien si je marinais trop longtemps dans l'atmosphere enfumee d'un bar, si sympa soit-il. Deux heures apres le depart, il y a un probleme mecanique, nous devons attendre un autre autobus. Le paysage est magnifique, nous longeons une riviere, ce qui donne lieu a d'impressionnants panoramas. Nous mettons en tout pres de neuf heures a parcourir deux cents kilometres. J'arrive donc a Katmandu un peu froissee et me pose dans un hotel pas cher, un peu a l'ecart du centre de la ruche. La salle de bain est de-gueu-lasse mais je m'en accomode. Je deambule dans Thamel, LE ghetto touristique, constat: c'est moche, pas charmant du tout. Je me refugie au Funky Bouddha, un joli resto-bar niche dans un jardin, je profite du happy hour et grignote des momos (je vais devenir accro). Le serveur m'appelle "Didi", terme a la fois affectueux et respectueux qui signifie: soeur ainee...j'aime bien. Ce soir-la, je me sens un peu seulette, j'aurais envie de compagnie, ne serait-ce que lier conversation avec une autre voyageuse pour une heure, mais ca ne se presente pas. Tant pis!
Petite parenthese culinaire: les gens ici mangent du dahl bat deux fois par jour, soit du riz accompagne de lentilles savoureuses (ail, gingembre et coriandre). Ceux qui en ont les moyens raffolent de la viande, ils mangent du poulet, de la chevre, du sanglier et surtout du buffle. Toutes les parties de l'animal seront utilisees, incluant la cervelle, les poumons, le sang, la moelle epiniere, la rate, les os... alouette! Une des specialites est le steak cru avec la peau encore attachee (hum, pas mon departement, mettons).
J'adore ce pays: les gens sont trop gentils, c'est presqu'inconcevable a quel point ils font tout pour nous mettre a l'aise ou nous aider. Quand j'exprime ma gratitude, ils repondent : ah mais pour nous, un visiteur est comme un dieu, c'est a la fois un devoir et un honneur de bien vous traiter! Bien sur, il y a l'occasionnel chauffeur de taxi ou commercant malhonnete qui va me demander cinq ou dix fois le prix, mais bon, c'est l'exception a mon avis. Ils semblent profondement honnetes et ce malgre qu'ils n'ont pas une vie facile. On peut aisement l'occulter car en surface ca ne parait pas tant que ca, mais le Nepal est un des pays les plus pauvres de la planete et se coltine son lot de miseres, dont le plus evident est le fleau politique.
Corruption, nepotisme, impunite des ministres, collusion, en veux-tu en v'la! Suffit d'ouvrir le journal pour avoir un debut de mal de tete, c'est un mauvais reve si ce n'est un franc cauchemar. Pour couronner le tout, ca ne fait pas longtemps que ce n'est plus une royaute et il semble que malgre des annees de discussions, les gens n'aient pas abouti a etablir une constitution claire et viable. Apres s'etre vus pendant des siecles comme des sujets feodaux, les Nepalais commencent tout juste a se percevoir comme des citoyens et a protester pour defendre leurs droits. Il y a enormement d'exclusion: les hommes dominent les femmes, les castes superieures dominent les Dalit (intouchables), la race caucasienne domine la race mongoloide, les hindous dominent les autres religions et les habitants des montagnes ceux des plaines! Quoiqu' abolies sur papier en 1963, les castes demeurent vivantes sur le terrain. Le taux d'analphabetisation est eleve.Certains jeunes pourtant doues n'ont pas les moyens de poursuivre leur education et doivent travailler.
L'an dernier il y eut 350 suicides repertories, chiffre sans doute partiel puisque bien des familles camouflent le tout en accident a cause de la stigmatisation sociale. Triste! Un des gars que j'ai rencontre au bar portait un tatouage: Club 27. Je lui ai demande ce que ca signifiait, il m'a repondu: a 27 ans, je me tire une balle dans la tete...-Pardon? C'est une joke? -Non , non, j'ai 25 ans et dans deux ans, je me tue. Saisie de stupeur, je suis partie pleurer dans les toilettes. Puis, parce qu'il voulait que j'arrete il m'a dit que c'etait une blague mais je ne crois pas. Il m'a dit aussi: si je te contais toute ma vie, tu aurais raison de verser des larmes.
Deux guides avec qui j'ai eu le temps de discuter plus en profondeur m'ont apres un certain temps confie que leur pere les a abandonnes pour aller fonder une famille ailleurs. Du jour au lendemain, plus aucun soutien financier, plus de nouvelles, ni explications ni excuses...et c'est a la femme et aux enfants plus vieux de se demerder pour survivre. Le tout dans un pays religieux au possible ou le divorce n'existe pas! Ha, ha ha! Excuez-moi mais mon rire est amer.
L'avortement, legalise en 2007, entraine helas 50 000 foeticides feminins par an. Comme en Inde, a cause du patriarcat, les gens preferent avoir un fils. Meme des gens eduques tombent dans le panneau: un couple d'universitaires par exemple a fait les manchettes: monsieur a force madame a quatre avortements avant qu'elle se decide a le quitter. D'autres ont moins de chance: femme brulee au kerosene par son mari pour avoir accouche d'une fille, femme enceinte battue jusqu'a ce qu'elle perde le bebe. De plus, certains docteurs font des echographies bidon: peu importe le sexe ils pretendent que c'est une femelle afin d'empocher le pognon....Plus bas que ca tu rampes sous terre! Seule l'education et un profond changement de mentalite pourra modifier ce sombre tableau. Sur ce sujet qui me touche particulierement, Amartya Sen a fait une recherche poussee d'ou il ressort qu'il manquerait en tout (en Chine et en Asie du sud-est), tenez-vous bien, 100 MILLIONS de femmes. Oui, oui, je sais la realite depasse la fiction! C'est le monde dans lequel on vit.
Avant d'aller me restaurer, je vous offre un extrait de Song,
poeme d'Allen Ginsberg:
The weight of the world
is love
Under the burden
of solitude,
Under the burden
of dissatisfaction
the weight,
the weight we carry
is love
but we carry the weight
wearily,
and so must rest
in the arms of love
at last,
must rest in the arms of love.
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